Magistral vitrail, architecture singulière, compositions musicales liturgiques, statuaire… Première cathédrale du XXIe siècle, la nouvelle Notre Dame de Créteil, dont la première messe sera célébrée ce dimanche 12 juillet, se nourrit et donne à voir l’art de son temps dans la grande tradition des édifices religieux.
Expression la plus visible de nos artistes d’aujourd’hui : le bâtiment lui-même, signé d’Architecture studio dont l’équipe a notamment redessiné le nouvel auditorium de Radio France.
En imaginant une double coque en bois à la fois singulière et chaleureuse, mais pas démesurée, le cabinet d’architecture a voulu respecter l’esprit “église enfouie dans la cité” qui caractérisait l’ancienne cathédrale, achevée au même endroit par Charles Gustave Stoskopf en 1978. A deux pas des universités, la cathédrale est en effet posée au pied des grands ensembles, au coeur du quartier Montaigut. La symbolique : une double coque représentant les mains de Marie qui se rejoignent. Un message à la fois spécifiquement catholique et universel de fraternité.
Un nouveau campanile
Pour marquer fortement la présence de la cathédrale dans la ville, le nouveau campanile, détaché du bâtiment, porte sa croix à 45 mètres de haut. Il abrite les trois cloches de l’ancien campanile, désormais démonté mais qui coexistait encore avec le nouveau sur la photo ci-dessous, prise au mois d’avril, et sur laquelle le nouvel édifice n’est pas encore recouvert de sa propre coque en bois.
La nouvelle construction a été édifiée à partir de l’ancienne, en conservant des parties. “Un dialogue s’établit entre les deux écritures architecturales, différentes mais cohérentes dans leur géométrie. La silhouette de l’entrée originelle, à échelle humaine, se lie à la volumétrie monumentale du nouveau projet, concentrée sur la nef de la cathédrale. La forme de la coupole est basée sur le tracé en plan du bâtiment d’origine“, détaille l’agence d’architectes. Ci-dessous le nouveau campanile achevé à côté de la cathédrale et de son entrée édifiée sur les bâtiments existants.
A l’intérieur, sensation d’espace et de cocon se mêlent.
L’art du vitrail
Au-delà de l’architecture, le magistral vitrail de 55 mètres de long, oeuvre du plasticien verrier allemand Udo Zembok, renouvelle totalement la tradition, parcourant d’un seul tenant l’ensemble du bâtiment et reliant les deux coques. Le jour, il colore l’intérieur de la cathédrale grâce aux reflets du soleil. La nuit, c’est lui qui rayonne dans la ville grâce aux éclairages intérieurs.
La croix
Perdue dans l’immensité du bois, la croix en bois doré, signalée par une composition de plaques de laiton réalisées par les plasticiens scénographes Stéphane Durand et Véronique Folhen, assure une présence forte, n’étant parasitée par aucune autre sollicitation sur les parois de cette coque chaleureuse mais hyper sobre.
Statue de Marie
Sur la droite de l’autel, Françoise Bissara-Fréreau, a pour sa part sculpté la statue de Marie de l’Apocalypse. “Dans la Tradition, Marie de l’Apocalypse représente l’Eglise. J’ai donc voulu, à travers Marie, faire vivre une église ouverte, aimante“, insiste l’artiste. Un moule est dégagé à partir de la première étape de sculpture, réalisée en cire chaude. Le bronze est coulé dans le moule avant d’être travaillé pendant plusieurs semaines après refroidissement. La patine permet à l’artiste de donner le rendu final et de jouer sur les lumières, la pénombre et le bois de la coque de la cathédrale.
Statue du Christ
Sur le parvis extérieur, la statue du Christ miséricordieux accueillant le fils prodigue devant une foule très vivante dans sa gestuelle, a valu à son auteur, Benoît Mercier, le Grand prix Pèlerin du patrimoine dans la catégorie Création chantiers du cardinal. Sa statue en acier cortex inclut du bronze, du marbre, du verre.
Deux compositions musicales liturgiques
Pour accompagner le déploiement de la nouvelle cathédrale, les fidèles engagés du diocèse ont aussi fait appel à des musiciens pour contribuer à la musique liturgique actuelle. Ainsi ont été composées deux créations musicales.
Le premier, un Te Deum, a été composé par Richard Dubugnon (né en 1968) à partir de poèmes de Patrice de la Tour du Pin (1911-1975) sera interprété par 30 choristes, 2 solistes, 16 instrumentistes et l’orgue de la cathédrale, sous la direction de Débora Waldman. Il sera interprété lors de l’inauguration officielle de la cathédrale, à l’issue de la messe de la dédicace.
La seconde oeuvre est un oratorio dansé, Jonas ou l’ouverture aux nations, composée par Olivier Kaspar, par ailleurs ancien directeur du conservatoire de Saint-Maur-des-Fossés, sur une idée des pères Antoine Evette et Etienne Almeras, notamment car son argument invite au vivre ensemble et à l’ouverture à la différence, avec un livret de Marion Navone et une chorégraphie de Eva Motreff. Trois représentations en seront données, le samedi 7 novembre à 20h30 à l’église Saint-Hilaire de la Varenne, le dimanche 8 novembre à 15 h à l’église du Saint Esprit à Choisy-le-Roi et le samedi 14 novembre à 20 h à la Cathédrale Notre-Dame de Créteil. Les représentations seront ponctuées de musiques instrumentales de différents continents et interprétées par les musiciens et élèves du conservatoire de Créteil , sous la direction d’Olivier Mérot, directeur, notamment, du conservatoire de Créteil.
Réfection de l’orgue offert par la fondation Valentin Haüy
En cours d’assemblage, l’orgue a été inauguré pour la première fois en 1967. Réalisé par le facteur d’orgue alsacien Curt Schwenkedel à partir des plans de deux organistes aveugles, Jean Langlais et Gaston Litaize, il appartenait à la fondation Valentin Haüy, dédiée aux aveugles et malvoyants, et a permis de former de nombreux organistes. La Fondation en a fait don à la cathédrale. Cette oeuvre nécessitant une réfection, une collecte est en cours, organisée par la Fondation du patrimoine (voir la fiche détaillée du projet).
Rappel du contexte
Initié en 2009 par l’évêque de Créteil, Monseigneur Santier, le redéploiement de la cathédrale de Créteil verra son aboutissement ce dimanche 12 juillet avec la première messe. Plus de 1000 fidèles pourront désormais y être accueillis, contre 600 auparavant, grâce a l’installation de tribunes amovibles. Outre une partie cultuelle, le site accueillera une partie culturelle, animée par l’association Chemin des Arts, qui réunit les fidèles du diocèse et a été la cheville ouvrière du projet. Le chantier a été porté par les Chantiers du Cardinal, œuvre interdiocésaine soutenant les gros projets immobiliers des diocèses de la région parisienne.
D’un montant total de 9 millions d’euros, les travaux de déploiement de la nouvelle cathédrale ont été en grande partie financés par l’association Chemin des Arts, qui a récolté des dons. Le reste a été apporté via différents mécénats, notamment l’entreprise du BTP Léon Grosse et le cabinet Architecture-Studio, qui a dessiné les plans de l’édifice. La ville de Créteil et le Conseil départemental du Val-de-Marne ont aussi participé au niveau de l’espace socio-culturel de la cathédrale.D’autres associations religieuses de Créteil ont concouru, notamment les associations musulmanes qui fréquentent la mosquée Sahaba de la ville.
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