Société | | 11/02/2015
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Le collège Politzer bloqué relance le débat autour du bidonville Truillot

Le collège Politzer bloqué relance le débat autour du bidonville Truillot

Ivry Collège PolitzerA quelques jours des vacances scolaires de février, le collège Politzer n’a toujours pas rouvert ses portes à Ivry-sur-Seine. Les parents d’élèves réunis en AG mardi soir ont reconduit le blocage de l’établissement pour protester contre les émanations de fumées issues du bidonville Truillot.  

Ce mercredi toutefois,  ce-sont les enseignants qui ont pris le relais aux portes du collège, en proposant en contrepartie des devoirs à la maison aux élèves. Explications.

L’affaire a commencé mardi 3 février dernier. Suite à d’importantes fumées qui s’échappaient du bidonville Truillot voisin, l’Education nationale a ordonné l’évacuation sanitaire de l’établissement le temps de faire des analyses de l’air qui se sont révélées normales. Ce-sont ensuite les professeurs qui ont pris le relais en exerçant leur droit de retrait puis les parents en bloquant l’accès au collège pour protester, à partir du 5 février.

Ce mardi, le maire d’Ivry, Jean-Philippe Bouyssou, a demandé officiellement la reprise des cours dans un communiqué.  “L’Education Nationale nous ayant confirmé que les conditions sanitaires et de sécurité permettaient le fonctionnement de l’établissement, rien ne justifie donc la poursuite du blocus du collège. Aussi, j’appelle à ce que les enfants puissent dès demain reprendre les cours“, enjoignait l’élu.

Un message qui ne passe pas auprès des parents qui s’étaient réunis en AG hier soir. “Nous ne sommes pas d’accord. Des professeurs ont vu l’inspecteur santé et sécurité du rectorat qui leur a dit que, pour l’instant, il n’était pas capable d’interpréter les résultats qu’il avait. Nous souhaitons que des mesures soient effectuées en permanence et qu’elles analysent précisément les taux de particules fines, en quantité importante dans la combustion du bois. Il n’est plus possible de laisser cette situation perdurer. Les parents sont excédés et se sont saisis de l’évacuation ordonnée par l’Education nationale mardi dernier, qui constitue une mesure exceptionnelle”, motive un parent d’élève du collège.

A l’origine des émanations, deux types de combustion en provenance du bidonville de la rue Truillot. “Ces fumées ont deux causes, l’une domestique : le chauffage des maisons ; la seconde, économique, en lien avec la récupération de métaux. En ce qui concerne le chauffage des baraques,  nous allons interroger différents partenaires publics, en particulier l’ONF (Office National des Forêts) pour qu’il fournisse du bois de chauffage. Pour le problème du traitement des métaux, un travail d’information a été entrepris auprès des populations habitant le bidonville pour que la séparation des matériaux soit faite d’une autre manière que par le feu. Notons toutefois que les familles du terrain sont les premières touchées par ces fumées“, indique dans un communiqué le Collectif de soutien aux Roumains d’lvry, tout en précisant partager l’émotion et les inquiétudes des élèves, de leurs parents et des enseignants.

Le bidonville Truillot en question

Alors que le bidonville Truillot existe depuis désormais quatre ans et accueille entre 300 et 400 personnes sur des terrains de l’AP-HP, la question de son évacuation est régulièrement évoquée.  En mars 2014, une décision de justice avait rendue exécutoire l’expulsion, le président de l’AP-HP, Martin Hirsch avait temporisé après avoir visite le campement, pour permettre le relogement d’un certain nombre de familles.  Suite à un audit social  dans le cadre d’un travail conjoint entre ville, préfecture et Conseil général du Val de Marne, avec  le concours de l’association ALJ 93 (association Logement Jeunes 93), une trentaine de familles ont été identifiées et devaient être relogées. Onze d’entre elles ont pu s’installer dans l’ancienne gendarmerie de la rue de la gare en décembre 2014. D’autres familles devraient s’installer dans des chalets (qui avaient été utilisés dans le cadre du village de Roms d’Orly) de l’autre côté de l’hôpital Charles Foix et sous l’égide d’Emmaüs mais les travaux ont pris du retard en raison de problèmes techniques et ne pourront pas aboutir avant juillet. Dans son communiqué, le maire a enjoint l’Etat à accélérer le processus :  “Aujourd’hui, seul l’Etat n’a pas été au bout des engagements de relogement et 10 familles restent en attente d’une solution“, indique-t-il.

Ivry sur seine-Roms2

Au-delà des familles en attente de relogement, il reste aussi le reste de la population du bidonville. Sur ce point, Philippe Bouyssou exige “que leurs droits soient respectés conformément à la circulaire d’aout 2012“.

A quand une conférence régionale sur les bidonvilles Roms

A Ivry, les élus et associations appellent également depuis longue date à l’organisation d’une conférence régionale sur la question. “En 2014, 13 483 personnes ont été expulsées de 138 lieux de vie (source Ligue des droits de l’homme). Cette politique est coûteuse et ne règle rien“, plaide pour sa part le Collectif de soutien aux Roumains d’lvry.

Voir ci-dessous le reportage de France TV sur les fumées du bidonville et le collège Politzer.

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