Pendant que les automobilistes qui s’étaient risqués au volant klaxonnaient ou se résignaient dans les bouchons de la banlieue, l’ambiance était plutôt bon enfant ce jeudi, sur la place de la Nation investie de 5000 à 6000 agriculteurs venus de toute la France pour réclamer des mesures d’urgence.
Ce n’est pas tous les jours que les tracteurs passent le périph’. Ajoutez à cela quelques vaches à l’air bonasse et voilà une attraction festive. De quoi donner envie de se remettre au vert à quelques jours de la rentrée. “La manifestation se passe très bien jusqu’à maintenant, il y a le soleil, et même quelques vaches, alors forcément, le climat est détendu !” sourit une retraitée, habitante de la place de la Nation, pour qui “il est très important de défendre les paysans” . Selon la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), 1733 tracteurs avaient rejoint la capitale ce jeudi, après avoir emprunté le boulevard périphérique.
“On n’en peut plus !” : Jocelyn, 53 ans et éleveur de porc en Bretagne, fait partie des premiers arrivés avec son tracteur, en début de matinée. “On monte parce qu’on veut que le gouvernement prenne des décisions”, lance-t-il. “Certains d’entre nous ont déjà annoncé qu’ils ne partiraient pas sans avoir eu gain de cause” , prévient son homologue de la Haute-Loire, parti mercredi avec sa machine agricole. Petit à petit , les agriculteurs arrivent, de toutes les régions de France, garent leur tracteur et se rassemblent aux abords de la Nation. “Il y a quand même quelques arbres à Paris !” plaisante l’un d’eux. “Et surtout, les Parisiens sont plutôt sympas !”
Les “paysans” , comme ils aiment s’appeler eux-mêmes, redoutaient un peu l’accueil des habitants de la capitale. “Il faut dire que nous sommes nombreux et provoquons pas mal de bazar sur les routes” , reconnaît Thierry, 34 ans, affilié aux Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Allier. “Mais les gens nous comprennent et nous soutiennent. Ils viennent vers nous, on discute ” se réjouit-il. “Les consommateurs comprennent bien que tout ce qui nous impacte finira par atteindre également leurs assiettes” , analyse Emmanuel Hainault, parti mercredi matin de Bretagne.
Moins de normes, de contrôles et de charges
“On est déterminé, on ne partira pas tant qu’on aura pas eu ce qu’on demande, à savoir un allègement des charges et, surtout, une diminution des contrôles qui nous rendent furieux” , rajoute Emmanuel Hainault. “Par exemple, en ce qui concerne le stockage du lisier, la nouvelle loi nous impose de pouvoir en stocker pour 6 mois au lieu de 3 ou 4 mois avant, indique Odile Bedouin, éleveuse de vaches laitières et de taurillons dans la Manche. Résultat : j’ai dû creuser une nouvelle fosse. Cela m’a coûté 40 000 euros… Alors que franchement, je ne vois pas où était l’urgence.”
“Certains d’entre nous se retrouvent avec 100 000 à 200 000 euros de perte, ils sont obligés d’emprunter sur 15 ans pour pouvoir continuer d’exploiter. On ne lâchera rien” , reprend Mickaël Randouin, président des JA de l’Allier. “On veut aussi trouver les moyens de donner envie aux jeunes de s’installer, que des successions viables soit facilitées via un allégement administratif” , ajoute-t-il. Au-delà des normes, des contrôles et de la paperasse, les manifestants s’en prennent aussi à la grande distribution. “Il faut que l’on soit soutenu. Les industriels et la distribution nous volent la valeur ajoutée de nos produits depuis des décennies, tonne Dominique Fayel, venu d’Aveyron. Il faut faire quelque chose sur les prix!”
Après un été rythmé par les contestations, les agriculteurs avaient obtenu un plan d’aide de 600 millions d’euros de la part du gouvernement. En milieu d’après-midi, suite à la mobilisation parisienne du jour, Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé de nouvelles aides qui permettront aux exploitants d’investir 3 milliards d’euros sur 3 ans. Le programme comprend notamment une baisse des charges et une année blanche en 2015 concernant le remboursement des dettes bancaires des agriculteurs en situation difficile. “On a été entendu” a lancé Xavier Belin, patron de la FNSEA, devant les agriculteurs réunis place de la Nation. Un sentiment non partagé par les manifestants qui l’ont hué, considérant les mesures insuffisantes.
En images
(photos ci-dessous de Pierre-André Pelaz)
Mais que va t’il rester aux Français ?
– l’industrie délocalise à tour de bras
– le monde agricole (culture et élevage) se meurt petit à petit
Plutôt que de soigner exclusivement leur Comm, les gouvernements successifs devraient s’interroger et avoir honte
Il est vrai que Pôle Emploi n’existe pas pour leurs membres (prétendus “élite”)
Ils se recasent entre coquins …
Ce ne sont pas ces paysans qui m’interpellent car ceux-là ont les moyens de se déplacer à Paris en tracteur, tandis que le petit paysan qui trime… et qui ne touchera qu”une infime partie du déblocage. Quand on sait que président de la FNSEA est au MEDEF ça fait réfléchir .
J’ai du respect pour le paysan qui vient à “la Capitale” pour vendre ses fruits & légumes solidairement
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