Encore rares en France, les implantations de filiales chinoises dans le département se développent doucement mais sûrement, encouragées par l’agence du Val de Marne qui a recruté depuis 2009 une chargé de mission dédiée.
Les récentes prises chinoises du Club Med, de la moitié de l’aéroport de Toulouse Blagnac, des grands crus bordelais ou encore une partie du capital de Peugeot PSA ont mis en lumière la croissance nouvelle des investissements chinois en France. Avec environ 4 milliards d’euros d’investissement dans l’hexagone contre 16 milliards d’investissements français en Chine, les échanges restent néanmoins largement asymétriques. De même, un peu plus de 200 filiales chinoises sont implantées en France contre 9 000 entreprises françaises dans l’empire du milieu.
Les choses évoluent néanmoins et la France fait des efforts en ce sens. Depuis l’année dernière, il est désormais possible d’obtenir un passeport de courte durée en 48 heures et d’éviter le double assujettissement aux cotisations sociales.
En matière d’implantation chinoise, le Val de Marne tient son rang, qui a implanté ces dernières années plusieurs entreprises via l’agence du Val de Marne, 3 en 2013 et 3 en 2014. Le département compte ainsi à ce jour une douzaine d’implantations de filiales chinoises. Une centaine de prospects sont même dans les tuyaux.
«La France est en position assez centrale par rapport à l’Espace Schengen et est moins chère que l’Allemagne. Beaucoup de sociétés chinoises sont en outre déjà implantées en Allemagne. Le Val de Marne présente l’intérêt d’être situé aux portes de Paris, d’avoir un bon rapport qualité prix en termes d’accès, environnement, loyer, sécurité… », explique Linlin Lu, chargée de mission Chine au sein de l’agence du développement du Val de Marne. Surtout, l’agence dispose d’une personne à plein temps dédiée à l’accueil et la prospection des entreprises chinoises, une vraie différenciation pour appréhender de manière fine les attentes des entrepreneurs chinois et les accompagner en France. «Nous les aidons à chercher un local, du personnel, facilitons les démarches administratives… Ils se sentent en confiance», reprend Linlin Lu. Depuis 2009, plusieurs missions de prospection ont été menées en Chine avec des chambres de commerce locales, en partenariat avec le CCPIT (China Council for the Promotion of International Trade) et l’AFII (Agence française pour les investissements internationaux). Objectif : identifier sur place les entreprises susceptibles de venir s’installer en France et en particulier dans le département, et les accompagner jusqu’à l’implantation.
Un travail de longue haleine, prolongé d’une coopération avec les représentations françaises des institutions économiques chinoises. Afin d’ancrer les relations d’affaires avec les représentants du business chinois en France, des manifestations plus informelles sont régulièrement organisées, comme des journées de Golf avec les chefs d’entreprises chinoises et partenaires institutionnels, des repas d’affaires, tables-rondes professionnelles. «Nous avons ciblé quelques pays pour les travailler en profondeur et en Asie, nous avons choisi la Chine. L’accompagnement des entreprises chinoises avec une personne dédiée est déterminant», explique Elizabeth Rodrigues, directrice de l’agence.
Qui sont ces entreprises chinoises qui s’implantent ?
Une des plus anciennes implantations est celle, en 1983, du groupe média Guang Hua Media, le plus grand groupe de presse écrite d’Europe en langue chinoise, qui édite Nouvelles d’Europe, quotidien, hebdomadaire et site Internet d’information (oushinet.com). Installé à Vitry-sur-Seine, il emploie plus d’une quarantaine de personnes. L’association culturelle de lecteurs (Les amis de Nouvelles d’Europe) qui lui est adossée est elle-même située à Gentilly. Le Val de Marne accueille un autre média chinois, le groupe de télévision Phoenix TV et ses cinq chaines en mandarin, qui a ouvert un bureau de correspondants et une filiale à Ivry-sur-Seine et y emploie une dizaine de personnes. Le plus gros employeur chinois du département est le groupe public Huatian qui a racheté le complexe Chinagora d’Alfortville en 2011 pour en faire un hôtel de luxe et un restaurant qui font travailler quelques 80 personnes. Le laboratoire Mindray Medical, gros fabricant de dispositifs médicaux en Chine et troisième fournisseur mondial du monitorage patient, qui compte plus de 6 000 collaborateurs dans le monde, emploie pour sa part 45 personnes, installé à Créteil Europarc depuis 2008, date à laquelle le groupe chinois a racheté la société Datascope France patient monitoring division.
En 2014, 3 entreprises chinoises ont été implantées par l’agence dans le département, à l’instar de Hailong SAS (Dragonsea shipping), une société de logistique et de déménagement chinoise fondée en 2001 qui possède trois bureaux et entrepôts à Guangzhou (Chine), Manchester et Preston, et dispose d’un réseau mondial qui couvre plus de 100 pays et 300 villes en Chine. La société s’est installée à Créteil au mois de mai pour démarrer les activités de Hailong en France alors que l’hexagone compte, selon les données officielles, 35 000 étudiants chinois. YTO, leader dans la fabrication de machinerie agricole et de machinerie de chantier en Chine, qui a racheté l’usine haut-marnaise de tracteurs McCormick à Saint-Dizier en 2011, a également choisi Champigny-sur-Marne pour installer son bureau commercial européen, et y emploie une dizaine de personnes. En 2013 également, trois entreprises chinoises avaient été implantées comme Edressit, spécialiste du design et de la mode (robes de soirées, cocktail…) et Milanoo, vendeur en ligne d’articles de mode inspirés de grande marque à prix réduits qui propose des articles sur mesure, commandés en France et fabriqués en Chine.
Médias, parquets, mode, informatique, cosmétique… les secteurs d’activité des implantations chinoises dans le département sont variés. L’objectif d’implantation est généralement commercial et/ou logistique (show-rooms, bureau de représentation, entrepôts…). Certes, ces implantations ne vont pas réindustrialiser le pays, y implantant plutôt des bureaux commerciaux que des usines. «Mais ces implantations créent de la valeur ajoutée en France, génèrent des emplois et les entreprises paient leurs taxes en France également», relève Elizabeth Rodrigues.
La réciproque existe aussi et le capital de formation contribue à l’attractivité. Filiale française de The Parastores group, un laboratoire de cosmétique dermatologique basé à Shanghai et qui possède quelques 150 magasins en Chine, Inderma fabrique en France et en Suisse et a choisi d’implanter à Ivry-sur-Seine un site de recherche et développement.
La liaison Orly-Pékin très attendue
Pour le Val de Marne, un atout supplémentaire dans la conquête chinoise serait la concrétisation de la liaison aérienne Pékin-Orly. Tous les vols en provenance de la Chine atterrissent en effet à Roissy actuellement. Promise par la compagnie Aigle Azur, en juin 2013, puis reportée à avril 2015, la liaison Pékin-Orly n’est pour l’instant plus d’actualité, la compagnie n’ayant pas obtenu l’autorisation de survol de la Russie. «Nous espérons que cette liaison verra le jour, cela constituerait une formidable opportunité pour le département», espère Elizabeth Rodrigues.
D’autres pays d’Asie sont en ligne de mire. L’agence a organisé une mission exploratoire au Vietnam et envisage également une veille active sur Singapour et Taiwan.
Très bon article de fond. Merci. On attend aussi que le département élargisse les possibilités d’apprentissage du Mandarin qui reste pour l’heure une langue par suffisament enseignée sur le 94.
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