C’est l’une des plus belles illustrations de la semaine de la solidarité internationale qui s’ouvre ce samedi 14 novembre. Hier, deux jeunes Touaregs, Ghaicha Atchoua et Ahmoudou Ousmane, qui ont tous deux bénéficié de l’école nomade de Galelo, au coeur du Sahara nigérien, grâce au soutien d’une association de Saint-Mandé, Il était une fois dans l’Oued, ont débarqué à Roissy, invités par le Conseil départemental du Val-de-Marne, pour 10 jours d’échanges.
Leur périple avait commencé depuis déjà une semaine, par un long voyage en bus d’un millier de kilomètres, de Agadez à Niamey, suivi d’un temps de formalités administratives pour pouvoir rentrer dans l’espace Schengen.
Dans ces montagnes de l’Aïr au nord d’Agadez, l’Oued de Galelo compte environ 800 habitants. Un territoire très pauvre qui a souffert de la guerre civile au début des années 1990 et des exactions d’Aqmi aujourd’hui, et ne dispose pas d’un système scolaire adapté aux populations qui sont restées nomades. C’est ainsi qu’est né le projet d’école nomade de Galelo à la fin des années 1990. Le principe : une école éclatée dans la vallée, composée à la fois d’une classe fixe pour l’administration et de classes en nattes mobiles afin de suivre les familles en fonction des besoins de l’élevage transhumant. “Les instituteurs sont touaregs et les programmes sont exactement ceux de l’enseignement national nigérien”, explique l’association Il était une fois dans l’Oued, qui porte le projet.
Aujourd’hui, quelques 80 enfants du campement de Galelo fréquentent cette école nomade primaire qui compte 6 niveaux du cours d’initiation au CM2, encadrés par 3 instituteurs et 3 personnes de service. A la fin de cette primaire nomade, ceux qui le souhaitent passent l’examen d’entrée dans le système scolaire national et, s’ils réussissent, entrent au collège-lycée Tagama d’Agadez. Ils sont alors accueillis dans des foyers de collégiens avec le soutien de l’association et ses partenaires, l’Ecole des sables et Niger Vivant.
Les besoins sont nombreux, à commencer par l’accès à l’eau propre, mais grâce aux divers partenariats, l’école tient bon. “Étant donné la situation économique catastrophique du pays, les associations françaises récoltent fonds et fournitures nécessaires, assurent le salaire des instituteurs (sur la base du salaire moyen d’un instituteur au Niger) et participent financièrement à l’entretien des classes, des pharmacies, des bibliothèques“, indique Il était fois dans l’Oued. L’objectif est désormais de faire aboutir ce projet pour tout le massif de l’Aïr et de faire reconnaître ces “écoles pilotes” par le ministère de l’éducation nigérien.
Ghaicha Atchoua et Ahmoudou Ousmane sont des ambassadeurs de cette réussite. Aujourd’hui âgée de 21 ans, Ghaicha Atchoua est l’une des premières élèves de l’école nomade touareg de Galelo. Elle a continué sa scolarité à Agadez jusqu’en première et a ensuite suivi une formation de santé spécialisé aux dispensaires de brousse. Jeune berger de Galelo, Ahmoudou Ousmane, 23 ans, a cette année été le premier bachelier de l’école nomade Touareg de Galelo. Il poursuit désormais un projet d’étude en droit et journalisme et cherche un parrain ou une bourse d’étude (à bon entendeur…).
Alors que depuis quatre ans, il n’est plus possible de se rendre sur place (Zone Rouge) en raison des opérations d’AQMI, ce-sont eux qui seront en France pour dix jours de témoignages. De Saint-Mandé à Grenoble en passant par Villejuif ou Ivry-sur-Seine, ils participeront à des projections-débat des films documentaires Menilmontant-Agadez d’une école à l’autre et des Touaregs à Paris réalisés par le cinéaste et président de l’association, Luc Federmeyer.
Premier rendez-vous aujourd’hui à Saint Mandé, où ils seront reçus par le maire, Patrick Baudouin, qui envisage un jumelage avec Galelo en lien avec le service jeunesse. Suivra une intervention au collège Offenbach de Saint Mandé avec une classe de 5eme, avant la participation à la soirée d’ouverture d’un Notre monde, organisée par le Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale, au parc des Cormailles d’Ivry-sur-Seine. Dans le Val-de-Marne, les deux jeunes Touaregs s’arrêteront aussi à Ivry ce samedi après-midi (à 13 heures sous le chapiteau Un Notre monde), à nouveau à Saint-Mandé jeudi 19 novembre au soir, à l’occasion d’une soirée de soutien en faveur de leur projet, à la salle des fêtes de la mairie, et encore à Villejuif vendredi 20 novembre au soir, avant de repartir pour Niamey samedi 21 novembre pour un retour à Agadez le 24 novembre.
Pour en savoir plus sur ce projet, voir le site Internet de l’association Il était une fois dans l’Oued.
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