Education | | 03/06/2015
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Les 47 élèves d’Arborescences menacés d’expulsion imminente à Nogent

Les 47 élèves d’Arborescences menacés d’expulsion imminente à Nogent

Ecole Arborescences Nogent(Mise à jour du 5 juin  : la ville déboutée au tribunal). Encouragée par la ville de Nogent-sur-Marne lors de son arrivée fin 2009, l’école primaire privée pour enfants précoces Arborescences fait aujourd’hui l’objet d’un recours en référé pour quitter les lieux afin de faire place à l’extension provisoire d’une des écoles de la ville. La situation est tendue.

Imaginée par deux mères, l’école Arborescences a vu le jour en novembre 2009 dans des locaux préfabriqués du stade Sous-la-Lune Alain Mimoun, à l’époque avec 5 élèves. Son objectif : faciliter la réinsertion dans un cursus scolaire classique d’élèves qui vivent mal leur précocité. Pointant le fait que 17 % des suicides d’adolescents concernent des enfants dits surdoués (QI supérieur à 130) alors qu’ils ne représentent que 2,3 % de la population, les fondatrices souhaitaient leur redonner confiance grâce une pédagogie différenciée inspirée des méthodes Montessori, Steiner, Freinet… Au programme : des ateliers sur tous les thèmes, scientifiques, littéraires, manuels…, des sorties, l’apprentissage de la calligraphie chinoise, des projets menés par les élèves…

Ecole Arborescences 2 Nogent

Progressivement, la classe s’est agrandie puis s’est dédoublée. Après cinq années d’existence, le concept a même fait des émules. Deux écoles Arborescences ouvriront à la rentrée à Nantes et à Montigny-le-Bretonneux. La directrice de l’école, Isabelle Combes, indique travailler aussi à la modélisation de son concept pédagogique au-delà des seuls enfants précoces. L’école étant privée hors contrat, les frais de scolarité s’élèvent à  600 euros par mois et par enfant mais les élèves peuvent bénéficier de bourses allant de 25 à 50% du coût grâce à une recherche de sponsors par l’école.

Alors que l’établissement compte désormais 47 élèves de 5 à 12 ans dans sa première implantation, son avenir s’annonce donc rayonnant, à ceci près qu’il pourrait se retrouver sans locaux d’ici quelques jours, en raison d’un conflit qui l’oppose à la ville de Nogent-sur-Marne.

Arrivée en 2009, l’école a bénéficié d’une première année de mise à disposition gracieuse des locaux avant de s’acquitter d’un loyer. Une première convention d’occupation a été signée. La ville a ensuite proposé une nouvelle convention sur laquelle aucun accord n’a été trouvé. Pour l’école, la convention initiale tient lieu de bail. Pour le maire UMP de Nogent, Jacques JP Martin,  l’école “occupe les locaux sans droits ni titres”.  Entre temps, le contexte a changé concernant le besoin d’utilisation par la ville des locaux préfabriqués du stade.

Pour rappel, ces locaux ont été construits à la fin des années 1990 pour accueillir provisoirement les élèves de l’école Marie Curie (construite en 1969 sur l’ancienne usine de radium de la prix Nobel de chimie!) et dont l’Etat avait décidé de la fermeture grâce aux actions réitérées des parents inquiets de voir leurs enfants instruits dans un lieu radioactif, en attendant la reconstruction d’une nouvelle école, Léonard de Vinci. Ces préfabriqués ne devaient pas rester implantés dans le stade, d’autant que le terrain de sport, issu d’un legs de la famille Smith Champion, prévoit l’utilisation du site pour des activités de sport. Dans la réalité, la déconstruction des bâtiments pour créer un stade synthétique (projet évoqué en 2008) s’est avérée complexe et coûteuse (400 000 euros rien que pour démonter les bâtiments). Les préfabriqués sont donc restés en place, accueillant le centre de loisirs puis des activités associatives, le service des sorts, et l’école Arborescences à partir de la fin 2009. Depuis, en raison de la croissance du nombre d’élèves, il a été prévu d’agrandir la maternelle Victor Hugo, située au pied du pavillon Baltard,  et de transférer les élèves dans les préfabriqués du stade en attendant la fin des travaux. Mais les travaux n’ont pas encore été menés car ils sont en partie corrélés à l’avancée du projet immobilier Eiffage au niveau du RER A (Cité d’affaires Nogent Baltard), qui comprend des logements dans la descente Baltard. Or, déjà transférée au stade depuis plusieurs rentrées, l’école Victor Hugo ne peut plus attendre pour s’agrandir. D’où “la nécessité impérative pour la ville de récupérer ces locaux pour la création de deux nouvelles classes à la rentrée 2015/2016″, indique le maire. “Mais il y a déjà 47 élèves dans ces locaux, pourquoi mettre à la porte des élèves pour en accueillir d’autres?“, interroge Isabelle Combes. Le maire, lui, rappelle que l’école privée Arborescences n’accueille que 8 enfants nogentais sur 45 élèves. “Certes, mais parmi ces Nogentais, nous avons accueilli des élèves qui étaient dans une détresse totale et mobilisaient l’attention de leur enseignant en permanence dans l’école publique où ils étaient, au détriment des autres enfants“, note la directrice, rappelant que toutes les écoles privées de la ville accueillent aussi de nombreux élèves non nogentais.

Isabelle Combes
“Je ne comprends pas comment nous en sommes arrivés là. Jusqu’à la rentrée, le maire nous a toujours assuré de son soutien et promis de trouver une solution. Nous sommes prêts à nous mettre autour de la table pour trouver de la place pour tout le monde. Nous avons par exemple proposé de nous installer dans les locaux actuels de l’école Victor Hugo avant que les travaux ne commencent, le temps pour nous de nous retourner et de chercher des locaux permanents, voire d’en acheter. La ville nous a proposé les locaux occupés par les associations de scoutisme, également sur le stade, mais il aurait fallu envisager plus de 700 000 euros de travaux pour s’y installer, sans garantie de pouvoir y rester“, regrette Isabelle Combes.

Jacques JP Martin
“Il est de toutes façons nécessaire que les locaux soient fermés du fait de l’absence d’entretien et de sérieuses dégradations qui entraînent des problèmes de sécurité et sanitaires. Des rapports des services démontrent le non respect des règles d’hygiène“, attaque de son côté le maire de la ville.

Depuis le printemps, les relations entre la municipalité et l’école se sont franchement tendues. Les serrures de plusieurs portes facilitant l’accès au bureau de la direction ou la sortie des élèves ont été changées et leurs portes barrées. Une mesure destinée à préparer des travaux d’aménagement et qui n’empêche pas l’accès aux classes mais est vécue par l’équipe et les parents d’élèves comme un “coup de pression”.

C’est dans ce contexte que la mairie de Nogent-sur-Marne a lancé une procédure en référé auprès du Tribunal administratif de Melun pour réclamer le départ de l’école dans les meilleurs délais, afin de pouvoir disposer des locaux à temps pour préparer les deux nouvelles classes de l’école provisoire Victor Hugo. L’audience s’est tenue ce mardi et la décision devrait être notifiée d’ici la fin de la semaine.

 

 

 

 

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