Dans le quartier du Bois-l’Abbé de Champigny-sur-Marne, les commerçants résistent par l’animation, ne manquant aucune occasion festive. De 50 magasins dans les années 1970, il n’en reste plus que 25 aujourd’hui, on se serre donc les coudes. Et l’Association des commerçants, qui compte une quinzaine d’adhérents, met les bouchées doubles.
“Notre rôle est de promouvoir le centre commercial“, motive Uzma Farooq, présidente de l’association depuis 2006, “la vie associative est l’un des points forts du quartier” se réjouit-elle. Selon Mathilde, enfant de la cité et toute dernière fleuriste aux Jardins de Céline, les associations sont plus nombreuses aujourd’hui qu’il y a une vingtaine d’années. Le problème reste le temps, comme l’explique le pharmacien biologiste M. Laribi, qui croule de rendez-vous dans son laboratoire. “On aime le quartier, mais avec ma famille et mon emploi du temps personnel, je manque de temps pour l’association.” A l’occasion de réunions qui se tiennent “dès qu’elles ont le temps d’être organisées”, les professionnels se retrouvent néanmoins pour organiser des événements festifs. “Nous organisons par exemple une tombola à partir du vendredi 20 novembre avec un tirage pour la fête de Noël le mercredi 16 décembre. Un grand sapin pourra être décoré par les enfants avec les guirlandes qu’ils auront fabriquées au centre de loisirs. Nous organisons aussi une brocante trois fois par an“, détaille Uzma Farooq.
Ayant grandi au Bois l’Abbé, Uzma Farooq a connu la grande restructuration de la zone commerciale. “Avant, on pouvait trouver un peu tous les magasins, sport, parfumerie, bijouterie, grand hypermarché. Maintenant, c’est moins varié. L’alimentaire, les soins et le mobilier sont assez dominants mais nous manquons de choix pour les vêtements“,note la jeune femme qui fait ensuite état de son propre magasin, Eurêka Bazar. “Avant, il y avait à la place une grande librairie mais avec ses 200 m², la surface était trop grande pour être rentable, j’ai donc cédé la moitié du local au déstockage alimentaire et j’ai repris une petite partie lecture avec quelques livres et journaux.” A côté, Mathilde, la fleuriste. s’inquiète de voir son activité cesser définitivement après son départ à la retraite. Pour acheter des fleurs au Bois l’Abbé, le dépôt de fleurs chez la grande surface Dia deviendrait le dernier endroit possible. Coiffure homme à 8 euros, meubles payables en plusieurs fois, deux pour le prix d’un… “les commerces proposent de bonnes affaires et montrent un véritable potentiel” revendique Uzma Farooq, “même si depuis l’euro, les gens n’ont plus les mêmes moyens.”
Mercredi et samedi, les jours de marché au Bois l’Abbé dans l’avenue de la nouvelle école Anatole France dynamisent la zone commerciale, ce qui n’est pas pour déplaire aux commerçants, même si cela pose des problèmes de stationnement. “Les jours de marché, mercredi et samedi, on entend les klaxons toute la journée, c’est mariage tout le temps !” plaisante Uzma, “le partage de terrain au Bois l’Abbé pose problème parce que le parking appartient au bailleur Paris Habitat, la police municipale ne peut pas venir verbaliser.” Mussador, le vendeur de vêtements, se souvient, “un camion venu alimenter la Caisse d’Epargne est resté coincé plusieurs heures avant de devoir repartir, la banque n’a pas eu d’espèces pendant une semaine!” Azzi, maraîcher, regrette également la situation, “quand les gens ne trouvent pas de place, ils tournent, puis font demi-tour pour aller à Carrefour” .
Au-delà des animations, propreté et sécurité
Au-delà des animations commerciales, les enjeux prioritaires pour les commerçants sont d’abord la sécurité. “Le quartier n’est pas facile, je comprends, mais rien ne se passe et rien ne change. Pour obtenir la lumière dans nos allées, il a fallu attendre six mois pendant l’hiver et le début de campagne des municipales, j’aimerais qu’il y ait des élections tous les jours !” ironise Mudassor, commerçant dans le prêt-à-porter à New Euro Style. L’association a proposé de mettre en place des caméras de surveillance au motif que “la sécurité permettra de travailler tranquillement, pour les commerçants et les clients” assure Uzma. De son côté, Mathilde, située en face d’Eurêka Bazar, dit n’avoir jamais été inquiétée par l’insécurité, “je n’ai jamais eu de problème, les jeunes me connaissent depuis toujours, il ne faut pas en avoir peur, il faut leur parler, ils ne nous embêtent pas” .
Turquie, Algérie ou encore Pakistan, le centre commercial du Bois l’Abbé est cosmopolite. La langue française est même parfois difficile pour communiquer un prix, une taille, un échange, “La langue peut être une barrière mais je m’y suis habitué. Une dame me réclamait un pantalon pour son fils mais elle confondait “grand” et “petit”, se souvient Mussador, lui-même d’origine pakistanaise, dans un Français impeccable. “Enfin, on arrive toujours à s’entendre“, relativise-t-il.
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