Un plan B’OM, pour baisse des ordures ménagères, telle est la solution proposée le collectif 3R et les associations Zero Waste France et Arivem pour éviter la reconstruction d’une usine d’incinération à Ivry-sur-Seine (IP13) en remplacement de l’actuelle.
Rappel du contexte. Pour mettre à niveau le centre de tri et d’incinération vieillissant d’Ivry, mis en service en 1969 et qui couvre 38% des capacités de traitement du Syctom (syndicat intercommunal de gestion des déchets de 84 villes de la région), un double projet de nouvelle usine d’incinération doit voir le jour d’ici 2023, complété (tranche optionnelle non encore confirmée) d’une usine de tri-méthanisation (TMB). Le marché a d’ores et déjà été attribué à un groupement autour de Suez Environnement via sa filiale Sita. Ce projet, évalué entre 1,5 et 2 milliards d’euros, ne fait toutefois pas l’unanimité. Collectif et associations environnementales sont défavorables au principe de tri-méthanisation car cette technique, intéressante en raison de ses capacités de recyclage en compost et en énergie (biogaz), génère un compost pas toujours suffisamment propre pour être compatible avec un usage agricole, et que l’exploitation même des usines de méthanisation peut générer des nuisances, voire des fragilités (incendies). Ces derniers plaident en outre pour une réduction drastique des ordures ménagères grâce à un meilleur tri.
Le plan B’OM
Afin de démontrer que cette réduction drastique était possible, ces associations ont élaboré un plan B’OM en 12 actions, dans lequel ils commencent par faire un diagnostic de la situation existante, afin d’évaluer les marges de progression possible. Ils pointent notamment que 42% du contenu des poubelles d’ordures ménagères tout venant des habitants du Sctom, soit 142 kg par an et par habitant pourraient être triés et recyclés, simplement en appliquant les dispositifs déjà existants, et que 30% du contenu des poubelles jaunes (emballages) font l’objet d’un refus au niveau du centre de tri car mal ils ont été mal triés au départ. Une belle marge de progression donc au niveau des particuliers comme des entreprises.
Le plan B’OM espère passer de près de 2 millions de tonnes d’ordures ménagères résiduelles en 2014 à 1,25 millions de tonnes en 2023, grâce à un meilleur recyclage du verre, du papier et des emballages, une séparation des bio-déchets, une réduction du gaspillage alimentaire, de l’usage des emballages à usage unique et encore du remplacement de produits jetables par des textiles sanitaires (couches lavables, mouchoirs en tissu…)… en s’appuyant notamment sur la loi de Transition Energétique (LTE) entrée en vigueur en août 2015 . Concrètement, le plan B’OM se décompose en 12 actions : zéro déchet au bureau, stop pub, dispositif spécifique pour la collecte du carton, accompagnement des “gros producteurs” de bio-déchets, division par deux du gaspillage alimentaire, compostage de proximité, collecte séparée des bio-déchets pour la moitié des habitants, meilleure diffusion des consignes de tri, poubelles de tri sur l’espace public, création d’une SCIC pour le développement du réemploi et de la réparation, présentation des alternatives aux textiles sanitaires jetables, points de collecte du textile pour 3000 habitants. Le plan B’OM évalue le coût de sa mise en oeuvre à 200 millions.
Une pétition en ligne
Hier, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées pour s’engager dans ce plan, à l’occasion de sa présentation par le collectif d’associations. “La concertation publique officielle autour du projet de nouvelle usine d’incinération a déjà eu lieu. Nous souhaitons désormais organiser une mobilisation citoyenne autour de ce projet alternatif”, explique Edouard Marchal de ZeroWaste France. Un portail Internet a également été mis en ligne qui détaille le plan et permet aux personnes de signer en ligne.
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