Dans quelles conditions les enseignants peuvent-ils accéder à leur salle de classe en dehors des heures de cours? A Chennevières-sur-Marne, un courrier du maire-adjoint à l’attention des directeurs d’établissement, demandant à ce que toute occupation des locaux en dehors des heures d’école soit soumise à l’approbation du maire a suscité la colère des enseignants, dans un contexte déjà tendu par la réforme des rythmes scolaires.
Une manifestation appelée par SNUDI-FO, SNUipp-FSU, SE-UNSA, Sud Education et CGT Educ’action est prévue ce mardi 10 novembre à 17h30 devant la mairie pour protester. Explications.
“Conformément à la réglementation, en dehors des heures de formation continue des élèves, les locaux scolaires sont sous la responsabilité du maire“, commence le courrier envoyé par le maire-adjoint aux affaires scolaires, Jean Rapti, aux directeurs d’école. Et de poursuivre un peu plus loin qu’il est “impératif de solliciter le maire, via une demande au service scolaire, pour l’autorisation d’occuper les locaux scolaires en dehors de la formation continue des élèves”, précisant qu'”en l’absence d’autorisation, les personnes ne seront pas autorisées à occuper les locaux et les personnes présentes invitées à en sortir.” Voir le courrier complet.
“Un enseignant ne pourrait plus rester dans sa classe pour corriger ses cahiers”
“Cet élu politique décrète ainsi qu’un enseignant ne pourrait plus rester dans sa classe pour corriger ses cahiers ou pour préparer son affichage pédagogique ou encore pour recevoir des parents sans autorisation préalable du maire ! A défaut de cette autorisation, les responsables périscolaires municipaux, que le maire qualifie de “chefs d’établissement”, sont chargés de faire sortir de l’école et de leur propre classe les enseignants qui y resteraient en dehors de leurs heures de cours, s’indignent les syndicats enseignants SNUDI-FO, SNUipp-FSU, SE-UNSA, Sud Education et CGT Educ’action dans un communiqué commun. A Chennevières, comme dans de nombreuses villes de notre département, la mise en place à marche forcée des rythmes scolaires depuis la rentrée de septembre 2014, a des conséquences désastreuses : la division des personnels et la remise en cause des statuts de tous générant conflits entre les uns et les autres, confusion entre temps scolaire et moments de loisirs, entre enseignants et animateurs, entre la classe comme lieu d’enseignement et la salle de centre de loisirs, multiplication des ingérences des élus politiques dans l’école de la république, tentatives de fixer des règles locales dérogatoires au code de l’éducation, remise en cause de l’égalité des droits des enfants devant l’instruction“, reprennent les syndicats.
“Les enseignants n’ont pas à utiliser les locaux pour leur convenance personnelle”
Au cabinet du maire, on invoque le code de l’éducation (Article L212-15), expliquant que la mairie ne fait qu’appliquer les textes. Pour justifier ces mesures drastiques, des abus sont également invoqués. “Il y a des enseignants qui accueillent leurs propres enfants dont certains ont commis des dégradations comme des bris de vitre. C’est inacceptable. Il y a également des cours de country entre enseignants et encore des barbecues dans la cour. Les enseignants n’ont pas à utiliser les locaux pour leur convenance personnelle et les Canavérois n’ont pas payer la rénovation des écoles pour que les enseignants fassent de la danse“, ajoute-t-on. De son côté, Jean Rapti, le maire-adjoint aux affaires scolaires, se veut plus conciliant. “Bien-sûr que nous ne volons pas interdire l’accès des enseignants à leur salle de classe. Ils en ont besoin pour préparer leur classe et corriger leurs copies. Il s’agit simplement d’un recadrage car les écoles restaient ouvertes jusqu’à 20 heures et cela mettait en difficulté les gardiens. Nous avons eu une réunion à ce sujet mi-octobre avec l’inspectrice de circonscription et les directeurs de l’école, et tout le monde était d’accord là-dessus“, plaide l’adjoint.
Les enseignants ont prévu de manifester à 17h30 devant la mairie qui a d’ores et déjà fait savoir qu’elle recevrait une délégation.
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