Les réunions d’appartement, où l’on confronte son programme en croquant des cacahuètes sur un coin de canapé, c’est un classique des campagnes électorales, à panacher avec porte-à-porte, tractage et meetings. Pour dépoussiérer l’exercice, Julien Dray, tête de liste du PS-MRC-PRG-UDE en Val-de-Marne, a décidé de connecter ces échanges aux réseaux sociaux. Après une première à Cachan la semaine dernière, la deuxième se tenait ce mercredi 28 octobre à Champigny-sur-Marne.
“C’est une première mondiale, cela n’a jamais été fait“, motive la tête de liste 94. L’ancien député essonnien est rompu aux réunions d’appartement classiques, qui se souvient en avoir empilé quelques 130 avant les législatives de 1993, attrapant au passage 20 kg “à force de manger des olives“. La première réunion 2.0, baptisée “DirectDray”, s’est tenue à Cachan jeudi 22 octobre dernier, dans un salon avec cheminée en coin et étagères débordant de livres. Face à Julien Dray, 15 à 20 sympathisants de gauche, membres du PS ou au contraire déçus de François Hollande, ont passé en revue leurs interrogations pendant qu’une équipe technique s’affairait pour retransmettre en direct sur Facebook. “Nous sommes dans un moment où la gauche doit s’expliquer et ce type de réunion s’y prête parfaitement. La parole est libre. Les questions ne sont pas formatées à l’avance”, défend l’actuel 5e vice-président de la région, en charge de la culture.
A lire aussi : détail de la liste PS-PRG-UDE-MRC Val-de-Marne au 1er tour des régionales Ile-de-France
Le PS lance sa campagne dans le Val-de-Marne
Et aussi : Régionales 2015 mode d’emploi
“S’expliquer, s’expliquer, s’expliquer”
“Les meetings électoraux réunissent essentiellement les militants, le tractage marche plus ou moins, et lors des porte-à-porte, on reste sur le perron. Les réunions d’appartement permettent vraiment de s’expliquer mais pour que ce soit efficace, il faudrait en faire des milliers. La technologie moderne permet de faire de la politique autrement, de manière horizontale”, a justement développé Julien Dray lors de sa première réunion cachanaise. Interrogé sur le détachement des citoyens de la politique et l’abstentionnisme, l’élu a martelé “s’expliquer, s’expliquer, s’expliquer”. “Nous ne nous sommes pas assez expliqués sur la situation du pays au départ. Cela a créé une formidable incompréhension qui a créé cette déception. Il faut expliquer, dire quand on se trompe.”
Au programme de cette première réunion : 2 heures d’échange informel partagé en direct et visionné plus de 600 fois, avec commentaires en live, laudatifs comme caustiques. Une manière d’ouvrir grand la porte tout en préservant le caractère intimiste de l’échange. Après quelques minutes de calage pour que le candidat n’ait pas la tête à l’envers, tout fonctionne et le son est au rendez-vous. A Champigny, la seconde réunion a pour sa part déjà été visionnée 1200 fois.
“Pourquoi le Val-de-Marne ?”
Même dans ce cadre douillet entre gens de gauche, le candidat n’en doit pas moins s’expliquer sur tous les sujets. A Cachan, la première question va droit au but. “Dans un contexte de désaveu des politiques par les citoyens, pourquoi porter les couleurs de la gauche dans le Val-de-Marne aujourd’hui par rapport au parcours que vous avez-eu précédemment?“, démarre le emmebre d’une association de riverains. “On attaque direct dans le vif du sujet“, sourit l’intéressé. “D’abord parce que j’ai fait longtemps l’Essonne et que je voulais voir du paysage. Claude Bartolone m’a demandé de l’aider. Je ne me voyais pas le laisser tout seul. A partir de là il y a eu discussion avec le sénateur-maire d’Alfortville (Luc Carvounas). La greffe s’est faite, j’espère qu’elle va prendre. Cela m’intéresse aussi de me remettre en question, de ne pas rester dans mes habitudes. J’essaie d’apporter mon savoir, mon bagage, au service de mes camarades”, développe le candidat. Même question d’un habitant, lors de la seconde réunion à Champigny-sur-Marne.
Vote des étrangers, logement, culture, éducation
Après quelques questions-réponses en ping-pong, l’échange devient franchement spontané. Et les déçus n’hésitent pas à charger. “Je fais partie des déçues“, prévient une habitante. Pourquoi n’avoir pas été jusqu’au bout concernant le droit de vote des étrangers ? “Il aurait fallu aller au référendum“, répond Julien Dray. Mais étai-ce le bon moment? “C’est vrai qu’il aurait fallu le faire. Maintenant, le fond de ma pensée, c’est que je n’ai jamais cru que le droit de vote était la panacée de la politique d’integration”, réagit la tête de liste départementale. “Alors enlevez le du programem, sinon c’est juste électoral et c’est insupportable”, lui répond l’habitante. “Nous nous sommes mobilisés pour le mariage pour tous et c’était important, mais nous aurions dû aussi avoir le courage de porter le vote des étrangers”, réagit pour sa part Dominique Barjou, seconde de liste et directrice de cabinet du député-maire de Cachan, évoquant ces parents qui sont là depuis parfois 50 ans et voient leurs enfants voter sans avoir la possibilité de le faire.
Comment rétablir l’équité du logement dans les villes de droite ? La région ne donnera plus de subventions aux villes qui ne respectent pas la loi en termes de logement social, prévient Julien Dray. Un participant parle Europe, une cadre du parti revient sur la formation professionnelle et la difficulté de trouver un stage lorsque l’on n’a pas de réseau. Sur Facebook, une question interroge sur la jeunesse, une autre sur la culture. On parle prison, des phénomènes de radicalisation, citant le cas d’un jeune Cachanais devenu cadre de l’Etat islamique. Le rapport avec la région ? “Ce n’est pas la région qui construit les prisons. Mais il y a des portes d’entrée par la région“, pointe l’élu, citant les moyens dégagés pour développer le tissus associatif, développer les actions de formation en prison… On parle culture aussi, ciné-club dans les lycées. “Quels moyens pour développer la culture. Faîtes-moi rêver”, réclame une jeune professionnelle. “On a augmenté de 18% le budget de la culture”, lui répond la tête de liste. “Sur les questions culturelles et éducatives, la gauche a du travail. J’ai hurlé lorsque j’ai vu la baisse du budget du ministère de la culture au début du quinquennat“, ajoute ensuite l’ancien député essonnien.
Mixité sociale, sécurité, sport, entrepreneuriat…
A Champigny-sur-Marne ce mercredi 28 octobre, l’auditoire est moins bobo mais les grandes préoccupations se recoupent. Etaient invités des habitants du Bois l’Abbé de Champigny-sur-Marne et Chennevières-sur-Marne, sympathisants de gauche pour certains mais pas tous. Au total, 23 personnes non socialistes étaient au rendez-vous, de profils variés (ingénieur, chômeur, travailleur handicapé…). Cette fois, c’est par une question sur la politique sportive que le débat démarre. L’occasion pour le conseiller régional sortant de recadrer les compétences ou pas de la région en la matière (infrastructures mais pas politique sportive générale). L’occasion aussi de dénoncer une politique nationale insuffisante en la matière. “Je considère que le ministère des Sports dans ce pays, n’est pas à la hauteur de ce qu’il devrait être” regrette la tête de liste, plaidant pour un budget plus important compte-tenu de l’importance de l’activité physique pour la santé et le bien-être des populations. Au programme des questions également, le logement social, la mixité sociale, la sécurité, l’accompagnement des personnes en hospitalisation à domicile, l’entrepreneuriat, le petit commerce, l’accès des citoyens à la décision politique… Dans cette ville communiste qui dénonce la réduction des dotations aux collectivités, la confrontation se fait aussi un peu plus dure. “Vous soutenez la politique du pouvoir mais la mairie nous annonce qu’il n’y aura pas assez et qu’il va falloir regrouper des projets“, s’inquiète un responsable associatif qui s’occupe des personnes âgées. Certaines formulations dérangent Julien Dray. Comme cette habitante qui conclut par un “Je vote pour vous. Qu’est-ce que j’en retire?” après un développement sur le commerce et la mixité sociale. “Je n’aime pas la formulation. Je ne suis pas un distributeur. Ce n’est pas ma conception de la politique“, semonce la tête de liste.
Quelle responsabilité dans la montée du FN ?
Pas de répit non plus pour l’élu concernant les questions qui taraudent les citoyens de gauche comme la montée du FN. Une habitante réclame des comptes. Moi je suis arrivée en France avec mes parents. J’ai appris à aimer ce pays et à l’aimer. Aujourd’hui, je ne le reconnais plus. Comment avez-vous fait pour que le FN soit aujourd’hui en position de remporter deux régions ? demande-t-elle ? Un sujet qui agace un peu l’élu. “Il faut se méfier des manipulations sondagières“, commence-t-il. L’habitante ne se laisse pas démonter. “Vous ne vous rendez-pas compte de la Lepénisation des esprits, sur tous les sujets, comme les Roms par exemple? Vous ne voyez pas ?”
La population en attente de débats
Les échanges sont sans filet et cela plaît. “A Cachan, les personnes ne voulaient plus s’arrêter de débattre”, se réjouit Dominique Barjou. Idem à Champigny. “Les habitants ont demandé s”il était possible de recommencer! Les habitants ont repris la parole et n’ont pas eu peu de bousculer le candidat. Cet accès direct est très attendu“, conclut Caroline Adomo, maire-adjointe de Champigny-sur-Marne à l’initiative de la seconde réunion.
A lire aussi : détail de la liste PS-PRG-UDE-MRC Val-de-Marne au 1er tour des régionales Ile-de-France
Le PS lance sa campagne dans le Val-de-Marne
Et aussi : Régionales 2015 mode d’emploi
#directdray
Posté par Julien Dray sur jeudi 22 octobre 2015
#directdray
Posté par Julien Dray sur jeudi 22 octobre 2015
#directdray
Posté par Julien Dray sur mercredi 28 octobre 2015
“Faites-moi rêver!” réponse de Dray : « On a augmenté de 18% le budget de la culture ». Non mais, je rêve ! Encore un politicien qui croit que sa mission est d’abord de dépenser plus. Alors qu’il lui faudrait d’abord expliquer ce qu’a permis de réaliser cet argent public en plus. Quelle partie est perdue dans les étages bureaucratiques du mille-feuille, quelle autre est bien arrivée sur le terrain ? Sans oublier la cohorte d’élus régionaux qui part se pavaner tous les ans au Festival de Cannes, l’exemple même d’utilisation abusive de l’argent public, anecdotique mais révélateur.
Ni les invités cités dans l’article, ni le candidat, n’y parlent des transports. Le candidat PS en IdF, en 2010, promettait 18 milliards d’investissement dans les transports en commun, une amélioration rapide, à quand le bilan ? Où est l’amélioration ?
“C’est une première mondiale, cela n’a jamais été fait” : il parle de la diffusion sur facebook je pense, parce qu’un homme politique de gauche qui se fait poser des questions préparées ou faussement embarrassantes, sans contradiction, et par des gens qui partagent les mêmes idées, ça n’est pas très nouveau. Le grand journal, on n’est pas couché ou encore la matinale d’europe 1 en vidéo existent depuis longtemps.
Sinon, je me fiche bien de savoir pourquoi il vient de l’Essonne, je lui aurait plutôt demander dans quel ville du 94 il habite. Par ce que ce qui me dérange, ce n’est pas qu’un politique soit parachuté (chacun peut déménager où il veut), mais c’est qu’il n’habite pas la circonscription pour la gestion de laquelle il cherche à être élu.
Bien entendu, que tout le monde peut être amené à se présenter dans un autre lieu que celui précédemment utilisé.
Mais, ce que je souhaitais avant tout souligné. C’est pourquoi n’a t-il pas été re investi en 91 ?
Et donc nous pouvons dans le cas présent parlé d’un pur et véritable parachutage dans le Val-de-Marne, pour Julien Dray, car devenu pestiféré auprès des militants PS du 91 !
Comme vous le mentionnez, un 94 où il n’a aucun attaché, ni adresse.
Jamais vu, jamais entendu. Et aujourd’hui, il vient juste chercher un siège et la paie avec !
Que les électeurs ne soient pas dupes ! Et tout cela avec le consentement expess de Mr Carvounas ! Toujours et encore lui…
Lé gros probleme etant que julien Dray est une erreur de casting, et ne dispose d’aucun bilan solide de ses mandats passés.
D’ailleurs, pourquoi donc l’Essonne n’en voulait plus, et qu’il se retrouve “caser” dans le 94 aujourdhui ?
Concernant le ps et la gauche, se sont de graves erreurs depuis toujours. Á chacun de faire une rétrospective. Constat est là.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.