Promesse de nouvelles gares et trajets plus rapides, le métro Grand Paris Express va d’abord être un immense chantier durant plusieurs années, susceptible d’être fatal à certains commerçants directement impactés.
Entre les tranchées et palissades devant les vitrines, les places de stationnement qui sautent et les rues bloquées, ces travaux de longue durée entraîneront inéluctablement des dommages collatéraux. A l’issue des travaux, le nouveau contexte urbain impactera aussi les boutiques, entre l’enjeu formidable d’un trafic décuplé grâce à la proximité d’une nouvelle gare, la concurrence nouvelle d’acteurs mieux armés… Pour aider les entreprises à passer ce cap, une convention doit être signée prochainement entre la CCI Ile-de-France et la SGP (Société du Grand Paris) et c’est à la CCI du Val-de-Marne que reviendra le rôle de pilote du projet avec une équipe dédiée. Le département est en effet le premier concerné par les travaux du Grand Paris Express, 10 des 16 stations de la ligne 15 Sud étant situées dans le Val-de-Marne.
Un accompagnement totalement indépendant de la Commission d’indemnisation
Cet accompagnement ne consiste pas en une indemnisation et ne doit pas être confondu avec la Commission d’indemnisation, laquelle doit être mise en place pour dédommager les commerçants qui auraient perdu en chiffre d’affaires en raison des travaux. Cette commission d’indemnisation, qui n’est pas encore installée, sera présidée par un magistrat et délimitera le périmètre précis au sein duquel les entreprises peuvent prétendre au préjudice.
L’accompagnement proposé dans le cadre de la convention entre SGP et CCI, est davantage de nature entrepreneuriale, cofinancé avec différents partenaires (Conseil départemental, SGP…). Il s’appuie sur les outils existants de la CCI (formations, expertise, études, financement, développement commercial, assistance juridique…) mobilisés dans le contexte du chantier Grand Paris Express.
Développer le e-business ?
«L’une de nos premières missions consistera à informer les entreprises sur la manière dont les travaux du Grand Paris Express risquent d’impacter leur activité, les clignotants à avoir en tête même s’il n’y a pas de conséquence immédiate sur le chiffre d’affaires, et les adaptations à envisager, voire les nouveaux modèles économique à imaginer, en développant par exemple le e-commerce et des relais de livraison chez des commerçants partenaires pendant que la palissade du chantier sera devant le magasin», explique Géraldine Frobert, directrice de CCI Val-de-Marne et directrice du projet. Parfois, il pourra aussi s’agir d’être lucide et d’aider un commerce vivotant à arrêter avant qu’il ne soit trop tard.
Négociation avec les créanciers mode d’emploi
Concernant les sociétés déjà impactées par les travaux, comme cela est le cas à Champigny-sur-Marne ou à Cachan, l’accompagnement peut consister en de l’intermédiation auprès des créanciers. «Nous aidons l’entreprise à identifier le bon interlocuteur au sein du RSI, de l’Urssaf, des bailleurs… et l’accompagnons dans ses démarches, sans pour autant faire ‘à la place de’. Nous sommes dans la médiation et notre intention est de tisser des liens plus étroit avec les créanciers pour les impliquer davantage et les alerter sur la nécessité d’examiner la requête avec un regard bienveillant», indique Géraldine Frobert. De même, l’accompagnement n’a pas non plus vocation à intervenir dans la négociation en cas d’expropriation, mais d’aider les entreprises qui le souhaitent à retrouver un emplacement, en partenariat avec les villes et l’agence de développement du Val-de-Marne.
Un observatoire de l’impact territorial
Au-delà du cas par cas, l’enjeu de la convention est aussi de constituer un observatoire économique du territoire pour évaluer l’impact des travaux à chaque étape, à partir de la base de données existante des entreprises et des territoires, Territem. Une connaissance de l’impact du chantier dont m’expérience nourrira l’accompagnement lié aux futures opérations et qui permettra aussi de proposer des réponses territoriales, en aidant les municipalités à promouvoir les animations commerciales, intervenir via ses périmètres de préemption pour la sauvegarde du commerce de proximité, veiller à la circulation…
Concrètement, la CCI sera présente au sein des comités de suivi de chantier pour être identifiée comme interlocuteur. «Nous avons déjà été à des réunions de commerçants et des personnes sont venues nous voir spontanément. Nous sommes également en lien avec les associations de commerçants.»
Pour le reste, il ne reste plus qu’à installer la Commission d’indemnisation.
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