C’est dans une petite salle de classe de la rue Jules Cuillerier à Alfortville qu’Emmanuel Baron donne ses cours de conversation en Français aux adultes étrangers, pour la ligue de l’enseignement du Val-de-Marne (LDE94).
Au programme : 18 heures de cours gratuits de Français par semaine, financés par la municipalité, le département et le programme d’aide à la cohésion sociale. “L’objectif est de permettre de mieux s’intégrer dans la société française et de donner un bagage linguistique plus évolué, pour que les parents puissent par exemple suivre les devoirs de leurs enfants, aller chez le médecin ou encore compléter un formulaire“, explique Emmanuel Baron.
Pour cette promotion 2015-2016, pas moins de 200 fiches d’inscription ont été remplies pour environ 90 candidatures retenues. Cet après-midi, ce-sont surtout des femmes qui sont au rendez-vous, elles témoignent de leur parcours.
Arrivée depuis un an et demi en France, Erika est chercheur en psychologie et éthologie, l’étude des comportements animaliers, à l’école nationale vétérinaire d’Alfortville. De langue slovaque et originaire de Rimavska Sobota, une petite ville proche de la frontière hongroise, Erika a suivi son compagnon, également chercheur. Le Français n’est pas la première langue qu’elle a dû apprendre. “J’ai beaucoup voyagé pour mes recherches, les Etats-Unis, le Mexique, l’Afrique du Sud… Je parle aussi d’autres langues comme l’Anglais, le Tchèque, le Hongrois… Le Français est ma sixième langue“, confie la polyglotte.
En concubinage avec sa belle-sœur, Isabella a choisi la France par attirance. A 37 ans, cette mère de deux petites filles âgées de 3 et 7 ans, a grandi à Suwalki en Pologne, près de la frontière russe. Elle vit à Alfortville depuis huit ans et exerce aujourd’hui comme personnel de ménage à la RATP. Elle entame sa deuxième année de cours de Français. “C‘est mieux pour les enfants qui vont l’école et c’est mieux pour moi”, motive-t-elle.
Angela est plutôt habituée aux allers-retours entre le Minas Gerais, état du Brésil, et la France, où elle a habité de 2010 à 2013 avant de revenir l’année dernière. Elle cherche activement un emploi dans le domaine de l’environnement. “Au Brésil, les gens suivent beaucoup de formations mais à l’entretien, on leur demande toujours de l’expérience. Toutes les portes sont fermées. Et puis, la situation économique de mon pays est bizarre… Alors je suis venue ici pour trouver des opportunités. Je voudrais pouvoir travailler dans les réseaux hydriques. Pour cela, j’ai besoin d’une équivalence de diplôme. En attendant, je fais le ménage dans une maison“, explique la jeune femme de 32 ans.
Diplômée à polytechnique, Ani vient d’Arménie, plus précisément de Gumri, où elle a passé son enfance. A Alfortville depuis trois ans, elle reste marquée par son arrivée. “J’ai trouvé beaucoup d’amis… J’entendais parler Arménien, je me demandais si c’était du Français“, se souvient-elle, amusée, découvrant qu’Alfortville abrite une importante communauté arménienne. Mariée à un franco-arménien, Ani a commencé à réunir ses papiers pour acquérir la nationalité française. La langue, elle l’apprend pour mener “une vie normale” et trouver un travail. Aujourd’hui caissière en supermarché, elle était présentatrice télé dans son pays.
Marie est haïtienne et vit en France depuis 17 ans avec son mari et ses 3 enfants. C’est la meilleure de la classe. Ce qui motive la démarche de cette mère de famille de 42 ans, c’est son futur projet professionnel. “Je voudrais pouvoir ouvrir un magasin de prêt-à-porter, et quand on est commerçant, on rencontre les gens, alors il faut pouvoir conseiller les petites dames et connaître les expressions“, motive-t-elle. Son autre rêve le plus cher : obtenir la nationalité française.
Contrainte de fuir la guerre au Liban en 2006, Madeleine, Franco-libanaise, est arrivée en France par bateau. Elle y vit maintenant depuis neuf ans. Mariée avec deux enfants, Madeleine s’est mise sérieusement au Français par la force des choses. “A la maison, on parlait Arabe.” Aujourd’hui, elle est fière de pouvoir dire que sa fille travaille dans le tourisme.
A 60 ans, Aouda est la doyenne du cours de Français de la ligue de l’enseignement. Algérienne, elle était restée au pays, dans la ville touristique de Tipâza, jusqu’à la mort de sa mère, emportée par une crise cardiaque. C’est sa sœur adoptive, vivant en France, qui l’a encouragée à la rejoindre en 2013. “Je suis les cours pour pouvoir me débrouiller, aller au marché, à la pharmacie, chez le médecin…”
Franco-taïwanaise, Yuhui est pour sa part venue apprendre à enseigner. Adoptée par son oncle et sa tante, elle a rejoint la France très jeune et a appris la langue à Cergy-Pontoise (Val d’Oise) dans une classe spéciale pour les étrangers au collège Justice. C’était il y a 22 ans. Depuis, elle ne retourne à Taïwan que pour les grandes vacances. “J’aspire à donner des cours de Français donc je suis venue voir comment ça se passe“, indique-t-elle. Pour l’heure, Yuhui est interprète pour les entreprises, et crée actuellement son entreprise d’import-export.
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