Agathe Machavoine est designer, et même la plus jeune prof agrégée de design de France. Camila Masetti est spécialiste en marketing et communication. Début 2015, âgées respectivement de 23 et 28 ans, elles ont créé leur agence de com, Wolfox. Une startup qui n’hésite pas à casser les codes et tester des propositions un peu révolutionnaires pour attirer une clientèle qui d’ordinaire ne frapperait jamais à la porte d’une agence.
Avant de se lancer dans la communication, Camila Masetti a d’abord fait des études d’ingénieur, du conseil en stratégie, puis accompagné une startup dédiée à la publicité en ligne, dont elle s’est occupée du marketing et de la levée de fonds, aux Etats-Unis et au Brésil. C’est à cette époque qu’elle commence à travailler avec Agathe Machavoine, designer en free-lance. Passée par Estienne, Duperret et l’ENS Cachan, cette dernière prépare alors son agrégation. «Nous collaborions bien ensemble et nous avons proposé nos services en duo à des entreprises, avant de créer notre structure quand nous avons atteint le plafond de revenus», explique Camila Masetti. C’était en avril 2015. Depuis, Wolfox a bouclé son premier exercice à 120 000 euros de chiffre d’affaires et embauché deux CDD suivis d’un troisième, en plus des deux fondatrices. Installée à Cachan, l’agence a mis en place une démarche particulièrement collaborative.
«Nous avons développé un système de workshop. Nous invitons le client à venir passer une journée du temps avec nous pour évoluer vers ce qu’il veut. Cela permet de comprendre comment l’autre travaille et de valider les choix au fil de l’eau . Il y a énormément de choix dans la tête du designer qu’il faut pouvoir expliquer à l’entrepreneur. Ce dernier peut de son côté affiner ses attentes. Bien-sûr, il y a quand même un travail préparatoire en amont pour proposer des visuels. En général, une journée, voire même une demi-journée suffit pour définir un logo, une identité visuelle, ou encore du naming ou un plan de communication», expose Camila Masetti. Pour se développer commercialement, l’agence s’est appuyée sur ses premières références, puis le bouche à oreille, et aussi l’organisation de meet-up gratuits. «Nous organisons régulièrement des ateliers hébergés à l’Esd (Ecole supérieure du design) pour expliquer ce que l’on fait et transmettre.»
Diversification sur le clefs en main pour s’adapter aux petits budgets
Au-delà de sa clientèle classique, l’agence s’est lancée le défi de proposer un outil pour rendre la création d’identité visuelle et de logos professionnels accessibles à des entreprises qui se lancent à peine ou à des associations. L’idée des deux fondatrices : un générateur de logos en ligne. «Nous voulions répondre aux attentes des clients qui ont besoin d’un logo pour moins de 100 euros. Comme cela n’était pas possible à réaliser, nous avons préféré investir davantage en amont pour proposer un outil automatique, en travaillant sur la typographie. Nous avons analysé 30 000 polices libres de droit pour en retenir 600, et avons mis au point une solution très visuelle», explique Camila Masetti. Actuellement en bêta-test, LogoStudio invite à créer son logo en cinq étapes, d’abord en rentrant le nom de la marque et en choisissant parmi quatre familles de style (contemporain, classique, vintage ou fantaisie), regroupant chacune quatre autres sous-familles. L’application propose ensuite plusieurs paires de polices qu’il faut départager à chaque fois, afin d’affiner ses préférences, puis formule quatre propositions de nom typographié, que l’utilisateur peut customiser en quelques clics en jouant sur l’espacement des caractères, la casse, les couleurs. Une fois le logo terminé, il peut choisir de télécharger le fichier en haute définition moyennant 29 euros. D’ici quelques mois, l’entreprise proposera également un pack print comprenant la papeterie associée.
Cette proposition à prix plancher ne phagocyte-t-elle pas l’activité de l’agence ? «Non car ce n’est pas la même cible. LogoStudio est adapté au tout premier logo d’une entreprise qui se crée et n’a pas de moyens pour s’offrir une agence de création. C’est une alternative au logo qu’on fait soi-même, faute de moyens», défend la présidente de l’agence, pour qui ce prototype n’est que la première brique d’une proposition clefs en main plus complète. «Nous cherchons actuellement un partenaire imprimeur français. Nous préparons également une version intégrant de l’iconographie et travaillons à partir d’une base de 500 000 icônes libres de droit pour en sélectionner 10 000.» Pour l’instant, la version a été lancée en version bêta à l’occasion du salon de la micro-entreprise. «Cela nous a permis de savoir quoi modifier en priorité. Le lancement officiel interviendra dans quelques mois.»
Côté investissement, tout s’effectue sur fonds propres à ce stade. «Nous avons préféré nous lancer en interne, cela nous semble un modèle plus sain. Nous lèverons des fonds si nécessaire pour nous développer à l’extérieur, à l’international par exemple.» En juin 2016, la startup a en revanche reçu un chèque de 10 000 euros en tant que lauréate des Trophées de l’entreprise du Val-de-Marne 2016, et a également été retenue dans le programme d’accompagnement de l’entrepreneuriat au féminin Excellence de la CCI du Val-de-Marne. L’ancrage départemental, l’agence le revendique, installée en plein Cachan, même si pour les clients parisiens, il a tout de même fallu compléter par un bureau parisien à deux pas d’Opéra, reconnaît Camila Masetti.
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