Environnement | | 07/04/2016
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A Champigny-sur-Marne, la décharge illégale géante ulcère les voisins

A Champigny-sur-Marne, la décharge illégale géante ulcère les voisins

Un quartier résidentiel à quelques pas des bords de Marne, dans le quartier Maroc de Champigny-sur-Marne, l’un des plus recherchés, des jardins bien entretenus, des enfants qui jouent… Une seule ombre au tableau : un dépotoir qui culmine désormais à plus de 10 mètres de haut au 36 rue de Verdun.

Dans cette parcelle, située entre l’Intermarché et la clinique de Champigny, plusieurs entreprises de bâtiment co-existent, et c’est tout au fond, en allant vers la rue Diderot, que s’est progressivement élevée cette décharge illégale, depuis environ un an.

(Lire aussi  article plus récent : le préfet prend un arrêté)

J’habite ici depuis 1961, et c’est la première fois que j’ai des problèmes !“, lance Mme Sarrazin, dont les fenêtres de la cuisine donnaient initialement sur un potager. “J’allais chercher mes légumes et mes fruits juste en bas dans le temps… Vous voyez ce que c’est devenu ?” Ce que Mme Sarrazin voit depuis un an, tout comme ses autres voisins, c’est une accumulation de déchets divers et variés allant des tapis aux gravats en passant par les cuisinières, qui jouxte le muret et le grillage qui sépare leur copropriété d’un espace commercial où quelques entreprises stockent du matériel de chantier. “Un jeune couple qui vient d’acheter un appartement est tombé des nues en découvrant ce tas après leur emménagement“, raconte une autre voisine, petit chien sous le bras, qui a acheté sur plan au début des années 1960.

Habitant au troisième étage de la résidence Diderot, située derrière la parcelle où se sont amoncelées les ordures, Elisabeth Roca, a constaté elle aussi la montée progressive du niveau depuis les deux fenêtres de son salon, et fait état de la présence de rats . “Evidemment il y a de fortes odeurs, notamment lors des jours de pluie. Et encore, il n’y a pas encore eu les chaleurs de l’été…“, témoigne-t-elle. “Il y a aussi les nuisances sonores. A 4h du matin, il y a déjà des bennes et des pelleteuses qui déposent des ordures“, abonde un voisin de palier, de retour du travail. Une autre voisine s’inquiète du poids des ordures appuyées contre le muret de la copropriété. “En dessous, il y a 5 places de parking et des box privés. Que se passera-t-il si le muret s’effondre ? Ou s’il y a une tempête ?”  Au sein de la résidence, les habitants se sont organisés et ont interpellé la mairie il y a près d’un an. S’ensuivent des échanges de mails, de courriers, et une réunion publique est même organisée.“Les choses commencent à bouger mais il a fallu insister“, s’agace une des habitantes. “De mon côté, j’ai été interpellée par les habitants fin mars, à l’occasion d’une permanence. Je n’avais pas été informée du dossier alors que je suis maire-adjointe en charge des déchets“, réagit de son côté Caroline Adomo.

Au moins 230 000 euros pour déblayer

Reste désormais à déblayer le terrain et faire payer le pollueur… L’entreprise responsable a été identifiée par les services de la ville, AMG-BAT, spécialisée justement dans l’enlèvement des gravats. Un “patron voyou”, pour le maire PCF de Champigny, Dominique Adenot, qui indique la ville va porter plainte avec constitution de partie civile regroupant – s’ils en sont d’accord – la commune, le magasin Intermarché et les riverains. Une accélération sans précédent des dépôts illégaux de déchets sur le terrain situé au 36 rue de Verdun occupé par l’entreprise AMG-BAT a été constatée ces dernières semaines, ce qui a conduit la municipalité à déclencher, le 25 mars dernier, une série de mesures d’alerte de la préfecture et de constats par les experts. Depuis des mois, nos démarches auprès de l’entreprise-voyou responsable de cette situation sont restées lettres mortes ; le propriétaire de la société et la gérante restent « aux abonnés absents », au mépris de leurs responsabilités environnementales et de sécurité publique. Il est hors de question qu’ils y échappent. Cependant, du fait de l’infraction caractérisée, c’est l’État à travers le service des Installations classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) qui est seul habilité à effectuer la mise en œuvre des lois et les obligations de résorption du dépôt sauvage. Compte tenu de l’urgence et des dangers potentiels, j’ai interpellé le préfet de région pour une signature immédiate des injonctions à l’entreprise délictueuse suite au rapport déjà établi par l’autorité compétente. Parallèlement, j’ai demandé aux instances préfectorales si elles autorisaient le cas échéant la ville à se substituer dans un premier temps aux autorités de l’Etat pour commencer l’évacuation des déchets sans délais. Un premier devis annonce un engagement de 230 000 € mais sans préjuger des surcoûts éventuels. Il faudrait bien sûr à la ville des garanties légales et financières de remboursement. Ni la quantité exacte ni la nature du dépôt sauvage ne sont connues ; on peut légitimement s’inquiéter d’y trouver des composants ou des matières dangereuses pour l’environnement et la santé des riverains, et se trouver face à des coûts supplémentaires“, détaille le maire dans un communiqué, indiquant que la ville “va agir par tous les moyens possibles, pour que cesse le déversement de dépôts supplémentaires, pour demander l’intervention des services scientifiques pour analyser la nature des déchets, et enfin pour que les travaux de déblaiement démarrent au plus tôt.”

Du côté de la préfecture, une réunion sur le sujet était prévue ce mercredi soir pour faire le point.

Contactée a plusieurs reprises, l’entreprise AMG-BAT n’a pas donné suite.

A lire aussi 

Il y a quelques années, la montagne de déchets de Limeil…

Il y a quelques années, une montagne de déchets (encore beaucoup plus volumineuse) avait empoisonné un quartier, à l’époque en construction, des Temps durables, à Limeil-Brévannes.  Il en avait coûté cinq mois d’un chantier et 20 millions d’euros avancés par l’Etat pour évacuer 160.000 m3 de déchets industriels dont 900 m3 amiantés. Voir les articles sur ce sujet.

Ci-dessous vues de la décharge de Champigny, ce mercredi 6 avril 2016

déchets-champigny-vue-appartement-sarrazin

montagne-déchets-diderot-champigny-parking

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