En images | | 16/11/2016
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A Fontenay-sous-Bois, des moutons pour créer du lien social

A Fontenay-sous-Bois, des moutons pour créer du lien social

Vingt-cinq moutons déambulent dans les quartiers de Fontenay-sous-Bois depuis lundi jusqu’à ce mercredi, à la rencontre des habitants de la ville. Guidés par leurs bergers, les ovins attirent l’attention et donnent des idées.

“Non ? Sérieux ! On pensait que c’était faux, alors on voulait vérifier par nous-mêmes !” lance un jeune Fontenaysien, en dégainant son smartphone pour poster sur quelque réseau social la séance de pâturages de moutons qui s’offre à ses yeux. “Il s’en passe des choses en banlieue hein“, plaisante un autre en sortant également son portable. Il faut dire qu’entre le city stade et les tables de ping-pong, les moutons détonnent. “Ils continuent bien le parcours prévu, hein ? Nos petits-enfants les attendent et en parlent depuis ce matin !” sourient deux grands-parents qui s’arrêtent devant le troupeau. Les moutons s’approprient vite les lieux : ils broutent l’herbe, s’installent dans les buissons, se grattent le dos sur les tables de ping-pong, … “Ils savent très bien détourner l’usage premier du mobilier urbain : ce sont des moutons qui transhument uniquement en zone urbaine“, explique Guillaume Leterrier, l’un des fermiers urbains qui guident le groupe. Âgés de 5 mois à 3 ans, les moutons ont déjà traversé plusieurs villes en Île-de-France et ailleurs. “Partout où ils passent, on observe les mêmes choses : les gens s’arrêtent, débranchent leurs écouteurs, discutent entre eux…Le rythme des villes est stressant, rapide. En fréquentant les animaux, on retrouve des sensibilités, le rythme de la nature. C’est apaisant. Cela permet de poser un autre regard sur son quartier, sur les espaces publics. Les gens suivent la transhumance et vont dans les autres quartiers de leurs villes, qu’ils ne fréquent parfois plus à cause des préjugés“, témoigne le berger qui effectue sa première transhumance dans le Val-de-Marne.

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Pour la commune, l’objectif est de créer du lien social. “On a rien inventé : à Evreux, ils font ça depuis 20 ans“, explique Amar Oussaïd, coordinateur de la gestion urbaine de proximité (GUP), une structure dépendante de la mairie créée dans le cadre de la politique de la ville et des financements de l’ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine). “Tout est parti d’une collaboration avec un apiculteur d’Abeille Machine, une association de la ville. On a installé des ruches au milieu du quartier des Larris. Les habitants ont vraiment apprécié : ils venaient autour des ruches pour participer aux différents ateliers. On a pu constater que l’insecte était un vecteur de lien social. C’est de là qu’est venue l’idée de transhumance“, explique Amar, qui imagine le projet depuis bientôt quatre ans. “C’est grâce à cet apiculteur qu’on a rencontré l’association Clinamen. J’ai foncé tout de suite“, reprend Amar Oussaïd, que les habitants du quartier saluent en passant devant le troupeau. “Et même si je n’avais aucun doute sur le succès de l’opération, je suis très content de la vivre.

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Le projet était pourtant loin de faire l’unanimité au départ. “Quand on l’a évoqué pour la première fois, certains de nos collègues nous regardaient en disant : qu’est-ce qu’il leur passe par la tête ? Personne ne trouvait ça pertinent, ni techniquement réalisable“, témoigne Juliette Guérin, responsable du service habitat de la mairie de Fontenay-sous-Bois depuis trois ans. “Mais on a laissé l’idée s’installer et maintenant, tout le monde est ravi.” L’organisation de la transhumance a nécessité le concours d’une dizaine de services municipaux, de la police jusqu’aux espaces verts en passant par les crèches. “On s’est par exemple arrêté quelques instants devant le lycée Picasso. Les lycéens, dont certains passent parfois des journées entières à tenir les murs, ont tout de suite réagi, se sont approchés, ont échangé quelques mots avec nous et avec les fermiers. A ce stade, le pari est déjà gagné, se réjouit Juliette Guérin. On peut aller plus loin en organisant plusieurs transhumances pendant l’année et en faisant de la pédagogie autour de l’agriculture urbaine“, précise-t-elle. “On peut aussi animer des ateliers de tonte ou faire venir un producteur de fromages de brebis“, ajoute Amar Oussaïd.

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Portées par l’association Clinamen, créée il y a 5 ans en Seine-Saint-Denis, et sa coopérative Les Bergers urbains, les transhumances s’inscrivent également dans un objectif d’agriculture urbaine. “Elles permettent d’aborder la problématique de l’environnement en ville de façon dépassionnée“, indique Guillaume Leterrier. Vignes sur le campus de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), transhumances à Roubaix ou encore formation auprès des personnels des collectivités territoriales : l’association Clinamen multiplie les initiatives autour de l’agriculture en ville. “L’objectif global, c’est d’arriver à une consommation plus raisonnée, plus intelligente, plus maîtrisée.

Où les voir ?

Les moutons seront ce mercredi matin au parc des Epivans (entrée libre), où ils “logent” pendant leur passage dans la ville. L’après-midi, ils iront à la rencontre des enfants des centres de loisirs de la ville (non ouvert au public) dans la prairie de l’école Langevin.

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