Comment éviter que notre belle jeunesse ne se retrouve désœuvrée le soir venu, quand les espaces publics ont fermé leurs portes ? Et si on ouvrait plus tard, pas seulement pour laisser de la lumière allumée mais pour proposer des activités ? Le ministre de la Ville, Patrick Kanner, était à Créteil hier soir pour annoncer le déblocage d’un million d’euros afin d’expérimenter le renforcement de la présence adulte dans les quartiers le soir et le weekend dans quelques villes de cinq départements.
Parmi les départements pilotes avec les Bouches-du-Rhône, la Vaucluse, le Val d’Oise et la Seine-et-Marne, le Val-de-Marne s’est vu doté de 200 000 euros. Un budget qui sera réparti entre plusieurs villes volontaires : Créteil, Alfortville, Cachan, Villiers-sur-Marne, L’Haÿ-les-Roses, Orly.
Ce jeudi 24 mars, c’est dans le quartier Mont-Mesly de Créteil que le ministre de la Ville avait porté ses pas. Après avoir visité la médiathèque Nelson Mandela et le centre sportif Casalis, il y a rencontré des usagers actuels et passés de la Maison de la Solidarités (MdS). Ce centra social et culturel de quartier, qui accueille aussi bien des cours de soutien scolaire, de langue, que des loisirs, des associations et aussi des permanences sociales pour les enfants comme les adultes, bénéficiera de 50 000 euros pour ouvrir jusqu’à 22 heures au lieu de 19 heures le soir, soit 18 heures d’activité en plus chaque semaine.
“Ces structures sont des remparts contre les phénomènes de radicalisation“, motive le ministre. Alors que deux séries d’attentats meurtriers ont frappé la France en 2015 et que 2016 a commencé par un double attentat à Bruxelles, le mot clef pour flécher ce budget est en effet la lutte contre la radicalisation, volet désormais indissociable de la politique de la ville. Pour le ministre, il s’agit là de contribuer à la réponse citoyenne contre la radicalisation.
Dans la salle orange pétulant de la MdS où une quarantaine d’usagers sont venus dialoguer avec le ministre, le sujet ne sera toutefois pas abordé sous cet angle. “Je ne souhaite pas les stigmatiser mais mon travail est la citoyenneté et la prévention”, s’en explique le ministre. Sur place, les usagers ou ex-usagers témoignent déjà de l’impact essentiel qu’a eu la MdS dans leur parcours. “Je venais tout le temps à la MdS quand j’étais petit car il y avait plein d’activités mais je ne peux plus y aller car le temps que je rentre après les cours, c’est fermé”, témoignent un à un plusieurs lycéens ou étudiants. Tous sont favorables à une ouverture plus tard le soir pour différentes raisons. Un étudiant en première année de médecine à Descartes exprime son besoin d’un espace au calme pour travailler sans le bruit de la télé qui traverse la cloison de sa chambre. Un autre, qui fait de la musculation, voudrait pouvoir s’entraîner de retour dans le quartier et regrette que le centre Casalis ne soit pas ouvert plus tard. Quelques uns sont venus profiter de cet échange direct avec des décideurs pour glisser des demandes d’un autre ordre, comme ce jeune Turc arrivé en France à l’âge de six ans et qui a des problèmes de papier après avoir quitté le pays de 2003 à 2006, ou le représentant d’un collectif de grapheurs qui plaide auprès du député-maire PS Laurent Cathala le droit d’investir une vingtaine de murs de la ville. “Pour l’instant, nous en avons retenu quatre, nous ferons le point après. Il faut respecter l’équilibre entre l’expression artistique et le respect du paysage urbain”, lui répond l’élu. Une mère de famille, vêtue aux couleurs du drapeau français avec un pantalon rouge, une chemise blanche et un voile bleu, a fait part de son envie de faire une grande campagne sur les panneaux publicitaires de la ville, mettant côte à côté un voile, une kippa, une croix… pour symboliser le dialogue inter-religieux.
Plusieurs animateurs insistent sur la nécessité de proposer des activités lors de ces heures d’ouverture supplémentaires tandis qu’Ariane Bourrelier, directrice de la MJC du Mont-Mesly, qui accueille un cinéma (La Lucarne) déjà ouvert le soir et le weekend, suggère de travailler sur les complémentarités entre équipements pendant ces horaires. Directeur de la MdS, Abdellah Daoudi évalue pour sa part les moyens humains à mettre en face.
Quelles ressources humaines en effet ? Le préfet Thierry Leleu suggères des services civiques. “On a les postes et le budget”, indique-t-il. “Les services civiques pourraient par exemple monter une mission humanitaire avec les jeunes“, ajoute Patrick Kanner, rappelant au passage son objectif de 110 000 services civiques en 2016.
50 000 euros et après ?
Au-delà du coup de pouce de 50 000 euros, il restera de fait à pérenniser et diffuser le dispositif. Là-dessus, le ministre promet de négocier avec la Cnaf (Caisse nationale d’allocations familiales) pour débloquer des crédits supplémentaires.
A lire aussi :
j’ai été élevée en cité à Avignon, mon mari à la cité Paul Bert à Villeneuve le roi et nous n’étions pas autorisés à traîner le soir . Le soir nous étudions ou allions faire du sport ou de la musique. C’est incroyable on ne se demande pas pourquoi ces jeunes traînent dans la rue et plutot que d’agir sur ce problème on préfère donner de l’argent !
Vous avez tout à fait raison Elisabeth : depuis vingt ou trente ans, on ne parle que de ‘quartiers’, d’aménagements, d’équipement de ceci ou de cela, et d’animations diverses, alors que le seul et unique problème réside dans la négligence des familles, et le peu d’intérêts qu’elles semblent porter aux études de leurs enfants. Ce problème persiste depuis trois générations, preuve qu’il est d’origine culturelle. Bien entendu je ne généralise pas : la majorité des jeunes ne sont pas délinquants ou livrés à eux mêmes, et beaucoup font de brillantes études. Mais beaucoup de failles sont défaillantes.
A pareille heure les enfants doivent étudier. Ou pratiquer une activité sportive (privé) .
On peut vous répondre “oui mais le sport ça coûte cher pour les familles de ces quartiers”.
Moi je dirais “faux, la Mairie subventionne énormément, surtout mairie PCF”.
Mais on ne peut faire du sport tous les soirs, à un moment faut étudier.
Très bonne initiative que de développer l’accueil sur des plages horaires plus importantes, de favoriser les échanges et le dialogue entre tous les citoyens dans le respect de la liberté de conscience telle que définie par la constitution.
L’idée de développer une campagne publicitaire comme évoquée dans le compte-rendu n’est-elle pas exclusive, ne va t’elle pas à l’encontre du but recherché : réunir tous les citoyens, n’est-elle pas en opposition avec le principe constitutionnel du respect de la liberté de conscience ?
Qui a vu des enfants ou des jeunes issus de la Chine, du Vietnam ou du Cambodge trainer le soir ?
Effectivement. Mais il me semble que vous faites ici une erreur en comparant différentes cultures qui n’ont rien à voir entre elles, notamment en matière d’éducation. Certaines d’entre elles, comme les cultures traditionnelles chinoises, japonaises, vietnamienne, européenne, etc… ont depuis longtemps un intérêt marqué pour l’éducation de leurs enfants, ce n’est pas un scoop. Ces cultures sont cependant minoritaires, voir inexistantes, dans les quartiers ciblés par l’expérimentation présentée dans cet article.
“notre belle jeunesse”… au moins l’humour du rédacteur m’a fait rire, dommage pour le million inutilement dépensé, ce n’est pas avec ça qu’ils casseront la dynamique de communautarisation des ghettos et encore moins la radicalisation des inemployables de ces quartiers. Le gouvernement favorise l’immigration massive depuis des décennies et laisse les maires gauchistes concentrer tous les logements sociaux toujours dans les mêmes villes, ensuite tous ces biens-pensants se désolent en coeur sur le résultat logiquement obtenu (l’islamisation du quartier, pour commencer). Cette clique au pouvoir depuis toujours n’arrête donc jamais de se fiche de nous…
On va dire avec la modération qu’il sied qu’il faut palier à l’incapacité de certaines familles à s’occuper correctement de leurs enfants … Cela aussi c’est un fait, quoi que l’on en pense ! Mais il y a aussi les horaires déstructurés (retour tard le soir) et bientôt le travail le dimanche qui finira d’achever la vie de famille … Le sentiment que notre société est en pleine désintégration est de plus en plus partagé. Mais à la base, il y a un manque de discipline ; lorsque j’étais enfant, mes parents partaient tôt et rentraient tard : j’étais seul le matin et en début de soirée, mais jamais je n’ai trainé dehors.
Et rien pour Le Kremlin-Bicêtre ? Ah oui, c’est vrai, aucun jeune n’y traîne le soir.
Il s’agit d’un essai sur différentes communes (villes pilotes) qui s’il s’avère efficace sera généralisé aux 47 communes val de marnaise.
Au Japon, les écoles sont ouvertes en permanence, le soir pour étudier, ou pour poser des questions aux profs.
Le weekend pour avoir accès au gymnase et aux terrains de jeux extérieurs, et pareil durant les vacs scolaires.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.