Société | | 25/03/2016
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Accueillir les jeunes des quartiers le soir: expérience pilote en Val-de-Marne

Accueillir les jeunes des quartiers le soir: expérience pilote en Val-de-Marne

Comment éviter que notre belle jeunesse ne se retrouve désœuvrée le soir venu, quand les espaces publics ont fermé leurs portes ? Et si on ouvrait plus tard, pas seulement pour laisser de la lumière allumée mais pour proposer des activités ? Le ministre de la Ville, Patrick Kanner, était à Créteil hier soir pour annoncer le déblocage d’un million d’euros afin d’expérimenter le renforcement de la présence adulte dans les quartiers le soir et le weekend dans quelques villes de cinq départements.

Parmi les départements pilotes avec les Bouches-du-Rhône, la Vaucluse, le Val d’Oise et la Seine-et-Marne, le Val-de-Marne s’est vu doté de 200 000 euros. Un budget qui sera réparti entre plusieurs villes volontaires : Créteil, Alfortville, Cachan, Villiers-sur-Marne, L’Haÿ-les-Roses, Orly.

Ce jeudi 24 mars, c’est dans le quartier Mont-Mesly de Créteil que le ministre de la Ville avait porté ses pas. Après avoir visité la médiathèque Nelson Mandela et le centre sportif Casalis, il y a rencontré des usagers actuels et passés de la Maison de la Solidarités (MdS). Ce centra social et culturel de quartier, qui accueille aussi bien des cours de soutien scolaire, de langue, que des loisirs, des associations et aussi des permanences sociales pour les enfants comme les adultes, bénéficiera de 50 000 euros pour ouvrir jusqu’à 22 heures au lieu de 19 heures le soir, soit 18 heures d’activité en plus chaque semaine.

“Ces structures sont des remparts contre les phénomènes de radicalisation“, motive le ministre. Alors que deux séries d’attentats meurtriers ont frappé la France en 2015 et que 2016 a commencé par un double attentat à Bruxelles, le mot clef pour flécher ce budget est en effet la lutte contre la radicalisation, volet désormais indissociable de la politique de la ville. Pour le ministre, il s’agit là de contribuer à la réponse citoyenne contre la radicalisation.

Dans la salle orange pétulant de la MdS où une quarantaine d’usagers sont venus dialoguer avec le ministre, le sujet ne sera toutefois pas abordé sous cet angle. “Je ne souhaite pas les stigmatiser mais mon travail est la citoyenneté et la prévention”, s’en explique le ministre. Sur place, les usagers ou ex-usagers témoignent déjà de l’impact essentiel qu’a eu la MdS dans leur parcours. “Je venais tout le temps à la MdS quand j’étais petit car il y avait plein d’activités mais je ne peux plus y aller car le temps que je rentre après les cours, c’est fermé”, témoignent un à un plusieurs lycéens ou étudiants. Tous sont favorables à une ouverture plus tard le soir pour différentes raisons. Un étudiant en première année de médecine à Descartes exprime son besoin d’un espace au calme pour travailler sans le bruit de la télé qui traverse la cloison de sa chambre. Un autre, qui fait de la musculation, voudrait pouvoir s’entraîner de retour dans le quartier et regrette que le centre Casalis ne soit pas ouvert plus tard. Quelques uns sont venus profiter de cet échange direct avec des décideurs pour glisser des demandes d’un autre ordre, comme ce jeune Turc arrivé en France à l’âge de six ans et qui a des problèmes de papier après avoir quitté le pays de 2003 à 2006, ou le représentant d’un collectif de grapheurs qui plaide auprès du député-maire PS Laurent Cathala le droit d’investir une vingtaine de murs de la ville. “Pour l’instant, nous en avons retenu quatre, nous ferons le point après. Il faut respecter l’équilibre entre l’expression artistique et le respect du paysage urbain”,  lui répond l’élu. Une mère de famille, vêtue aux couleurs du drapeau français avec un pantalon rouge, une chemise blanche et un voile bleu, a fait part de son envie de faire une grande campagne sur les panneaux publicitaires de la ville, mettant côte à côté un voile, une kippa, une croix… pour symboliser le dialogue inter-religieux.

grapheur creteil

Plusieurs animateurs insistent sur la nécessité de proposer des activités lors de ces heures d’ouverture supplémentaires tandis qu’Ariane Bourrelier, directrice de la MJC du Mont-Mesly, qui accueille un cinéma (La Lucarne) déjà ouvert le soir et le weekend, suggère de travailler sur les complémentarités entre équipements pendant ces horaires. Directeur de la MdS, Abdellah Daoudi évalue pour sa part les moyens humains à mettre en face.

Quelles ressources humaines en effet ? Le préfet Thierry Leleu suggères des services civiques. “On a les postes et le budget”, indique-t-il. “Les services civiques pourraient par exemple monter une mission humanitaire avec les jeunes“, ajoute Patrick Kanner, rappelant au passage son objectif de 110 000 services civiques en 2016.

50 000 euros et après ?

Au-delà du coup de pouce de 50 000 euros, il restera de fait à pérenniser et diffuser le dispositif. Là-dessus, le ministre promet de négocier avec la Cnaf (Caisse nationale d’allocations familiales) pour débloquer des crédits supplémentaires.

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