Alors que la Nuit debout tente d’essaimer dans plusieurs villes du Val-de-Marne (voir articles à ce sujet), le mouvement ne semble pas encore avoir atteint Champigny-sur-Marne. Et dans le quartier du Bois l’Abbé, les habitants semblent moyennement intéressés, cernant difficilement les ambitions du mouvement.
“Oui, je sais, ça fait déjà plusieurs semaine que des centaines de gens se réunissent à Paris tous les soirs. Mais franchement, je n’ai pas le temps pour ça…” , pouffe Saïd, au centre commercial du Bois l’Abbé. “Moi, l’idée me plaît : c’est ça la démocratie, en théorie en tout cas, c’est le peuple qui décide“, pense Jason, un jeune du quartier, assis sur son scooter. “Mais on ne peut pas décider de choses concrètes si on va en parler à Paris. Est-ce qu’on serait écouté ? On ne l’a jamais vraiment été“, lâche le jeune homme. “Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de Nuit Debout, ici, à Champigny ? On est trois jeunes postés ici toute la journée. Si on demande aux gens de venir discuter avec nous, ils ne viendront pas : soit ils auront peur, soit ils ne seront pas intéressés”, ajoute Ahmed, qui “traîne” avec Jason.
“Et justement, pourquoi vous n’essayez pas ?” lance une mère de famille qui prend part à la discussion. “Je verrais bien une Nuit Debout ici, au centre commercial ! C’est un peu le point de convergence dans cette partie du Bois l’Abbé“, propose-t-elle. “Mais pour faire quoi ? Ils ont des choses à revendiquer, d’accord, mais le concret ? Les beaux discours, on les a toujours entendu ici. Et en attendant, rien ne change“, s’emporte Jason. “Je ne sais même pas trop ce qu’ils espèrent en faisant ça. Ils veulent quoi, un coup d’Etat ? Ça ne marchera pas. Notre pays ne fonctionne pas si mal. Il y a déjà plein de gens qui se bougent pour faire des choses, on a beaucoup d’associations ici. On ne va pas non plus leur demander d’organiser le débat public, ils ont aussi une vie perso“, reprend Saïd. “Il faut aussi ouvrir les yeux : la plupart des gens qui font des Nuit Debout sont diplômés, ils sont cultivés, ils connaissent plein de choses et peuvent s’intéresser à tout, ajoute Jason. A la télé, j’ai vu des végétariens ou des poètes qui prenaient la parole. Je ne pense pas que ça marcherait, ce mode de fonctionnement, ici au Bois l’Abbé!”
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.