Alors que le label Grande école du numérique, destiné à promouvoir les compétences en développement numérique d’un public fragilisé, a été lancé il y a un an, la Web@cadémie fait partie des initiatives qui ont inspiré cette nouvelle étiquette.
Entièrement gratuite, cette école de développement web a été créée par l’école d’informatique Epitech et Zup de Co en 2010 et a déjà formé 231 élèves. Elle accueille pour deux ans les jeunes de 18 à 25 ans qui ont décroché du système scolaire sans le bac. “Je me suis retrouvé littéralement à la rue, à 12 ans” , se souvient Lucas, 23 ans, qui vient de commencer sa deuxième année de formation à la Web@cadémie. “Après avoir fréquenté les foyers de la DASS, je me suis émancipé, à l’âge de 15 ans. Depuis, j’ai enchaîné les petits boulots, les missions d’intérim ou le travail au noir. Quand j’ai découvert cette opportunité, par hasard, en surfant sur Internet, je n’ai pas hésité” , poursuit, ému, le jeune homme. “Maintenant, ça va beaucoup mieux dans ma vie. Au delà de la formation, j’ai trouvé ici des amis, un cadre, du soutien. Je suis même inscrit sur une plate-forme où ce-sont les patrons qui viennent démarcher les développeurs. En 2016, c’est unique non ?“
Giang, lui aussi en deuxième année, a connu la Web@académie grâce à des amis, étudiants à l’Epitech. “A cette époque, je passais plusieurs heures par jour sur les jeux vidéos. Je l’avoue, cela a été ma porte d’entrée vers l’informatique. Aujourd’hui, je suis en alternance en tant que développeur web. C’est une formation qui ouvre beaucoup de portes et de perspectives, et je ne regrette absolument pas mon choix” .
Alors que 171 formations ont déjà été labellisés Grande école du numérique il y a un an, obtenant un coup de pouce financier, et qu’un nouvel appel à projets vient d’être lancé, le président de la République est venu en personne ce lundi, accompagné de plusieurs ministres, pour féliciter l’école. “C’est ce genre de structures qui nous a donné l’idée de fédérer tous les acteurs concernés : les écoles bien sûr, mais aussi les organismes chargés de l’emploi et les entreprises” , a expliqué le chef de l’Etat. “Car la première ambition est avant tout économique : il faut répondre aux besoins de ces entreprises. Entre 40 et 50000 emplois pourraient être créés dans le numérique. (…) Il faut des structures et des formations alternatives aux parcours classiques pour accueillir et accompagner tous ces jeunes et les former à ces métiers sophistiqués, en constante évolution. Ils doivent ouvrir des portes aux jeunes des quartiers populaires, mais pas que : chacun doit pouvoir trouver une formation proche de chez lui. C’est une grande école, et 90% des diplômés sont déjà en CDI” , assure François Hollande. Après une première enveloppe de 5 millions d’euros prise sur les programmes d’investissements d’avenir l’an dernier (PIA), le président de la République a annoncé le déblocage d’une enveloppe de 10 millions d’euros pour mener à bien le nouvel objectif : diplômer 10000 étudiants dans les métiers du numérique d’ici à la fin 2017. La première session a concerné 4000 jeunes, dont 58% d’hommes.
“On se bat pour recruter tous ces talents“
Avant l’intervention du président de la République, différents élèves ayant suivi avec succès les formations de la Grande école du numérique ont été sélectionnés pour participer à une table-ronde et témoigner de leur expérience positive, un an après le lancement du dispositif. “Ma formation privilégie la pratique, il n’y a que 10% de théorie. Jusque là, j’avais suivi des cursus trop généraux ou trop spécialisés. J’avais besoin de toucher, de pratiquer, pour trouver ma voie. Grâce aux différents modules, comme les master-class avec Dell ou les parrains d’entreprise, j’ai saisi concrètement l’intérêt de cette formation” , raconte Thomas Mejovsek, étudiant d’Alumni/Face Hérault, récemment embauché dans l’entreprise montpelliéraine Kaliop. Thomas Leroyer, qui a suivi une formation sur l’île de la Réunion, est désormais stagiaire en Bretagne, où il aide a la création d’applications mobiles liées au tourisme, au sport ou a l’environnement.
“On a vraiment besoin de tous ces profils : des codeurs, des ingénieurs, des designers” , motive Christophe Bonnard, directeur de Sogeti France, l’une des filiales de CapGemini. “Dans les usages numériques, les Français sont plutôt en avance. Mais pour les entreprises, il reste énormément à faire” , détaille Nick Leeder, directeur général de Google France. Selon lui, le numérique représente un marché potentiel de 100 milliards d’euros d’ici 2020, créant 1 millions d’emplois en Europe dont 39 000 en France. “L’ensemble des entreprises recrutent dans ces métiers, les banques notamment. C’est la Bank of America qui emploie le plus d’ingénieurs informatiques au monde par exemple” , précise Stéphane Distinguin, entrepreneur. “On se bagarre à la sortie de ces écoles pour recruter tous ces talents. On ne rate jamais une cérémonie de remise de diplôme !” , sourit Françoise Mercadal-Delasalles, directrice des ressources et de l’innovation du groupe Société Générale.
Voilà une initiative qui mérite bien des reconnaissances ! Le domaine informatique présente des enjeux majeurs et intéresse de plus en plus de jeunes. Sauf qu’il est quasiment impossible d’entamer des études dans le domaine sans le bac. J’encourage la création de ce genre d’établissement.
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