Justice | | 23/09/2016
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Barreau du Val-de-Marne : 40 ans d’intenses plaidoiries et plein de projets

Barreau du Val-de-Marne : 40 ans d’intenses plaidoiries et plein de projets

Au deuxième sous-sol du Palais de justice de Créteil, après un dédale de couloirs et d’escaliers, l’Ordre des avocats du Val-de-Marne, le Barreau, qui fête ce samedi ses 40 ans d’existence, est une véritable ruche.

Certains y préparent leur plaidoirie dans la grande bibliothèque tapissée de tous les codes de loi, d’autres s’arrêtent un instant dans la bulle-salon pour prendre un café et décharger un peu de leur stress, un client qui harcèle, un problème perso… Ici aussi, les différentes commissions du Conseil de l’ordre planchent sur tous les dossiers qui concernent les 570 avocats du département comme la formation, l’accès aux droits, le respect de la déontologie, la vie du Barreau. Dans les couloirs, tenues civiles et robes noires se croisent. «La robe, on la porte systématiquement, sauf lorsque l’on se défend soi-même. Cette tenue marque le fait que l’on représente quelqu’un d’autre, nous permet de tout dire», explique Annie Koskas, élue bâtonnière (présidente du Conseil de l’ordre) en décembre 2015, en binôme avec Nasséra Méziane, vice-bâtonnière. Une première pour le département, alors que le vice-bâtonnât n’existe que depuis 2010.

Concrètement, l’Ordre des avocats a à la fois pour mission de veiller au respect de la déontologie de ses membres et de leur obligation de formation, mais aussi de défendre la profession, de prendre position sur l’évolution du métier et son encadrement juridique – avec parfois des débats passionnés sur des sujets d’actualité comme par exemple le divorce par consentement mutuel sans juge. Le Barreau organise aussi les relations avec les autres institutions, à commencer par le Parquet et le Procureur de la République. Un travail qui repose sur un Conseil composé à Créteil d’une vingtaine avocats élus pour trois ans, et d’une administration salariée d’une dizaine de personnes.

Institué en 1976, en même temps que le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Créteil, suite à la réorganisation de la région parisienne et la création des départements de la petite couronne, le Barreau du Val-de-Marne figure désormais parmi les 20 plus grands de France, avec ses 570 avocats. Un chiffre, qui, proportionné à la population du département, reste loin de celui du Barreau de Paris, premier de France, qui regroupe à lui-seul 28 000 des 60 000 avocats du pays, contre par exemple 3000 au Barreau de Lyon,  deuxième plus grand. Une différence qui s’explique à la fois par l’histoire (le barreau parisien comptait déjà 600 avocats à la veille de la révolution française), le prestige de la capitale, le nombre d’institutions et entreprises qui y siègent… Juste de l’autre côté du périph’, le barreau du Val-de-Marne, même avec ses 570 avocats, voit ainsi une partie de sa clientèle lui échapper au profit d’avocats parisiens. Une tendance contre laquelle les bâtonnière et vice-bâtonnière ont décidé de s’attaquer en douceur.

Objectif entreprises

«Nous sommes nombreux mais la clientèle nous échappe. 85% des affaires qui passent au TGI avec représentation d’un avocat, sans aide juridictionnelle, sont défendues par un avocat parisien, notamment les entreprises», expose Annie Koskas. Les dossiers de clients qui bénéficient de l’aide juridictionnelle sont pour leur part importants. «70% de la population du Val-de-Marne est éligible à cette aide.» Pour inciter les ménages et entreprises du Val-de-Marne à recourir à des avocats du département, le Barreau a donc décidé de multiplier les actions. «Concernant le droit du travail, le pénal, la famille, qui sont un peu les spécialités du barreau, les gens réalisent souvent par eux-mêmes que nous sommes moins chers que les avocats parisiens à compétence égale, et qu’en plus nous connaissons bien le territoire, indique Nasséra Méziane, la vice-bâtonnière. Cela ne nous empêche pas d’avoir d’excellentes relations avec le barreau de Paris que nous rencontrons régulièrement. Nous nous rassemblons sur les questions de déontologie et défendons des causes communes.» Concernant les entreprises, qui représentent le gisement d’affaires le plus capté par les avocats parisiens, l’Ordre a décidé de jouer sur plusieurs leviers pour travailler au rééquilibrage. «Nous allons en direction des cercles économiques, participons à des réunions avec les entreprises, et nous travaillons également à la formation de nos avocats. Il y a aussi de nouvelles opportunités à exploiter dans notre profession. Par exemple, nous pouvons aujourd’hui être mandataire sportif, immobilier, même artistique», reprend Annie Koskas, confiante dans l’avenir du métier.

La violence de la société au quotidien du Barreau

Dans le quotidien du TGI de Créteil toutefois, c’est plus fréquemment la dureté de la société qui conduit les avocats à la barre. «Il y a de plus en plus de violences faîtes aux femmes», constate ainsi la bâtonnière. «Nous assistons souvent au même cercle vicieux : chômage, surendettement, misère, alcool, violence… », rejoint la vice-bâtonnière. Le 8 mars dernier, lors de la Journée internationale des droits des femmes, le Barreau de Créteil s’était mobilisé contre les violences faîtes aux femmes en distribuant des rubans blancs dans le Palais de justice, pour rappeler la nécessité de ne pas se résigner. Parmi les intenses procès qui se sont déroulés au Palais de justice de Créteil depuis 40 ans, figure du reste, celui, en 2006, de l’assassinat de Sohane Benziane, brûlée vive en 2002 par un garçon dépité qu’elle ne céda pas à ses avances. Et aussi, en 2012, celui de viols collectifs exercés en 2000 contre deux jeunes filles dans une autre cité.

A lire aussi : 

Le malaise de la justice au menu de l’audience solennelle de rentrée du TGI de Créteil

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