Solidarité | | 06/09/2016
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Levée de boucliers contre le projet de camp de réfugiés à Ivry-sur-Seine

Levée de boucliers contre le projet de camp de réfugiés à Ivry-sur-Seine

Depuis l’annonce ce mardi de l’installation d’un camp de réfugiés de 350 personnes à Ivry-sur-Seine d’ici la fin 2016, les réactions pleuvent, du côté des habitants comme des élus, majoritairement inquiètes.

Si certains se réjouissent, se déclarant, “fiers” de leur ville, considérant qu’il s’agit d’un “impératif moral”, beaucoup font un parallèle immédiat entre la pénurie de logements pour les habitants et cette offre d’hébergement. “Encore des réfugiés mais soit disant pas de place pour nous Français, c’est honteux“, se lâche-t-on ainsi sur Facebook.

On est loin de la mobilisation générale de septembre 2015, il y a tout juste un an, après l’électrochoc suscité par la photo du petit garçon syrien de trois ans, Aylan Kurdi, noyé et échoué sur la plage de Bodrum (Turquie) au cours d’une tentative de traversée depuis la Grèce.

Du côté des élus, pas d’enthousiasme débordant non plus. Dès l’annonce du projet, les maires voisins de Vitry-sur-Seine et Alfortville ont réagi. Tout en saluant “l’attention portée par la ville de Paris à la situation des femmes et mineurs réfugiés ou migrants”, le maire PCF de Vitry-sur-Seine, Jean-Claude Kennedy, s’est étonné, “de ne pas avoir été associé à la réflexion ou à l’élaboration du projet, car le site retenu, certes situé à Ivry-sur-Seine, est limitrophe de Vitry-sur-Seine.” Et de préciser qu’il veillera “à ce que l’information et la concertation des riverains du site soient optimales et les remarques qui pourront être portées au projet soient prises en compte par la ville de Paris.” L’élu indique également qu’il invitera dans les jours à venir les maires de Paris et d’Ivry-sur-Seine “à venir présenter le projet aux habitants de la ville et du quartier, à détailler les
modalités de fonctionnement du site et à associer les riverains directs à cette réflexion.”

De son côté, Luc Carvounas, sénateur-maire PS d’Alfortville, a carrément écrit à Anne Hidalgo, s’étonnant également de ne pas avoir été informé en tant que maire et en tant que président de l’Association des maires du Val-de-Marne. “Cette initiative n’a de surcroît pas fait l’objet, à ma connaissance, d’une communication préalable au préfet du département pourtant garant des conditions dans lesquelles ces familles seront accueillies dans le département“, précise l’élu, ajoutant qu’il combat “l’idée que Paris considérerait la banlieue parisienne comme par le passé, à savoir comme une variable d’ajustement de ses politiques publiques.” Le maire s’inquiète des conséquences de ce futur camp sur Alfortville. “L’expérience passée et l’installation d’un campement de Roms sur les quais d’Ivry a déjà démontré par le passé l’importance de l’impact sur Alfortville, ses hôtels meublés et ses services sociaux de l’installation de populations en grande difficulté“, pointe ainsi le sénateur, invitant à ce que la question de l’accueil des migrants donne lieu à des “concertations et des initiatives communes, durables et partagées par les villes et leurs populations”et demandant à être associé au projet en amont pour l’accompagner et faciliter l’information auprès de ses habitants.

“Ce camp de plusieurs centaines de places accueillera des populations en grande difficulté dans des quartiers déjà touchés par de nombreux maux. Censé résorber plusieurs autres camps illégaux, il ne fera, en réalité, qu’alimenter les pompes aspirantes de l’immigration dans nos communes. MM. Kennedy et Carvounas, plutôt que de quémander une quelconque association au projet, doivent s’opposer avec détermination à la création de ce camp qui aura des conséquences graves et à long terme sur leurs communes respectives“, réagit pour sa part François Paradol, conseiller FN d’opposition à Vitry-sur-Seine, qui entend interpeller le maire sur ce sujet lors du prochain conseil.

Jean-Luc Laurent, député MRC de la circonscription, invite pour sa part à “garder le contrôle de la situation“, dénonçant dans un communiqué une décision prise sans concertation. “Il est très pratique d’être maire de Paris: on prend des décisions pour soi et pour les autres. Anne Hidalgo entretient ainsi une vieille tradition parisienne qu’on croyait révolue à l’ère de la coopération métropolitaine“, fustige l’élu qu considère que “le choix d’Ivry-sur-Seine est critiquable“. “Nos villes et leurs habitants sont solidaires et généreux mais nous connaissons aussi de lourdes difficultés. On ne peut être qu’extrêmement sceptique en entendant l’annonce du camp « provisoire ». L’expérience nous apprend que le provisoire dure longtemps: nous venons de le vivre pendant des années avec l’installation d’un campement de Roms devenu un véritable bidonville dans le quartier Gagarine-Truillot à Ivry-sur-Seine. Le fait que la mairie d’Ivry soit volontaire et qu’elle ait négocié avec Paris des contreparties n’empêche pas de penser qu’une autre localisation aurait été meilleure. La taille du projet (300 places) est également discutable. On déplore souvent les inégalités territoriales et sociales qui fracturent la région parisienne: ça n’est pas en spécialisant certains communes dans la solidarité qu’on les réduira. Paris a choisi la facilité. La crise migratoire est réelle et nous devons nous organiser pour y faire face dans les meilleures conditions. Au mois d’avril, j’ai longuement visité les installations de Calais, en particulier le Centre d’Accueil Provisoire, et je partage l’objectif d’organiser la mise à l’abri des migrants plutôt que de laisser régner la loi de la jungle. J’ai aussi visité plusieurs camps à Lesbos en Grèce et j’ai vu les difficultés réelles qui se posent“.

“Le Val-de-Marne va-t-il devenir le Calais de l’Île-de-France ?

“Le Val-de-Marne va-t-il devenir le Calais de l’Île-de-France ?“, questionne à son tour Christian Cambon, sénateur-maire LR de Saint-Maurice sur son compte Facebook. “Le Val-de-Marne a-t-il les moyens d’accueillir toute la misère du monde avec, en plus les risques d’insécurité que cela entraîne ? Cette décision est irresponsable!”, estime l’élu.

“Ivry-sur-Seine ne doit pas devenir un nouveau Calais », s’alarme également Sébastien Bouillaud, président LR du groupe des élus de la droite et du centre qui dénonce un accord en « catimini« et s’inquiète de son coût pour la ville. 
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