“Ah qu’est-ce qu’on est serré, au fond de cette classe” ont chanté les quelques 80 parents d’élèves et enseignants venus manifester ce jeudi 23 juin devant l’Inspection académique de Créteil, alors que se tenait le dernier comité technique entre syndicats et académie pour ajuster les ouvertures et fermetures de classe à la rentrée. Au final, 3 nouvelles ouvertures de classe ont été accordées mais plusieurs nouvelles classes pourraient être fermées à Champigny, Arcueil, Villiers…
«On a demandé des moyens supplémentaires en insistant sur les réseaux d’éducation prioritaire où les conditions d’apprentissage sont dramatiques“, confie Najat Belhacem, trésorière de la Fcpe 94. “Le département ferme plus de classes qu’il n’en ouvre avec pourtant 1 000 élèves en plus attendus à la rentrée. La balance est négative avec 7 fermetures, malgré les réajustements. Et je m’aperçois que ce sont toujours les mêmes écoles qui reviennent à l’Inspection. Il faudrait les écouter un peu“, insiste-t-elle.«Rien ne se perd, rien ne se crée. Sans dotations supplémentaires, on fonctionne en circuit fermé», dénonce Thierry Guintrand, élu Snuipp-Fsu. “Plus que jamais, nous demandons une dotation exceptionnelle“, rappelle Luc Bénizeau, délégué Snudi-Fo.
Devant l’Inspection, beaucoup de parents d’élèves attendent des réponses, pancartes à la main, comme Virginie, parent d’élève à Vitry. «On voudrait marquer le coup ! Selon les réponses, on rebloquera l’école Jean Moulin à la rentrée. Je m’inquiète pour mes enfants. En maternelle, on a beaucoup d’élèves qui pourraient se retrouver à 28 par classe.» A l’école Makarenko, la situation est similaire. «Ça touche les enfants et ça nous touche aussi. Ma fille était dans une classe à 24 en grande section et pourrait se retrouver l’année prochaine à 28, voire 30 élèves en CP. On demande une ouverture de classe», plaide Suzana.
«On est là pour s’opposer fermement aux 8 fermetures de classe qui touchent des écoles en REP“, pose Fatmata Konate, conseillère municipale à Vitry. “Malgré tous les efforts qui sont faits, cela reste des quartiers difficiles. Il faut pouvoir accompagner les enfants vers la réussite et l’émancipation en leur donnant accès aux mêmes chances. C’est paradoxal que l’on ferme des classes dans ces territoires, c’est injuste. On ne fait pas d’économie sur l’éducation», dénonce l’élue. «Il y aura 20 élèves de plus l’année prochaine à l’école Lamartine. On demande une ouverture. Actuellement, l’Inspection ne fait que redistribuer une pénurie”, pointe à son tour Frédéric, père d’élève à Gentilly.
La mise en place de doubles niveaux, qui ne se suivent pas toujours, pour optimiser le nombre de classes, inquiète aussi. “Je ne veux pas d’un double niveau CP-CM2 pour mon enfant», s’inquiète une manifestante. Inquiète pour la première rentrée en maternelle de son garçon à l’école Politzer de Champigny, Emilie s’est rendue à la manif pour prendre le pouls. «Je suis optimiste, j’ai bon espoir. J’ai envie qu’il aille à l’école publique. Mais je suis un peu inquiète. Mon mari et moi pensons le mettre à l’école uniquement le matin et chez la nounou l’après-midi. La cantine est surchargée et les dortoirs serrés. Moi j’ai envie qu’il puisse aller à l’école toute la journée. On a aussi pensé aux écoles privées mais j’ai peur de le marginaliser. J’espère qu’il n’y aura pas de suppression de classe à l’école Politzer de Champigny. Venir aujourd’hui me plonge dans une réalité. Je vais prendre l’été pour réfléchir.»
En ville, la mobilisation continue avec des occupations d’écoles et mobilisations mais l’année scolaire touche à sa fin. Bientôt, les écoles seront fermées pour les vacances. Ce lundi 30 juin, l’intersyndicale de syndicats enseignants et parents d’élèves se réunit pour décider de ses actions à venir, sans doute à la rentrée.
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