A Villeneuve-le-Roi, Christophe Déconfin s’est passionné pour le jardin dès son enfance. Aujourd’hui il en vit, lui, ses deux salariés et son apprenti.
«Je n’ai jamais vu un conseiller d’orientation, je savais ce que je voulais faire. A quatorze ans et demi, en fin de troisième, j’ai choisi de faire un Bepa jardins et espaces verts», se souvient-il. Sitôt diplômé, en 1986, il tente sa chance dans une entreprise familiale locale. On la lui accorde. «J’y suis resté 22 ans, du jardinier de base au responsable d’équipe». Jardins de pavillons, d’immeubles ou encore d’entreprise… les surfaces à entretenir ne manquent pas. Quand son employeur revend l’affaire, la diversification d’activités du repreneur n’emballe pas le jardinier villeneuvois. «On s’est mis à faire beaucoup de VRD (Voieries et réseaux divers). Les budgets sont plus importants mais c’est de la maçonnerie, cela ne m’intéresse pas.» Un temps formateur auprès des Apprentis orphelins d’Auteuil, il revient vite au terrain chez un autre employeur. Il se cherche un peu, réfléchit à se lancer. Son ancien patron l’encourage.
En mai 2010, c’est parti. Il crée CD Paysage. «On a fait un business plan sans savoir que cela en était un, et j’ai commencé avec un investissement de 40 000 euros correspondant au camion et au matériel. Je suis allé voir mes anciens clients et ai d’abord travaillé tout seul pendant un an.» Pour Christophe Déconfin, le plus compliqué à gérer est l’administratif. Déposer les statuts, mettre en place la comptabilité, prendre une assurance, assurer la paperasserie dans les délais, créer une autre société dédiée aux services à la personne pour les particuliers… Autant de formalités qu’il ne faut pas laisser filer. Sa femme l’aide, en plus de son propre travail. Rapidement, le bouche à oreille fonctionne et un premier employé est embauché en 2011, puis un deuxième. Aujourd’hui, l’entreprise fonctionne avec deux employés et un apprenti. Son objectif : se développer pour aller jusqu’à cinq-six personnes, «mais pas plus.»
«La première fois que j’ai pris un stagiaire CAP en alternance, cela a été compliqué. Il était en pleine crise d’adolescence et souvent convoqué par son école. Et puis progressivement il a mûri. Après la fin de son stage, il a travaillé à droite et à gauche et est revenu chez nous cet été comme saisonnier. Depuis, il a réussi le concours pour travailler aux espaces verts de la ville de Paris. Cela fait plaisir ! Cette année, nous avons à nouveau pris un contrat en alternance mais en BTS», témoigne l’employeur.
La clientèle, elle, dépasse largement le département, des bailleurs sociaux à Paris aux particuliers des Yvelines. «C’est un marché assez concurrentiel et nous subissons la concurrence des Esat (établissement médico-social de travail protégé, accueillant des personnes en situation de handicap ou de réinsertion) qui sont toujours moins-disant sur les appels d’offre», confie l’artisan. «Dans cette concurrence, chacun développe ses spécialités, nous c’est l’élagage et la création.»
Le métier, Christophe Déconfin ne s’en lasse pas. «Cela fait trente ans cette année mais ce n’est jamais pareil. C’est gratifiant de redonner vie à un terrain et on est toujours dehors. Il n’y a pas de monotonie car chaque saison donne lieu à des tâches très différentes. Et puis, il y a la relation client, on rencontre des gens très différents.» Les modes varient aussi. «En ce moment, les gens veulent des plantes méditerranéennes. Ils recourent aussi beaucoup plus aux accessoires qu’auparavant. Les nouvelles émissions comme Silence ça pousse ont aussi de l’influence et ont valorisé notre métier!» Heureusement qu’il n’y a pas de routine car le temps n’est pas compté. «Je passe 12 à 13 heures par jour la semaine et 2 à 3 heures par jour le weekend. C’est la boite qui prime. Ma femme travaille avec moi et nos filles se sont adaptées à notre vie.»
Sortir du tout phyto : le défi d’une génération
Pour ce jardinier qui a appris le métier avec le tout phyto, le grand défi du moment est surtout de sortir de cette époque, de réussir à faire sans, de l’expliquer aux clients. «Il faut changer les mentalités. Si l’on ne met plus d’herbicide, il faut accepter qu’il y ait quelques mauvaises herbes dans son allée. Il faut aussi plus de main d’œuvre pour faire des traitements plus fréquents. Nous sommes passés d’un extrême à l’autre, et sans harmonisation entre les pays. Dans quelques années, on ne pourra plus acheter de Roundup en France mais ce sera encore possible dans des pays voisins», s’interroge le jardinier.
Le conseil pour ceux qui hésitent à se lancer dans l’entreprise ? «Bien sûr il faut un minimum de préparation pour ne pas partir à l’aveuglette, et il faut être prêt à beaucoup travailler. Ensuite, il faut y croire et lorsqu’on est motivé, il faut y aller. On a le droit de se planter. Nous avons la chance de vivre en France. On peut toujours faire machine arrière. Personnellement, je suis très prudent, je calcule toujours tout avant d’embaucher et attends d’avoir les contrats. Parfois je me dis que je tiens trop le frein à main et que ma prudence me bride. Mais peut-être est-ce aussi grâce à cela que nous sommes toujours là !»
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