Les chutes de tuiles liées au survol des avions qui soufflent sur les toits, c’est un classique du côté de Villeneuve-le-Roi, Orly et Ablon-sur-Seine, où il suffit de lever la tête deux minutes pour voir un aéronef décoller ou atterrir.
Jusqu’à présent, les propriétaires des toits se voyaient dédommager intégralement par Aéroports de Paris lorsque ce désagrément survenait. Mais depuis fin 2015, la politique en la matière a changé, et les riverains de l’aéroport d’Orly commencent à en faire les frais.
Les remboursements des dommages liés à l’aéroport plafonnés à 300 euros
Pour le groupe ADP en effet, cette pratique n’a rien d’obligatoire car c’est la compagnie aérienne qui est responsable de ses appareils et non le gestionnaire de l’aéroport. Le 21 décembre 2015, le groupe a donc écrit aux trois maires d’Orly, Villeneuve-le-Roi et Ablon-sur-Seine pour leur rappeler que cette démarche de remboursement “n’existe qu’au titre des bonnes relations de voisinage qu’Aéroports de Paris entretient avec la riveraineté de l’aéroport” et que, “devant la recrudescence des demandes, et compte tenu des montants toujours plus importants” des travaux, il limiterait désormais “strictement le nombre des prises en charge” et plafonnerait leur montants à 300 € HT. “Assuré que vous comprendrez la raison d’être de cette décision, je vous remercie de bien vouloir en informer vos administrés”, concluait le courrier en cette veille de Noël. En pleine trêve des confiseurs, la missive semble être un peu passée inaperçue, mais ses effets se sont en revanche fait sentir de manière concrète.
70 tuiles soufflées d’un coup
A Villeneuve-le-Roi le 3 mai 2016, Nadine Héraud a fait les frais de ce changement de politique. Ce jour-là, un avion particulièrement vrombissant a fait dégringoler 70 tuiles de son toit. “D’habitude, ce-sont seulement quelques tuiles qui volent, mais là, c’était vraiment important. Certaines sont tombées sur le toit de la voisine et d’autres encore sur le trottoir d’en face, heureusement qu’il n’y avait personne qui passait dans la rue à ce moment-là”, témoigne l’habitante. Connaissant la procédure, la riveraine a contacté une société commanditée par l’aéroport pour venir faire les travaux, avant d’envoyer la facture à ADP. C’est là qu’elle a découvert que le remboursement était désormais plafonné à 300 euros. Sauf que sa facture se montait à près de 1400 euros… “En plus, l’aéroport nous demandait de signer un document nous engageant à renoncer à toute procédure contentieuse à leur égard et à renoncer à nous retourner vers notre assurance, poursuit l’habitante. Evidemment, nous n’avons pas signé! Nous avons payé l’entreprise avec les 300 euros et attendons le reste de la somme pour payer le solde de la facture.” En attendant, l’habitante fait part de sa déconvenue au conseiller départemental Daniel Guérin (MRC), lequel écrit à ADP et se voit répondre qu’effectivement, le remboursement est désormais plafonné à 300 euros.
Daniel Guérin écrit au ministre
De quoi agacer l’élu, qui vient d’écrire ce lundi 3 octobre au secrétaire d’Etat au transport, Alain Vidalies, pour lui demander d’intervenir, alors qu’Aéroports de Paris est détenu par l’Etat à hauteur de 50,6%. “La nouvelle attitude d’ADP, remettant en cause des décennies de partenariat, est tout à fait inadmissible. Elle témoigne d’un mépris renforcé à l’endroit des habitants qui subissent l’activité dont ce gestionnaire a la charge. Elle est d’autant plus choquante que les riverains concernés n’ont aucune autre option réaliste pour obtenir une indemnisation dans la mesure où il leur est, le plus souvent, impossible, d’identifier l’exploitant de l’avion responsable de ces dégradations. C’est pourquoi, je vous sollicite afin que vous obteniez d’Aéroports de Paris qu’il revienne sur sa décision ou, à défaut, que vous soumettiez au Parlement une évolution de la rédaction de l’article L.6131-2 qui ferait désormais peser la responsabilité de tels dommages sur le gestionnaire de l’aéroport concerné à charge pour ce dernier de se retourner contre l’exploitant du vol responsable”, exige ainsi l’élu dans son courrier.
De son côté, Didier Gonzales, maire LR de la ville, indique qu’il va mettre cette question à l’ordre du jour de la prochaine CCAR (Commission consultative d’aide aux riverains).
Si l’on comprend bien le commentaire aigri du conseiller municipal communiste Josso, il est intervenu mais son agitation a été, comme d’habitude, inefficace.
Gageons que l’action d’élus plus hauts placés donnera plus de résultats.
Les habitants de Villeneuve le Roi n’en seront pas surpris.
L’association Pégase, par mes soins, a déjà soulevé cette question du remboursement des frais pour les toitures soufflées par les effets vortex des avions en CCE (commission consultative de l’environnement) d’Orly le 16 juin dernier. J’ai présenté ce jour là le cas de 2 familles avec les chiffres des dommages et demandé à M. Meyrede, directeur de l’aéroport de Paris Orly de revoir sa position afin d’indemniser les riverains injustement victimes dans cette affaire. Le Maire de Villeneuve le Roi Didier Gonzales et le le Conseiller Départemental Daniel Guérin, tous deux présents à la CCE n’ont pas dit un mot du sujet. Le Préfet de son coté s’est contenté de dire que le point n’était pas du ressort de la CCE et n’a donc pas répondu.
Nous sommes ravis de voir dans la presse que ces élus découvrent le problème sur lequel nous alertons depuis des moi. Par delà les gestes que pourraient faire ADP pour de bonnes relations avec ses riverains, c’est d’une modification législative dont nous avons besoin afin que ce soit le gestionnaire de l’aéroport qui soit responsable du remboursement, charge à lui ensuite de se retourner contre la compagnie en cause. Les sommes en jeu sont importantes pour une famille (entre 500 et 5 000 € le plus souvent) mais ridicules pour le budget d’Aéroport de Paris. Pour sa part, Pégase ne lâche pas l’affaire . J’ai de nouveau évoqué le sujet en CCAR auprès des responsables d’ADP et avec M. Roger Gérard Schwartzenberg, député de la circonscription de Villeneuve le Roi.
On peut toutefois regretter que la presse en reste trop souvent à la surface des choses , ne voit pas le travail de fond et ne reprenne que les gesticulations des politiciens.
Joël Josso
Membre de la CCE au titre de l’Association Pégase de Villeneuve le Roi Ablon
300€ d’indemnités, ça ressmeble à du fichage de gueule, non?
La tuile !
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