26 élèves du collège Paul Vaillant-Couturier, à Champigny-sur-Marne, travaillent sur une comédie musicale depuis trois ans. Leur objectif : financer un voyage au Canada, à la rencontre des tribus amérindiennes comme le héros de leur spectacle, le Campinois Etienne Brûlé.
“Plus on le joue, plus le stress disparaît !” , sourit Camille, l’une des solistes de la comédie musicale. Scolarisée en troisième en classe à dominante artistique, Camille travaille, comme tous ses camarades, à la réalisation d’une comédie musicale depuis la cinquième. De l’écriture des textes jusqu’à l’enregistrement d’un CD et les représentations publiques, les élèves retracent le destin d’Étienne Brûlé. Méconnu en France, ce Campinois est parti à la recherche de son frère, en 1608, porté disparu au Canada. L’aventurier fut l’un des premiers hommes blancs à s’adapter au mode de vie des Amérindiens, notamment la tribu des Hurons-Wendat, pratiquant le métissage et le commerce avec différentes tribus, jusqu’à sa disparition, probablement autour de 1630, pour des motifs encore troubles.
Les élèves de Champigny, eux, ne veulent pas se contenter de rendre un hommage musical à leur illustre concitoyen. “La finalité du projet, c’est de les emmener au Canada en fin d’année, pour rencontrer des peuples autochtones et leur permettre de se produire sur place” , explique Caroline Baudou, professeur de Français, à l’initiative du projet lancé il y a plus de deux ans. C’est pour récolter des fonds que les élèves enregistraient ce mercredi après-midi un CD de leur spectacle, qui sera bientôt mis en vente pour 15 euros. D’autres événements seront organisés, comme un loto ou la vente de pâtisseries. Une plate-forme de financement participatif a aussi été mise en place sur KissKissBankBank. “On ne partira pas si les familles doivent débourser plus de 300 euros : c’est notre limite, même si on aimerait que le voyage coûte encore moins cher” , chiffre Jonathan Bour, le professeur de musique qui dirige la chorale et le l’enregistrement du CD.
Entre les cours de théâtre avec la compagnie du Pain d’Orge, l’écriture des textes, le travail sur les chorégraphies avec Elodie Cugnière, leur professeur d’éducation physique et sportive (EPS), les représentations publiques et, maintenant, l’organisation d’événements pour réunir des fonds, certains élèves se sont révélés au cours du projet. “Quelques-uns étaient quasiment en situation de décrochage scolaire au début. A la fin de leur quarième, en juin dernier, tous les élèves de la classe avaient au moins 10 de moyenne générale. On en est très fiers” , se réjouit Jonathan Bour. “On ne s’investit pas dans ce projet si on n’en a pas l’envie : il faut venir répéter, enregistrer, les mercredis après-midi, parfois le samedi. On les sollicite tout le temps en dehors des heures de cours. C’est un projet qui est valorisant pour eux” , continue le prof de musique.
Des vertus pédagogiques de la comédie musicale
D’un montant total estimé à 16800 euros, le projet de voyage au Canada pour la présentation d’une comédie musicale n’est pas habituel dans les établissements français, encore moins ceux qui sont classés en réseau d’éducation prioritaire (REP). “C’est pourtant une chance énorme pour eux : avoir l’opportunité de découvrir un autre pays, d’autres cultures, un nouveau continent” , motive Caroline Baudou. Pour la première représentation de leur spectacle, les élèves se sont déplacés jusqu’à Londres, dans le collège pour filles de Saint-Alban. “On a même partagé un cours de musique avec mon homologue anglaise…” , se souvient Jonathan Bour. “Mais c’était beaucoup plus fort lors des six représentations à Champigny !” lance Océane, l’une des élèves très impliquée dans le projet. Le spectacle a été créé au théâtre Gérard-Philipe et les élèves y ont pris leurs habitudes. C’est d’ailleurs là-bas que se tiennent les six prochaines représentations, du 8 au 10 novembre (un jour étant réservé aux scolaires), dont les bénéfices (5 euros la place) contribueront à financer le voyage des collégiens. Le projet a aussi été subventionné par le service jeunesse de la mairie.
De l’autre côté de l’Atlantique, le succès les attend déjà. Deux écoles qui portent le nom d’Etienne-Brûlé ont annoncé leur désir de recevoir les élèves, comme l’Alliance Française de Toronto.
Bravo pour ce projet et félicitations à ces jeunes et à tout ceux qui les ont accompagnés dans cette belle aventure, éducative et humaine, à commencer par les animateurs de la Compagnie du “pain d’orge”.
Voilà une initiative que la municipalité ferait bien de soutenir activement et de mettre en exergue, comme pour contrebalancer les discours pessimistes sur l’engagement des jeunes et des personnels de l’Éducation nationale au service de l’avenir de notre pays..!
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.