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Politique locale | | 28/06/2016
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Crise politique inattendue à Charenton-le-Pont

Crise politique inattendue à Charenton-le-Pont

S’il y a une ville où l’on ne s’attendait pas à voir surgir de crise politique au sein de majorité municipale, c’est bien à Charenton-le-Pont.

Lundi 2 mai au soir, l’émotion était palpable lorsque l’ancien maire LR, Jean-Marie-Brétillon a passé le témoin à Hervé Gicquel, après lui avoir cédé un an plus tôt sa place au Conseil départemental. Ce lundi 27 juin lors du Conseil municipal, c’est Caroline Campos-Brétillon, fille de l’ancien édile, adjointe à l’urbanisme et la petite enfance, qui a annoncé sa démission avant de quitter la salle. Une décision prise jeudi dernier après une réunion houleuse.

Entre Hervé Gicquel et Caroline Campos-Brétillon, les relations d’amitié, nourries de vacances et valeurs partagées, s’étaient un peu refroidies ces derniers temps.  “Lors de l’élection, j’ai trouvé que le nouveau maire faisait un peu le service minimum vis-à-vis de son prédécesseur dans son discours. Et puis, j’ai senti le vent tourner rapidement après, témoigne l’ancienne adjointe. Alors qu’il  nous avait réunis pour nous dire que nous garderions tous nos délégations, il m’a convoquée le 12 mai pour me demander de faire un choix (ndlr, entre les délégations petite enfance et urbanisme), invoquant l’intérêt général de la majorité et le souhait d’autres élus de s’investir davantage. Je suis un peu tombée de ma chaise mais j’ai proposé de garder la délégation petite enfance. Etant urbaniste de profession, une opportunité professionnelle venait justement de se présenter à moi, et, étant donné les circonstances, j’ai décidé de la saisir. Ce n’était pas le choix du maire. Il m’a proposé en conséquence de baisser mon indemnité d’élue de 300 euros. Dès lors, je me suis sentie dans le viseur. Lors d’une réunion de la majorité pour préparer le conseil municipal, jeudi dernier, j’ai confirmé mon choix de ne conserver que la petite enfance mais réaffirmé mon engagement au sein de la ville et du territoire. Cela s’est très mal passé. Un élu m’a dit que je ne servais à rien dans le territoire. J’ai eu le sentiment que l’on voulait tuer la fille pour tuer le père. J’ai pris ma décision de démissionner le soir même. J’ai attendu un appel du maire mais le téléphone n’a pas sonné. Ce lundi, j’ai donc annoncé ma démission. J’ai adoré m’investir pour Charenton, mais je ne me reconnais plus dans cette municipalité. J’ai préféré partir la tête haute”, explique la fille de l’ex-édile.

De son côté, Hervé Gicquel regrette cette décision. “C’était une surprise complète et je déplore ce choix. Lors de la réunion de la majorité, il est vrai qu’il y a eu des réactions de surprise de la part de plusieurs élus, lorsqu’elle a annoncé qu’elle souhaitait abandonner ses missions d’urbanisme qui représentaient la majeure partie de sa délégation, mais je ne comprends pas pour autant les conséquences qu’elle en a tiré. Il n’y avait pas de malaise mais lorsque quelqu’un remet la démission d’un mandat comme celui-là, on peut s’interroger sur son positionnement futur dans la majorité“, expose l’élu.

Mais pourquoi Caroline Campos-Brétillon avait-elle donc deux mandats aussi différents ? “J’ai rejoint l’équipe en 2008, et pris la délégation petite enfance en 2012, car une collègue devait en démissionner pour des raisons personnelles et m’avait proposé de la reprendre. J’ai trois enfants de 3 à 7 ans et les questions relatives à la petite enfance, j’étais en plein dedans. L’urbanisme était directement géré par mon père, et en tant qu’urbaniste, je l’aidais aussi. C’est pour cela qu’il m’a confié cette délégation en 2014, mais j’avais plein de projets en cours concernant la petite enfance et ne voulais pas abandonner cette délégation”, motive l’ex-élue.

Comment réagissent les autres élus ? Si pendant la réunion houleuse de jeudi, plusieurs ont fait part de manière assez tranchée de leur désaccord avec le choix de l’ancienne adjointe, d’autres lui ont assuré leur soutien, une fois la réunion terminée. “Mais je leur ai demandé de ne pas l’afficher, sinon, c’est eux qui se retrouveront dans le viseur”, indique Caroline Campos-Brétillon.

Au-delà du désaccord sur les délégations, l’élue démissionnaire pense avoir été perçue comme une potentielle rivale. “Pourtant, il n’a jamais été question que je prenne la place de mon père. Je ne me pensais pas légitime à cette fonction et cela n’a jamais été évoqué”, reprend la fille de l’ancien maire. Après un parcours politique de déjà huit ans à Charenton-le-Pont, il sera sans doute difficile de raccrocher complètement, même si l’ancienne adjointe veut aujourd’hui tourner la page et se consacrer à sa famille et ses nouvelles missions professionnelles. “Pour l’instant, je ne sais pas du tout ce que je vais faire. C’est un grand point d’interrogation“, répond-elle à ce sujet.

Jean-Marie Brétillon : “Je suis écoeuré”

Pour Jean-Marie Brétillon, la crise qui vient de se passer a fait l’effet d’une douche glaciale. “J’ai fait le choix de partir à un moment où tout allait bien, en laissant une équipe jeune. J’avais une confiance totale en Hervé Gicquel avec qui je travaille depuis des années et lui ai laissé le Conseil départemental puis la mairie. Aujourd’hui je suis écoeuré, mais je suis très fier de ma fille sur le plan moral“, témoigne l’ancien maire.

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