“Un jour, une pierre est tombée dans le gymnase et a frôlé une fille. Tout s’écroule …” témoignent Manon, Haléma, Salimata et Yelna, devant le collège-lycée Gorges Brassens de Villeneuve-le-Roi. Ce jeudi, une cinquantaine de profs ulcérés ont exercé leur droit de retrait pour signifier leur ras-le-bol.
“Mur, sol, plafond, y a des fissures partout. Je ne me sens pas en sécurité. On ne sait jamais, si ça s’effondre !” s’inquiète Kévin.”Le gymnase est pourri, et il est plein de poussière“, relèvent encore trois lycéens de terminale. “Je suis là depuis le collège et cela a toujours été délabré. Le sol du CDI s’est affaissé aussi…“, pointe Nicolas, en première. Début décembre, les fédérations de parents d’élèves Peep et Fcpe avaient écrit aux candidats à la région pour exprimer leur désarroi, après qu’une marche cassée, qui n’est toujours pas réparée, a favorisé la chute d’un élève, provoquant une jambe cassée. Cerise sur le gâteau : l’amiante. “Ils nous ont demandé de ramener des masques blancs demain pour l’amiante“, s’inquiète Manon. “Avec l’amiante, ils ont fermé des salles, on a même vu des rats“, renchérissent ses camarades. “On signale mais rien ne bouge“, se désole une professeure. “On apporte un soutien complet aux profs“, lance Nicolas.
Travaux de réparation : un puits sans fond en attendant la reconstruction
Le problème ne date pas d’hier. Depuis 2013, plusieurs séries de travaux d’urgence ont été menées, mais le délabrement est tel que chaque réparation en appelle une autre. “La région a déjà fait pour plus de 3 millions d’euros de remise en état, rappelle Daniel Guérin, vice-président MRC du Conseil départemental et ex-conseiller régional de l’ancienne majorité. En octobre, lors de la dernière commission permanente avant les élections, nous avons encore voté 110 000 euros de travaux pour pour restaurer le gymnase et ouvrir une salle de restauration supplémentaire. Ces travaux ont été réalisés mais plus le bâtiment vieillit, plus c’est compliqué, d’autant que le terrain est meuble.” Désormais, c’est à la nouvelle majorité régionale de gérer le problème. “Les nouveaux élus régionaux doivent dire rapidement où et quand ils s’engagent à reconstruire le lycée. Je viens d’écrire en ce sens à Valérie Pécresse. Dans l’intervalle, la Région a la responsabilité des travaux de maintenance nécessaire que le conseil départemental accompagnera financièrement comme il l’a toujours fait, dès lors qu’il sera sollicité“, poursuit Daniel Guérin.
Elu au Conseil régional en décembre 2015 et maire LR de la ville, Didier Gonzales a reçu ce jeudi une délégation de 30 personnes, élèves et professeurs, dans l’après-midi. “Ils sont venus me sensibiliser sur l’état lamentable du lycée, mais j’étais déjà sensibilisé. Je n’ai cessé de dénoncer cette situation depuis des années et écrit plusieurs fois à l’ancien président Jean-Paul Huchon ! Depuis 2006, la reconstruction du lycée a été inscrite au PPI (Plan pluriannuel d’investissement) par l’ancienne majorité régionale, mais la réalisation n’est restée qu’au stade des promesses. Quant aux travaux d’entretien, ils ont été clairement insuffisants. Des mesures d’urgence doivent être prises, déconnectées de la problématique de reconstruction. J’ai alerté la vice-présidente du Conseil régional en charge des lycées, Agnès Evren, qui devrait se rendre sur place avant la fin du mois pour se rendre compte de la situation sur le terrain“, indique l’élu.
Reconstruire : ici ou ailleurs ?
La question de la reconstruction fait aussi polémique. Du côté du collège, le département a prévu de le reconstruire sur l’actuel parking des professeurs, le long de l’avenue Le Foll. 22 millions d’euros ont été budgétés en conséquence. “L’enveloppe financière a été bloquée et les travaux de maquette sont en cours. Le projet sera soumis à la communauté scolaire prochainement”, indique Daniel Guérin. Concernant le lycée, c’est plus compliqué. En octobre dernier, la région a mis l’accélérateur sur le dossier et voté une enveloppe de 53 millions d’euros pour le projet, mais en proposant de reconstruire le lycée à Orly et non pas à Villeneuve-le-Roi, en raison de la mauvaise qualité des sols et afin de gagner du temps en n’ayant pas à se soucier du transfert des élèves pendant les travaux. Une relocalisation qui ne passe pas à Villeneuve-le-Roi et Ablon-sur-Seine dont viennent actuellement une grande partie des élèves. Fin 2015, Villeneuve-le-Roi a voté à l’unanimité un voeu pour maintenir le lycée dans sa commune, et à peine élu à la région, Didier Gonzales a indiqué qu’il se ferait une priorité de conserver l’établissement sur place.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.