Vols a l’étalage, petits trafics, “squats” incessants devant les vitrines… Depuis plusieurs mois, une bande de gamins pourrit la vie des commerçants de l’avenue Charles-Gide au Kremlin-Bicêtre. Ce mardi 9 février, le maire (MRC) de la ville, Jean-Marc Nicolle, est venu rencontrer les commerçants et leur a annoncé l’installation de la vidéosurveillance.
“Tu veux une barrette ? Un dix grammes ?” En ce début d’après-midi, alors que les riverains bravent le vent et la pluie pour faire leurs emplettes quotidiennes, quelques jeunes sont déjà présents et appâtent le chaland. La gérante du tabac sort de son commerce, furieuse, pour chasser les jeunes indélicats. “Pas devant ma porte !” , lance-t-elle aux jeunes, qui se déplacent de quelques mètres. “C’est une scène quotidienne maintenant” , se plaint la buraliste au maire. “Tous les jours, c’est la même chose. En début de soirée, une dizaine de jeunes sont postés devant le distributeur automatique et les clients fuient un peu plus chaque jour” , constate le fils de la buraliste. “Notre chiffre d’affaires baisse invariablement” , déplore la famille.
Quelques secondes plus tard, alors que la discussion se prolonge avec les buralistes, des cris retentissent. Un jeune du groupe s’époumone, criant vers les bâtiments voisins de l’avenue Charles-Gide. Un signal que les forces de l’ordre sont dans la rue et peuvent, à tout moment, intercepter un client, ou découvrir le lieu et les protagonistes du trafic. “Je fume ma cigarette le soir, sur mon balcon. Je vois la police passer une fois, deux fois, cinq fois, dix fois, et les jeunes, eux, sont toujours là” , témoigne un riverain, habitant depuis vingt ans au dessus du tabac. Il y a quelques jours, c’est au Franprix que la situation a dégénéré. Plusieurs jeunes sont rentrés pour voler des provisions. Le gérant de la supérette, attend des mesures d’urgence. “Cela fait des années qu’on attend que quelque chose soit fait, et enfin, on a l’impression que ça va bouger !” espère-t-il. De son côté, il a recruté un deuxième vigile, permettant une plus grande amplitude horaire. “Mais le vigile est tout seul… si cela devait dégénérer, il ne pourrait pas faire grand chose” , reconnaît-il.
“Je n’ai pas de problèmes, jamais, mais les mamies me demandent parfois de les accompagner pour retirer de l’argent” , témoigne pour sa part le pharmacien, qui a déjà soigné les jeunes après des bagarres dans la rue. “Je n’ai vraiment aucun problème, mais c’est vrai que si j’avais su, je ne me serais pas installé ici…” , reprend-il.
“Réagir avant que la situation ne dégénère“
Heureusement, aucune violence physique n’est à déplorer. “C’est pour ça qu’on vient ici, pour réagir avant que la situation ne dégénère” , explique Jean-Marc Nicolle. “On va organiser des réunions avec les commerçants d’ici à la fin du trimestre, pour leur présenter tous les dispositifs mis en place. On veut être plus réactifs et mettre en commun les outils dont tout le monde dispose, qu’il s’agisse des commerçants, de la police municipale et de la police nationale” , promet-il. Des caméras de vidéoprotection seront installées à la fin mars dans la rue, comme sur l’avenue de Fontainebleau ou aux stations de métros de la ligne 7. Depuis la mi-décembre, la ville a mis en place un centre de supervision urbaine, au sein duquel cinq agents surveillent les prises de vues des caméras déjà en place dans la commune 7 jours sur 7. Quatre autres agents sont en formation et intégreront le centre à la fin février. 14 doivent être mobilisés pour assurer la surveillance permanente de la ville. Les effectifs de la police municipale devraient être renforcés, indique l’élu.
“Notre ville est sûre, quand on compare nos chiffres avec les communes similaires” , se rassure l’édile. “Mais c’est une insécurité latente, qui s’installe au jour le jour, par la présence permanente de jeunes aux occupations pas toujours légales” , reconnaît-il. Pour intervenir plus efficacement, les services communaux multiplient les réunions avec le commissariat de la ville, et des procédures simplifiées vont être mises en place pour que les commerçants signalent les faits, voire déposent plainte. Un système accessible en ligne devrait voir le jour et les commerçants disposeront désormais d’un contact direct avec les services de la mairie. Enfin, des médiateurs sociaux, recrutés en service civique, sillonneront bientôt le quartier pour rétablir le dialogue entre toutes les générations.
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