Ecole après école, collège après collège, Roger Bordage et Maurice Cling, respectivement âgés de 91 et 87 ans, témoignent sans relâche, malgré leur âge, de leur expérience de la seconde guerre mondiale et de la déportation, pour transmettre directement leur parole, leurs souvenirs, aux plus jeunes.
Ce mercredi 7 décembre encore, ils étaient en préfecture de Créteil pour rencontrer des lycéens et collégiens dans le cadre du Concours national de la résistance et de la déportation dont le thème est cette année : la négation de l’Homme dans l’univers concentrationnaire nazi. Chaque année, les élèves de troisième et des lycées de toute la France sont invités à participer à ce concours, seuls ou à plusieurs, à travers des travaux ou des œuvres littéraires, artistiques et audiovisuelles.
Né en 1925, Roger Bordage, résistant, a été arrêté à 17 ans, par la police franquiste en essayant de passer en Espagne avec quelques camarades pour rejoindre les Forces Françaises Libres. Il sera déporté dans le camp de Sachsenhausen où il travaille pour les usines aéronautique Heinkel. «Arrivés dans le camp, nous avons vu la mort dans les yeux des prisonniers. D’abord on vous prive de tous vos effets personnels, ensuite on vous remet un uniforme. Vous n’avez plus de nom, on vous donne un matricule et il faut le connaître par cœur en Allemand. Ensuite, un prisonnier avec un peu de pouvoir, le Kapo, vous apprend à obéir aux ordres en Allemand. C’était du dressage», décrit Roger Bordage, se souvenant que le pouvoir nazi avait estimé à 9 mois l’espérance de vie d’un détenu à raison de travail forcé et de malnutrition. Un système scrupuleusement organisé de «mort par le travail».
Maurice Cling, lui, a été arrêté en mai 1944, alors collégien de quatrième à l’école Lavoisier de Paris. Lui a du porter l’étoile jaune imposée aux Juifs. Interné au camp de Drancy avec son frère et ses parents, il est déporté à Auschwitz puis à Dachau. Il sera seul de sa famille à en revenir.
Malgré les années, les anecdotes des deux rescapés rappellent à ces jeunes qu’ils avait leur âge et leur insouciance dans les années 1940. Les élèves sourient lorsque Roger Bordage rappelle avec quelle impertinence il a répondu à l’officier allemand qui l’interrogeait dans une geôle de Bordeaux, sur ses liens avec la Résistance. «Qu’est-ce que ça peut vous foutre, foutez-moi sur la gueule qu’on en termine!» Des rires aussi lorsque Maurice Cling relate le jour où il a été arrêté en plein contrôle à l’école. Au professeur qui lui demandait ce qu’on lui voulait, le jeune homme répondit qu’il n’en savait rien mais qu’il était bien content de partir…
«Ce qui nous a permis de survivre, c’est l’entraide. Un hiver j’ai été puni et l’on m’a demandé de rester au garde à vous dehors alors qu’il faisait -30 degrés. Je serai mort si mes camarades ne m’avaient pas gardé du pain et des couvertures», se rappelle Roger Bordage.
«C’est quelque chose que l’on ne peut et que l’on ne veut pas oublier, dix ans après mon retour d’Auschwitz, j’ai commencé à témoigner dans les classes pour faire comprendre ce qu’était ce système. Toute ma vie est liée à cette expérience», témoigne Maurice Cling.
«C’est extrêmement fort, la façon dont ils racontent nous permet de nous mettre à leur place, d’éprouver de l’empathie. Je pense que c’est important d’entendre ces personnes qui ont vécu cette période, ça participe du devoir de mémoire», réagit Mattéo, élève de terminale au lycée polyvalent Jean Macé à Vitry-sur-Seine. «Ce-sont des témoignages réels, c’est différent de ce qu’on peut lire dans les manuels d’histoire et c’est plus authentique que ce que l’on voit dans les film», ressent aussi Eolia du collège Henri Matisse à Choisy-le-Roi.
A présent, des professeurs d’histoire-géographie des établissements scolaires du département vont travailler avec leurs élèves jusqu’au mois de mars pour participer au concours national de la Résistance et de la Déportation. «Les vingts élèves de ma classe sont prêts, ils savent que cela va occasionner du travail en plus mais ils sont consciencieux et après cette rencontre je crois que ça va être beaucoup plus parlant», motive Eloïse Dolley, enseignante au collège Barbusse à Alfortville.
derf pourrions -nous connaître le fond de votre pensée lorsque vous écrivez : “déferlement de haine contre l’Autre ” ? Je pense ,toutefois,que vous devez abuser de cet excellent remède “Amalgame”
Ce genre de témoignage est plus que jamais nécessaire face au déferlement de haine contre l’Autre qui est différent. Malheureusement ces témoins disparaissent.
Émouvant devant ce qui est relaté par ces deux pensionnaires des camps nazis. Pourquoi ne pas penser à faire connaître le drame des autochtones Algeriens face aux tortionnaires qui les ont colonisés pendant plus de 132 ans ?
Ce serait une formation complémentaire pour nos jeunes lycéens pour qu’ils ne soient pas à l’image de leurs parents.
Paryfe,
Il y a peut être un drame “autochtones Algériens” selon votre expression, mais de là, à faire une comparaison avec les camps d’extermination NAZIS, vous poussez le bouchon très loin…..?
Ils n’étaient pas “pensionnaires” mais prisonniers pour l’un en camp de concentration et pour l’autre en camp d’extermination.
C’est essentiel de faire connaître cet épisode horrible aux jeunes. A l’age de 20 ans j’ai assisté à une projection d’un film sur les camps et je n’ai pas dormi pendant plusieurs nuits. Quand je pense qu’après la guerre, personne ne voulait entendre parler du calvaire enduré par tous ces prisonniers. Leur histoire dérangeait et au lieu d’aider ceux qui avaient vécu l’enfer on se détournait d’eux. Quelle honte…Et ceci est vrai car ce fait a été relaté par un ancien déporté
Comme beaucoup de Français et Française, ras le bol mais ras le bol de ces demandes de pardon et de repentance à répétition.Nous ne donnerons pas un avenir à notre pays et à nos jeunes, et nous n’assurerons pas la cohésion nationale en se vautrant dans le masochisme antinational et la haine de notre histoire .
A force de jouer au Troll de service vous prenez la moindre mouche pour un avion de chasse…
La dame indique dans son message qu’elle comprend le bien fondé de l’intervention mais qu’il serait aussi assez intéressant d’entendre des témoins de la guerre d’Algérie.
Il est assez surprenant de voir qu’il est assez aisé de hurler à l’amalgame dans un sens, et de refuser tout amalgame lorsque la France se retrouve visée… Oui la RF est coupable d’exaction pendant cette guerre tout comme il est vrai que des Français ont collaboré à la déportation d’autres citoyens Français entre 39 et 44. Où est le problème d’en parler avec nos élèves ?
@Lucien – L’ampleur est différente, la finalité aussi, mais les méthodes d’interrogatoire et le racisme affiché de certains militaires bien de chez nous provient, et c’est prouvé historiquement, des méthodes de la milice, elle même entrainée par nos “chers occupants”.
Pour être serein avec l’Histoire, chacun doit faire le ménage devant sa porte. Accepter notre culpabilité c’est en finir à terme avec l’amertume des victimes et permettre la vie en commun.
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