“Mais où est Monsieur ? Quand viendra-t-il visiter l’appartement ?” témoigne cette mère de famille célibataire, confrontée ce genre de remarque agaçante alors qu’elle cherche un appartement pour elle et ses deux enfants. “Le seul moment où l’agent immobilier s’est adressé directement à moi, c’est pour me parler de la cuisine !“
poursuit la jeune femme, provoquant quelques rires dans la salle. Ce mercredi 9 novembre, une cinquantaine de personnes participaient au dixième anniversaire du réseau Femmes inter-associations – Inter service migrants (FIA-ITM) en Val-de-Marne, dans la salle des fêtes de la préfecture de Créteil. Pour ces militantes associatives, l’événement permettait surtout de constater la vitalité du réseau associatif et de découvrir les nouveaux outils pédagogiques portés par le réseau. Issu d’une petit film projeté en début d’après-midi, ce témoignage se cumule à des dizaines d’autres, recensés par les membres du réseau.
Des mauvaises expériences du quotidien qui finissent par troubler les concernés eux-mêmes. “Certains font preuve d’auto-discrimination : à force d’injustice, ils perdent confiance en eux et n’osent plus prétendre à leurs droits”, explique Adolé Ankrah, la présidente du réseau dans le Val-de-Marne. “C’est important de travailler sur les blocages psychologiques pour les déverrouiller et enrayer ce mécanisme“, complète Aïsseta Cissé, directrice de l’association Générations II, implantée en Essonne. Pour y parvenir, le réseau propose une série d’outils mis à disposition des associations membres. Un jeux de carte sur la laïcité créé avec SOS Racisme et la MPT Youri-Gagarine de Champigny-sur-Marne, le “jeu des 1 minutes” , où l’on doit exprimer son avis sur un sujet en 60 secondes maximum, ou encore cet atelier d’analyse médias d’un sujet d’actualité, qui permet d’expliquer que la presse est plurielle et écrit différemment les mêmes faits en fonction de son positionnement. Des expositions itinérantes sont également disponibles. Du sexisme ordinaire – un homme est un super papa pour ses collègues quand il pose une journée “enfants malades” alors qu’on dit à sa femme, qui prend la même disposition, “qu’on espère que ça durera pas longtemps” , au racisme bête et méchant – un jeune non reçu par un employeur à cause de sa couleur de peau – , “la lutte contre les discriminations nous concernent tous. Chacun d’entre nous, sans même sans rentre compte, peut devenir l’auteur d’une discrimination“, avertit Adolé Ankrah.
Créé en 1983, le réseau s’est implanté en Val-de-Marne en 2005. Il fédère une quinzaine de structures, parmi lesquelles l’association Arc-en-Ciel de Villeneuve-Saint-Georges, la Maison de la prévention de Fontenay-sous-Bois, l’Office municipal des migrants à Champigny-sur-Marne ou encore l’association Rayon de Soleil, à Chennevières-sur-Marne.
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