Société de conseil en ergonomie et conditions de travail, basée à Boissy-Saint-Léger, DOH a progressivement développé ses propres solutions et produits pour prévenir les maladies professionnelles, et déposé ses propres brevets. Histoire d’une petite entreprise innovante avec Yves Crimersmois, son créateur (3e en partant de la gauche sur la photo).
Créer son entreprise, ce n’était pas vraiment le projet d’Yves Crimersmois avant qu’il ne se retrouve licencié de chez l’éditeur de logiciels dont il avait développé la cellule conseil, laquelle s’est retrouvée externalisée en 2004. Il a alors 48 ans. L’idée de se lancer, c’est sa conseillère Pôle Emploi qui lui suggère. «A votre âge, vous avez plus de chance de trouver des clients plutôt qu’en employeur, m’a-t-elle dit. Sur le coup, cela ne m’a pas vraiment fait plaisir je dois dire, mais cette remarque a agi comme un électrochoc. Je me suis dit : pourquoi pas ?», se souvient le patron de Doh, cabinet de conseil en ergonomie et gestion des ressources humaines.
Ergonome et physiologiste du travail de formation, Yves Crimersmois revient à un domaine qu’il connaît bien, l’insertion et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées. Avant de rejoindre l’éditeur de logiciels, il a en effet été délégué régional de l’Agefiph (l’association chargée de gérer le fonds de développement pour l’insertion professionnelles des personnes handicapées institué après la loi de 1987 qui oblige les entreprises de 20 salariés et plus à employer 6% au moins de personnes handicapées). Il décide donc de créer un cabinet de conseil pour accompagner les entreprises dans cette problématique.
Un centre d’appels pour trouver ses premiers clients
Pour trouver ses premiers clients, Yves Crimersmois fait appel à un centre d’appels pour décrocher ses premiers rendez-vous. «Je savais que si je démarchais directement, je risquais d’en dire trop et de commencer à délivrer le service. J’ai trouvé un petit centre d’appels près du Mont Saint Michel et il m’a trouvé mes deux premiers prospects et clients, dont l’un est aujourd’hui mon plus gros client», se souvient l’entrepreneur.
Attention à la trésorerie
Après six mois de mise en route, le consultant fait venir ses deux anciens collègues de la cellule consulting qu’il avait mise en place chez l’éditeur de logiciel. Les difficultés de départ ? «La trésorerie», répond sans hésiter Yves Crimersmois. Difficile de soutenir la croissance au départ car les charges s’alourdissent et il y a toujours un décalage de temps avec le paiement des clients. «Assurer la trésorerie a été notre premier objectif. Les aides à l’emploi et le fait que nous ayons été aux Assedics pendant les premiers temps a permis de passer ce cap. Nous n’avons embauché notre premier salarié qu’une fois la trésorerie constituée», insiste le chef d’entreprise.
Certifications et agréments pour conquérir de nouveaux marchés
«Une étape clef a été le travail sur les certifications et les agréments. Nous nous sommes rendus compte que les entreprises avaient besoin que nous soyons reconnus non seulement par nos diplômes respectifs mais aussi par l’Etat. Cela nous a permis de prendre place dans plusieurs marchés comme celui de l’expertise CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui compte pour 30% de notre chiffre d’affaires aujourd’hui», indique Yves Crimersmois.
Progressivement, le cabinet diversifie ainsi son activité au-delà des seules personnes handicapées, pour se consacrer à l’amélioration des conditions de travail et à l’ergonomie pour tous. Une nouvelle structure, Doh, succède à une première, Effitec. «Finalement, nous faisons plus aujourd’hui pour les personnes handicapées, en envisageant l’ergonomie pour l’ensemble du personnel, sans marginaliser les porteurs de handicap», estime le créateur.
Diversification dans l’ergonomie de conception avec des produits innovants
Pour accompagner ses clients jusqu’à la solution finale, Doh se lance également dans l’ergonomie de conception, passant du conseil au produit. L’entreprise a développé pour cela une cellule de recherche et développement pour mettre en œuvre, tester et valider ses préconisations en matière de poste de travail. «Aujourd’hui, ce service compte quatre personnes. Nous avons par exemple créé un robinet spécial où il n’y a pas besoin de forcer, à l’attention des contrôleurs laitiers, afin qu’ils ne se fassent plus mal au poignet. Nous développons également un outil de prévention des maladies musculo-squelettiques professionnelles qui avertit les personnes lorsqu’elles se retrouvent en zone d’inconfort qui pourrait mettre en péril leur intégrité physique, avant même qu’il y ait douleur. Cela est le cas notamment lors du port de charge par exemple. Nous avons déposé un brevet pour cela et nous sommes associés à des industriels pour la fabrication», expose le dirigeant.
Autre axe de diversification, toujours dans le prolongement logique de son approche conseil : la formation sur l’organisation de temps de travail, les troubles musculo-squelettiques, les maladies professionnelles… dans tous les secteurs.
Aujourd’hui, Doh compte huit salariés. «Il nous manque encore un commercial, car je m’en occupe en direct avec mon fils qui est également consultant, mais il nous faut pour cela augmenter encore notre chiffre d’affaires de 20% à 30%», se projette le dirigeant.
Merci pour ce reportage (et merci pour la précision quant au lien avec la CCI).
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