Arrivé en tête lors du renouvellement du Conseil d’administration de l’Université de Créteil (Upec), le président sortant Luc Hittinger a finalement été battu au “troisième” tour par Olivier Montagne, à raison de 19 voix contre 12 plus un blanc. Retour sur cette élection coup de théâtre qui remet sérieusement en question le calendrier et les modalités de la fusion entre l’Université de Créteil et celle de Marne-la-Vallée, sujet bouillant qui a cristallisé le débat et contribué à la défaite du président sortant.
A l’Upec, la campagne ne s’est pas arrêtée au soir du 4 février, date à laquelle ont été renouvelés les différents collèges du Conseil d’administration (enseignants, personnels, étudiants, personnalités extérieures, représentants de collectivités…). Ont suivi des rencontres avec chaque syndicat, association étudiante… pour aller chercher les voix une par une au sein du Conseil d’administration. Fait le plus important : les deux listes qui s’étaient présentées en faisant campagne sur une remise en question du planning des noces entre les universités de Créteil et Marne-La-Vallée ont fusionné contre celle du président sortant, favorable à une union dès 2017. Ce mardi 8 mars, le score a été sans appel, Olivier Montagne, vice-doyen de la faculté de médecine de l’Upem, issu de la liste autonome Quelle gouvernance pour quelle université ? lancée spécifiquement pour repenser la gouvernance de l’université et les modalités de son rapprochement avec l’Upem, a été élu au premier tour du scrutin, avec 19 voix sur 32, soutenu par la liste Stoppons la fusion et décidons ensemble (qui était soutenue par le SNESUP-FSU, SNPREES-FO et SupAutonome-FO). L’ancien président, Luc Hittinger, qui avait été élu en mars 2012 à la succession de Simone Bonnafous, et qui se présentait au nom de la liste Penser l’avenir, agir ensemble, soutenue par le SGEN-CFDT, n’a obtenu que 12 voix. “Nous avons fait le plein des voix du collège étudiant”, indique Guillaume Poiret, vice-doyen aux moyens de la Faculté de lettres et sciences humaines, également de la liste Quelle gouvernance pour quelle université ?.
La fusion a fait basculer l’élection
Pour ce dernier, la question de la fusion des universités a pesé très lourd dans l’élection. “Il ne s’agit pas de rejeter en bloc le rapprochement entre les deux universités mais la date de 2017 était inacceptable. Il faut d’abord poser à plat les questions de gouvernance et discuter dans le détail les modalités de rapprochement (association, fédération, fusion ?)“, reprend le vice-doyen soulignant notamment que le départ de l’IUP en Seine-et-Marne, dans le cadre de la fusion avec l’IFU pour constituer l’Ecole d’urbanisme de Paris (EUP), n’avait pas été complètement digéré.
L’échec du projet I-Site Future a aussi pesé
Un autre dossier a joué en défaveur du président sortant, celui du projet I-Site Future, non retenu lors de l’appel à projets de l’Etat dans le cadre du deuxième programme d’investissements d’avenir (Pia2). Les deux universités de l’Est parisien (Upec et Upem) et une vingtaine de partenaires allant de l’école Vétérinaire de Maisons-Alfort à l’IGN en passant par Thales, l’Anses, l’Inserm, la CCI, l’AP-HP…avaient déposé un dossier pour développer ensemble leur expertise sur le thème de l’homme et la ville, autour de deux thématiques : les interactions santé humaine et animale et environnement, d’une part, et les transformations urbaines et environnementales de demain et leur croisement, d’autre part. Parmi les 8 projets présélectionnés sur 20, ce projet, le seul d’Ile-de-France, n’a finalement pas été retenu dans la dernière phase de sélection qui n’en a labellisé que quatre. Une grosse déception au vu de l’image d’excellence du label et des sommes en jeu. Le Pia est en effet doté au total de plusieurs milliards € (20 milliards € pour le prochain, Pia 3, auquel devrait à nouveau concourir l’université). “Nous considérons cela comme un échec et aurions souhaité que cela entraîne une plus grande remise en question sur la manière de mener ce projet. Nous avons été notés C dans toutes les catégories, c’est bien qu’il y avait un problème. Par exemple, le dossier, composé d’une succession de projets, ne répondait pas suffisamment à l’exigence mono-thématique“, pointe Guillaume Poiret.
A la présidence, un cardiologue remplace un cardiologue
Concernant le profil universitaire du nouveau président, on reste dans le domaine médical, avec même une spécialité commune, la cardiologie. Son parcours est aussi très lié à la pédagogie médicale et l’enseignement de la médecine. Professeur des universités – praticien hospitalier (PU-PH) en thérapeutique et titulaire d’un DIU de pédagogie médicale et de l’Habilitation à diriger des recherches de l’école doctorale Sciences de la vie et de la santé de l’université, ce vice-doyen de la faculté de médecine depuis 2011 était en charge de la formation des futurs médecins, de l’universitarisation des professions paramédicales et de la formation continue des praticiens en santé. Il était également assesseur à la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU), membre du conseil académique depuis 2014 et membre élu de la Commission de Recherche de l’Upec depuis 2007. Il est par ailleurs praticien hospitalier à Henri Mondor et a assuré les fonctions de chef du pôle Recherche clinique santé publique depuis 2008.
Détail des fonctions d’Olivier Montagne
Fonctions universitaires :
– Vice-Doyen de l’UFR de Médecine de l’UPEC depuis 2011
– Vice-Doyen (avec délégations de Décanat) de mars 2014 à mars 2015
– Membre élu de la Commission Recherche de l’UPEC depuis 2007
– Assesseur CFVU de novembre 2014 à février 2016
– Membre du Conseil Académique et du Conseil Académique Restreint de l’UPEC
Fonctions hospitalières :
– Chef de service / Coordonnateur du Centre d’Investigation Clinique du Groupe
Hospitalier Henri Mondor (APHP) depuis 2006
– Chef de Pôle hospitalier : pôle « Recherche Clinique et Santé Publique » au sein du
Groupe Hospitalier Henri Mondor (APHP) de 2008 à 2016
– Membre de la Commission Médicale d’Etablissement du GH Mondor
Le président du Conseil départemental souhaite rencontrer le nouveau président
Sitôt élu, le nouveau président a déjà reçu les félicitations du président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier. “Avec Jeannick Le Lagadec, conseillère départementale chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, je tiens à lui apporter toutes mes félicitations et à lui souhaiter, ainsi qu’à son équipe, plein succès dans ses nouvelles responsabilités. S’appuyant sur son Schéma départemental de l’enseignement supérieur et de la recherche, le Conseil départemental entend demeurer un partenaire privilégié de l’UPEC, au service du développement de la recherche et de la réussite des étudiants. A cet effet, Jeannick Le Lagadec et moi-même sommes disponibles pour rencontrer Monsieur Montagne et son équipe, avec qui je souhaite une excellente collaboration pour les années à venir”, a ainsi déclaré le sénateur communiste dans un communiqué.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.