Ce jeudi 31 mars, lycéens et étudiants n’étaient pas en reste dans les manifestations contre la loi El Khomri sur le travail. Pour certains, c’était même la première manif. Dès le tout début de matinée, plusieurs lycées étaient bloqués, à l’instar
d’Edouard Branly à Nogent-sur-Marne. Poubelles alignées devant les grilles et chaîne humaine pour empêcher tout passage. Les lycéens sont désormais bien organisés, qui en étaient déjà à leur deuxième blocus. “Nous on veut la révolution” , “Un monde où nos études ne nous garantissent pas de travail , ça nous sert à rien” , “Un travail qui ne nous garantit pas d’avenir, ça nous sert à rien non plus”. Pas de débordement toutefois, on harangue gentiment, perché sur une poubelle, avant de partir rejoindre les élèves des lycées Berlioz à Vincennes et ceux d’Hélène Boucher à Paris, pour aller manifester à Paris.
A l’Université de Créteil, l’AG (Assemblée générale) du jeudi avant la manif est devenue l’habitude depuis quelques semaines. “Il faut qu’on fasse monter la sauce et qu’on fasse des actions coup de poing !” lance Maximilien, depuis l’amphithéâtre vert du Campus Centre. Parmi les étudiants, se sont joints une poignée de lycéen de Gutenberg, établissement cristolien. Ce matin, ils ont appelé les étudiants de l’UPEC à la rescousse pour organiser le blocage de leur lycée. “On est arrivés à 7h pour bloquer le lycée, et on a distribué de nombreux tracts” , témoigne Taylan Tuzlu, le président de l’UNEF à l’UPEC. “Mais très vite, les portables des lycéens ont sonné. Leurs parents, prévenus par l’administration, leur demandaient d’arrêter la mobilisation et d’aller en cours” , regrette-t-il. Seuls quelques uns suivent finalement les étudiants jusqu’à l’université pour participer à l’AG.
“On est contre la loi, nous aussi, mais notre parole n’est pas considérée, encore moins si on est pas majeur et qu’on ne vote pas” , regrette Samuel, lycéen de Gutenberg, qui s’est perdu dans les couloirs de l’université. “J’ai perdu mes amis ! Il faut que je les retrouve avant de partir, car à Paris, ça sera impossible” , sourit-il. “C’est aussi pour leur donner la parole qu’on invite les lycéens. On veut les intégrer à 100% à la manifestation, qu’ils participent activement à l’AG, qu’on débatte tous ensemble. C’est un espace de réflexion qu’ils n’ont pas toujours au lycée” , défend Taylan Tuzlu.
Pour coordonner les luttes, un comité de mobilisation entre étudiants et lycéens du département va du reste être mis en place. Pendant l’AG, une dizaine de mains se lèvent, se portant volontaires pour composer ce comité qui sera chargé de relayer les informations de mobilisation, d’organiser la distribution de tracts ou l’éventuel blocage d’établissements. Les plus engagés se proposent même pour représenter l’UPEC lors d’une réunion de coordination nationale qui se tient ce weekend à Rennes. A main levée, Taylan, qui étudie en L2 de Droit en plus de ses activités à l’UNEF, Prisca, encartée à l’UNEF, étudiante en L2 de Lettres Modernes et très mobilisée et Léo, qui postule au CAPES, sont mandatés pour porter la voix de l’Université à Rennes. Dans les rangs de l’amphi, quelques enseignants ou représentants syndicaux soutiennent les étudiants. “Ce projet de loi est scandaleux : il permet d’outrepasser le Code du Travail, qui fixe des règles communes. N’importe quel jeune sera menacé de licenciement dès qu’il osera s’opposer ou revendiquer” , estime Eric Pellet, professeur de Lettres Moderne et élu au Conseil d’Administration de l’Université, qui défilera aux cotés de ses collègues à Paris.
Bonne ambiance sous les parapluies
Réunion achevée, la quarantaine de lycéens cristoliens et d’étudiants de l’UPEC rejoignent chacun la place d’Italie pour se fondre dans les différents groupes en fonction des affinités, des convictions politiques ou syndicales. “Je préfère défiler avec la CGT du Val-de-Marne (CGT94), car dans les cortèges de jeunes, certains partis récupèrent parfois les manifestants” , décide Maximilien, étudiant en L3 de Lettres et habitant de Champigny-sur-Marne. “C‘est plus difficile de mobiliser sous la gauche. Là, on a eu la loi Macron, le CICE, la loi El Khomri, le débat sur la déchéance de nationalité, et la mobilisation germe à peine. Avec un gouvernement de droite, la société aurait explosé depuis longtemps” , analyse Yohann, étudiant en L3 d’Histoire et habitant de Valenton. “On manque de coordination avec les syndicats” , pense aussi Perrine, croisée sur la place de la Nation, sandwich triangulaire en main. “Moi, je réponds présente pour les manifs, mais je ne suis pas dans les organisateurs. Je ne sais pas trop ce qu’il se passe, je pense que les syndicats font de la politique. Mais nous, on n’en fait pas, on veut juste défendre notre avenir.”
Dans le cortège des étudiants, on croise d’autres écoles supérieures Val-de-Marnaises. “Même chez nous, la contestation est grandissante alors que l’école forme des futurs fonctionnaires pour la plupart” , relate Isaiah, étudiant en 3e année de biologie à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Cachan. “Au début, il faut avouer que seuls les étudiants sympathisants d’extrême-gauche se sentaient concernés” , précise celui qui tient la tête du cortège de l’ENS, qui compte une trentaine d’étudiants. “Mais maintenant, c’est toutes les sensibilités politiques qui sont mobilisées, et c’est ça qui est énorme. On organise beaucoup de débats, on échange. On n’a pas encore bloqué l’école mais pourquoi pas, si c’est voté ?”
En fin de manifestation, sur la place de la Nation, les étudiants se dispersent rapidement, alors que l’ambiance devient électrique entre certains manifestants et les forces de l’ordre. Léo, avant d’aller à Rennes, a prévu de passer la nuit sur la place de la République, pour une Nuit Debout qui mêlera débats et performances artistiques. Finalement, entre 28000 personnes, selon la police, et 160 000, selon le syndicat FO, ont manifesté à Paris. A l’échelle nationale, 1,2 millions de manifestants sont revendiqués par les syndicats. “On monte en puissance jusqu’au samedi 9 avril, date du prochain grand rassemblement” , prévient Maximilien.
Moi j’ai la solution,on les prend tous on leur confie le pouvoir pendant 1 an.
Histoire de rigoler un peut
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