Transfert ou regroupement d’écoles, suppression d’effectifs, alignement des organisations départementales, redéfinition des missions et repositionnement stratégique… la Chambre de commerce d’Ile-de-France, qui va devoir composer avec un budget 2016 extra-light, fait sa révolution tout en défendant sa spécificité. Entretien avec Gérard Delmas, président de la CCI du Val-de-Marne.
Les chambres de commerce n’échappent pas aux mesures d’économie, entre la quote-part qui leur est demandée pour participer à la réduction du déficit public et une baisse des ressources fiscales liées à la taxe pour frais de chambre payées par les entreprises. Entre 2013 et 2016, le budget de la CCI Ile-de-France s’est ainsi allégé de 300 millions d’euros. Et à chaque année nouvelle, ça coince de plus en plus. Après un plan de départ volontaire de 700 personnes l’année dernière, un nouveau plan de suppression de 315 emplois, sur un effectif d’environ 5 000 personnes, a été décidé lors de l’Assemblée générale de la chambre qui se tenait le jeudi 7 avril. Un nouveau plan qui épargne néanmoins largement la CCI Val-de-Marne où seulement deux postes seront concernés, la chambre ayant déjà consenti à une baisse de ses effectifs de 27% depuis juin 2015. Alors que les 24 écoles consulaires représentent environ les deux-tiers des effectifs, des rapprochements pourraient être envisagés dans l’avenir, voire pour certains un désengagement partiel ou total de la Chambre. Ainsi l’Institut de Formation des apprentis Chauvin, dans le Val-d’Oise, devrait être cédé tandis que le centre d’orientation scolaire de la Chambre (Bureau d’information et d’orientation professionnelle, BIOP) sera fermé.
Jouer la double carte : territoriale et régionale
En dehors de ces mesures d’urgence, la Chambre de commerce a pris le taureau par les cornes pour repenser complètement son organisation, en alignant les organigrammes et le nombre de collaborateurs de chaque département. “La question que nous nous sommes posée est : comment voit-on la chambre demain ? Que peut-on apporter pour être lisible et efficace au niveau économique ?“, indique Gérard Delmas, président de la CCI Val-de-Marne. “Nous avons avec nous un atout fort, notre double implantation à la fois territoriale et régionale, qui nous permet à la fois d’être en contact directe avec les entreprises et commerces locaux, petits et grands, en phase avec leurs préoccupations, et de développer une vision régionale. C’est cela qui fait notre identité et notre spécificité et nous devons cultiver cette articulation“, défend le patron de la Chambre val-de-marnaise.
Une réorganisation pour traduire le repositionnement
Concrètement, l’activité sera désormais structurée en deux branches opérationnelles dans chaque CCI, l’accompagnement des entreprises d’une part (qui chapeautera les formalités et la création, le développement des entreprises, le développement des réseaux – une mission qui tient de plus en plus à coeur des CCI, conscientes de leur rôle fédérateur et du besoin crucial de réseautage des entrepreneurs – et l’international), le développement territorial et commerce d’autre part (qui chapeautera le commerce et les études et informations territoriales). La direction aura directement en charge les partenariats et recherches de co-financement de projets, la promotion ou encore la vie institutionnelle. Pour gérer cela, sont prévus 54 collaborateurs par chambre, épaulés au siège par une vingtaine d’experts. Objectif de ce cadre identique pour toutes les chambres, une meilleure lisibilité en interne comme en externe. Le site même de la CCI Créteil devrait être repensé pour devenir une vraie “maison des entreprises”, avec des espaces de coworking facilitant l’accueil et les relations d’affaires des entrepreneurs et partenaires.
Santé, agroalimentaire et Grand Paris Express : 3 dominantes de la CCI 94
Au-delà ce cadre toutefois, chaque chambre conserve des pôles de compétences propres, développés en cohérence avec son tissu économique et sur lesquelles elle a un rôle de chef de file vis-à-vis des chambres qui n’ont pas forcément développé cette spécificité. “Historiquement, nous sommes chefs de file sur les thématiques santé et agroalimentaire, filières puissantes dans le Val-de-Marne, autour desquelles nous avons développé des incubateur – pépinière – hôtel d’entreprises (IPHE), à Villejuif (Villejuif Biopark) et sur le Min de Rungis (Rungis & Co). L’Ile-de-France recèle les meilleurs hôpitaux, les meilleurs professionnels de santé, nous devons travailler à la reconnaissance de ce pôle au niveau mondial pour attirer des entreprises de partout“, insiste Gérard Delmas. “Nous sommes également pilotes pour l’accompagnement des commerces et entreprises impactées par les travaux du Grand Paris Express, dans le cadre d’un partenariat avec la Société du Grand Paris. Nous mettons en place les pratiques dans le département, le plus impacté par le début de ce chantier, et aiderons à les déployer ensuite dans les autres départements. Il s’agit pour nous d’un très gros dossier.”
Quelle place pour la CCI 94 dans les territoires de la métropole ?
“Nous sommes prêts à travailler avec les trois nouveaux territoires du Val-de-Marne. Nous pouvons par exemple intervenir en accompagnement pour rechercher des financements. Je vois les territoires comme des leviers pour construire la métropole avec, je l’espère, une dimension économique forte.” Regroupée depuis 2013 dans la CCI Paris Ile-de-France, la CCI Val-de-Marne fêtera son 50e anniversaire en décembre 2016.
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