Les Chantiers de la Haute-Seine, installés à Villeneuve-le-Roi, ne connaissent pas la crise. La plupart des barges et des bateaux touristiques qui voguent sur la Seine sortent de ses ateliers, à quelques kilomètres de Paris. Et ce plus gros chantier fluvial de France compte bien jouer son rôle dans la construction du Grand Paris Express.
“Un convoi de 5000 tonnes, c’est à dire deux barges tractées par un pousseur, représente 200 semi-remorques : le calcul est vite fait !” , lance Jean Bergouignan, directeur général des activités granulats chez Cemex. Rachetés par le groupe mexicain en 2005, les Chantiers de la Haute-Seine plaident l’importance du fleuve dans la fluidité des transports métropolitains. “Sans ce transport, la ville de Paris serait totalement saturée, toute la journée. Avec le Grand Paris Express, il va y avoir d’énormes chantiers, qui vont nécessiter l’évacuation de centaines de tonnes de déblais. Pourquoi ne pas saisir cette opportunité ?” Pour répondre aux besoins de ses clients et d’éventuels prospects, les Chantiers de la Haute-Seine disposent de 87 barges, entreposées dans différentes stations franciliennes, et de 13 bateaux pousseurs, qui effectuent aussi des opérations de dépannage sur les eaux de la région.
Mais le cœur de métier des Chantiers de la Haute-Seine, inaugurés en 1919, c’est bien la construction fluviale. 50 mécaniciens, soudeurs, diésélistes, chaudronniers et électriciens s’affairent dans les ateliers pour construire les tronçons de 15 tonnes qui seront ensuite assemblés, grâce aux deux grues du chantier, dans un hangar spécifique à la réalisation finale des bateaux. Le chantier mesure 120 mètres de long et 11,40 mètres de large, le maximum autorisé pour passer dans les écluses franciliennes. Avec ses cales de 800 et 500 tonnes et deux plus petits outils d’une capacité de 150 tonnes, les Chantiers de la Haute-Seine affichent la capacité de tirage à terre la plus importante de France en matière de chantier fluvial. “60% de notre clientèle concerne des bateaux de tourisme, et 30% sont des clients Cemex, qui utilisent nos barges pour l’activité du granulat. Reste une poignée d’artisans dans le transport logistique” , précise Frédéric Motreff, le directeur des Chantiers de la Haute-Seine, qui rénove également les péniches des particuliers.
Si une construction neuve nécessite un an de travaux, le chantier fluvial ne chôme pas et signe certaines des inaugurations les plus prestigieuses, comme le trimaran Isabelle Adjani, rénové il y a quelques semaines pour les Bateaux Parisiens, la barge du Crous, qui accueille un restaurant universitaire dans le XIIIe arrondissement de Paris, ou encore le Rosa Bonheur, péniche bien connue des noctambules de la capitale. Le MCF2, une sorte de salle des fêtes flottante pour la mairie d’Alfortville, quittera bientôt le chantier. “On peut imaginer que le transport fluvial soit privilégié lors des appels d’offres publics…” , espère Jean Bergouignan confiant en l’avenir du secteur.
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