Grands projets | | 25/05/2016
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Haro de l’Etat sur la friche VDO: les maires demandent des gages

Haro de l’Etat sur la friche VDO: les maires demandent des gages

Dans cette proche couronne de l’Est parisien, c’est un endroit assez unique et fortement convoité. Depuis l’actuel golf de Villiers-sur-Marne jusqu’à Ormesson-sur-Marne, en limite de la forêt Notre-Dame, chemine une large bande verte de 15 km de long et 80 mètres de large.  

Cette coulée verte a été préservée du béton car elle devait accueillir une rocade autoroutière (A87) pour relier l’autoroute A4 à la RD4 puis la RD19. Baptisée Voie de desserte orientale (Vdo), cette rocade n’a toutefois jamais été construite, laissant une réserve foncière de plus de 100 hectares qui traverse principalement Champigny mais aussi Villiers, Chennevières, Ormesson et Sucy. Un formidable gisement de densification urbaine, situé à seulement 15 km de Paris et à équidistance des aéroports d’Orly et de Roissy. Déjà pointé comme site à fort potentiel dans le schéma directeur régional (Sdrif), le site a été désigné pour constituer un CIN (Contrat d’intérêt national), voire une OIN (Opération d’intérêt national) à l’automne dernier. (Manuel Valls l’avait annoncé en octobre 2015 à l’issue du 3e comité interministériel sur le Grand Paris). Pour rappel, les OIN, délimitées par décret en Conseil d’État, voient le  le transfert de l’instruction et de la délivrance des autorisations d’urbanisme, ainsi que la compétence de création des ZAC, des maires à l’État, tandis que les CIN, imaginés par Thierry Lajoie, président de Grand Paris Aménagement dans un rapport  rendu en septembre 2015,   ont pour objectif de fixer la méthode pour que collectivités, institutions et Etat travaillent ensemble à l’aménagement du territoire.  Un CIN peut englober une OIN, comme c’est le cas pour le CIN de la Vallée scientifique de la Bièvre.  Pour l’instant, le CIN de la VDO n’est pas encore arrêté. Il devrait aboutir d’ici l’automne.

D’ores et déjà toutefois, l’Etat a prévu de modifier le périmètre de l’Epa Marne, l’un des deux établissements publics d’aménagement qui couvrent les 27 communes de Marne-la-Vallée, pour qu’il englobe toutes les communes situées sur la VDO, à savoir Champigny-sur-Marne, membre du territoire T10 (Paris Est Marne et Bois), ainsi que Chennevières-sur-Marne, Ormesson-sur-Marne et Sucy-en-Brie, membres du territoire T11. Bry-sur-Marne et Villiers-sur-marne étaient elles déjà dans le périmètre de l’Epa Marne (dans le secteur I, Portes de Paris, qui couvre également Noisy-le-Grand). Une extension du périmètre sur laquelle les villes n’ont pas été sollicitées directement mais via les conseils de territoire, au grand dam des élus. “Le préfet de région n’a pas jugé nécessaire de solliciter l’avis de la commune malgré les graves incidences de cette décision pour l’avenir de Champigny.  Ainsi, le foncier des terrains de l’ex VDO, propriété de l’Etat, passera directement sous l’autorité d’Epa Marne qui en a aussi désormais la compétence d’aménagement”, s’en est notamment ému le maire PCF de Champigny, Dominique Adenot. “Pourtant, nous avons signé un Contrat de développement territorial (CDT) avec l’Etat qui contractualisait nos engagements en matière de logements et établissait aussi clairement nos objectifs et nos priorités en matière de développement économique. Il y a de la place sur ces espaces pour accueillir une certaine forme d’industrie. Nous avons ici l’opportunité de travailler sur le rééquilibrage économique Est-Ouest”, défend l’élu qui craint que les objectifs du CDT ne soient relégués derrière ceux du futur CIN ou OIN, et s’inquiète d’une augmentation des objectifs en matière de logements. “Nous savions bien que le CDT n’était pas un rempart contre l’OIN“, commente-t-on au cabinet de la mairie de Chennevières, ville qui a refusé de signer le CDT des boucles de la Marne avec Champigny, Villiers et Bry.

“Les CDT seront les matériaux sur lesquels seront élaborés le CIN“, rassure Thierry Leleu, préfet du Val-de-Marne. A ce stade, un pré-projet de CIN a été élaboré par l’Epa Marne pour être présenté aux maires concernés. “Je vais désormais consulter chacun des maires à partir de leurs objectifs”, indique le préfet.

Ce lundi 23 mai, alors que la Métropole du Grand Paris devait donner son avis sur l’extension de l’Epa Marne, à l’occasion de sa séance plénière, elle a fait passer le message des communes en donnant un avis favorable assorti de réserves. En amont, le président du T10, Jacques JP Martin, maire LR de Nogent-sur-Marne, avait fait remonter la crainte d’une non prise en considération des projets territoriaux travaillés dans le cadre du CDT, “affirmant la vocation principalement économique des emprises de la voie de desserte orientale“. Lors de la séance, le président du territoire T11, Laurent Cathala, député-maire PS de Créteil, a de son côté fait voter un amendement “pour que l’urbanisation de ces espaces se réalise en respectant les orientations définies par les communes impactées en matière de logements, transports, activités économiques et paysages et l’EPT concerné.”

 

 

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