Inondations: dans les gymnases, on prend son mal en patience

Au gymnase Daniel Féry de Villeneuve-le-Roi, les enfants jouent au ballon tandis que les parents préparent le goûter. Ce matin aux alentours de 10 heures, Pedro est passé à côté du pire. «J’ai eu tellement d’eau dans mon jardin que je ne pouvais plus sortir de chez moi. Alors j’ai pris l’escabeau pour aller dans le jardin du voisin. Le frigo, le canapé, tout est fichu. Il ne me reste rien du tout à part une pièce d’identité. Je n’ai nulle part où aller. On n’aurait pas dit que ça allait se produire. Ce n’est vraiment pas de chance» témoigne ce père de cinq enfants, tous à l’abri cet après-midi. Virginie, l’une de ses filles, a dû mal à réaliser ce qui arrive. “Peut-être que la famille pourra nous aider à nous reloger mais ce n’est pas sûr. Et puis ma mère n’aime pas encombrer».

Toute seule et en fauteuil roulant, Claudette a été prise en charge par les autorités. « Je ne sais pas comment j’aurais fait toute seule. J’avais de l’eau au sous-sol. Je ne voulais pas partir de la maison mais les policiers m’ont convaincue. Si on m’avait coupé le courant, alors je n’aurais pas eu le choix. C’est sûr que j’aimerais mieux être chez moi qu’ici”, convient-elle. 

«Sur la route, on avait de l’eau jusqu’aux genoux. C’était un peu choquant mais on était préparé“, pointe  Steve, qui a eu le temps de remplir un gros sac de voyage de ses affaires personnelles et des médicaments pour sa fille. “Je n’y croyais pas. C’est vraiment dur. L’eau commençait à monter. Ça n’arrive pourtant qu’à la télé“, s’étonne encore Lydia, sa compagne. “Ils avaient fait des travaux sur les quais mais ça n’a pas empêcher la Seine de déborder. Et on ne peut pas combattre l’eau. On a pu partir grâce à la navette à côté du tabac mais certains de nos voisins n’ont pas voulu nous suivre et restent bloqués au premier étage.»

Gymnase Daniel Féry à Villeneuve-le-Roi

Au gymnase Jules Ferry de Villeneuve Saint-Georges, de l’autre côté du pont qui enjambe la Seine, ce-sont 80 personnes dont une vingtaine d’enfants qui mangent et dorment sur place. Ici, pas d’espace pour jouer au ballon mais seulement un petit coin regroupement comme à l’école autour des kaplas. Les sinistrés dorment sur des transats dans des chapiteaux ou en dehors. Le repas est activement servi par l’équipe municipale tandis que des vêtements chauds ont été apportés par la Croix-Rouge dans des sacs. A table, des voisins se retrouvent et tentent de dédramatiser autour d’une salade. “On n’a pas eu le temps de se rendre compte de ce qui se passait“, raconte Misaël, surpris à son retour du travail. “J’ai vu que les caravanes avaient été déplacées mais je ne comprenais pas. J’ai eu mon sous-sol inondé. Tous les meubles sont morts. Ce matin, j’avais l’eau à la taille. J’ai aspiré l’équivalent de 6 seaux de 25 litres. J’ai bien peur que ça dure. Ce serait la cata ! Mais on est résigné.” Tayfun garde le sourire malgré une première nuit passée au gymnase avec sa famille. Un peu plus loin, un autre habitant en a déjà assez. “Les gens sont trop bruyants, j’ai passé une nuit exécrable !”

Gymnase Jules Ferry à Villeneuve Saint-Georges avec Tayfun et Misaël