Au club de gym Family Move de Nogent-sur-Marne, ce n’est pas le nombre de rangées d’appareils de musculation qui fait la différence mais l’intergénérationnel. Retour sur l’aventure entrepreneuriale de son concepteur, Jérôme Fortunato.
Créer sa propre entreprise, Jérôme Fortunato en a eu envie dès ses études de sport (Staps) à l’Université de Créteil, même si à l’époque, il n’a pas encore de projet. Très vite, il sait toutefois ce qu’il veut ou ne veut pas. Il sait par exemple qu’il ne souhaite pas devenir prof de sport, et choisit d’opter pour une licence de management du sport, qu’il prolonge via une école de commerce en alternance (Rise) tout en travaillant comme assistant commercial dans une agence d’intérim. «Lors de cette formation, j’ai eu des cours de gestion, de ressources humaines, et je me suis dit : c’est cela que je veux faire», se souvient-il. Pour mettre en pratique sa formation, il arrive chez Décathlon, d’abord comme responsable de rayon d’un magasin puis de son service client, et enchaîne en prenant la responsabilité du magasin Guess de la Vallée Village.
Il a alors trente ans, deux enfants, et la sérieuse envie de s’installer à son compte. «Je me sentais prêt à assumer des responsabilités en termes de gestion, de comptabilité, de recrutement». Surtout, il sait ce qu’il va proposer. Jeune papa, Jérôme emmène ses enfants faire de la baby-gym et envisage d’ouvrir son propre club. Pour cela, il repart en formation en alternance pour passer un CAP d’animateur des activités gymniques liées à la petite enfance.
Habitant Neuilly Plaisance, le futur entrepreneur commence à visiter des sites alentours et craque pour une bâtisse aux larges volumes et poutres en bois à côté du port de Nogent-sur-Marne. Le bâtiment, qui accueillait les ambulances Saint-Michel après avoir été une petite fabrique au début du 20e siècle, est idéalement situé à proximité de la piscine, du stade et de ses équipements sportifs, à quelques centaines de mètres des autoroutes A4 et A86. Sis sur 300 m2, il est toutefois trop grand pour accueillir un seul club de baby-gym. Qu’à cela ne tienne, le projet est revu pour s’adapter au lieu, réaménagé avec une grande salle haute de plafond et une autre en mezzanine, sous-laquelle sont installés des vestiaires et une salle de réunion. Il est d’abord question de faire baby-gym et éveil sportif en bas et éveil musical en haut, avant que ne vienne l’idée de jouer l’intergénérationnel autour du sport, en accueillant les parents et les enfants en même temps, avec chacun leur activité. «J’ai testé l’idée autour de plusieurs personnes qui étaient toutes enthousiastes.» Family Move est né.
Ici, pas d’appareils de musculation disponibles en permanence mais une grille de cours (gym, zumba, cardio, pilate, stretch…) pour tous les âges, auxquels on peut s’inscrire à l’année ou à la séance. Certaines activités sont pensées parent-enfant et d’autres séparées. On peut aussi venir en adulte seul ou en enfant seul (à partir d’un certain âge). Il y a aussi des cours pour femme enceinte ou pour seniors, et des séances de coaching personnalisé.
Pour financer son projet, le trentenaire utilise ses économies, emprunte à sa famille et souscrit un prêt personnel en s’appuyant sur un Nacre (Nouvel accompagnement à la création ou la reprise d’entreprise), un dispositif de conseil qui aide à structurer son entreprise et obtenir des prêts.
Le démarrage, Jérôme ne s’en cache pas, a été compliqué. Pour commencer, les travaux traînent en longueur et leur facture explose. Le club qui devait ouvrir en septembre 2014 accueille ses premiers clients en janvier 2015, ce qui est beaucoup plus compliqué commercialement car les gens organisent généralement leur emploi du temps de l’année en septembre, au moment de la rentrée. «Tous les jours avant l’ouverture, j’étais dans la rue et devant les écoles, pour distribuer des flyers invitant à un cours d’essai gratuit.» Lors de l’ouverture le 20 janvier 2015, une vingtaine de personnes sont au rendez-vous.
En attendant que le bouche à oreille fasse son œuvre et que la rentrée de septembre arrive, Jérôme Fortunato réagit tout de suite en diversifiant ses propositions, tout en renégociant ses échéances auprès de sa banque et du propriétaire des lieux pour passer le premier cap. Dès le mois de février 2015, il propose des stages pendant les vacances scolaires. Banco, ceux-ci se remplissent immédiatement. Très vite aussi, il se lance dans l’organisation de goûters d’anniversaire où il fait tout lui-même, même le gâteau. Le principe : un grand jeu dans les différents espaces sportifs puis un goûter dans la salle de réunion. «Depuis la rentrée 2015, je fais des anniversaires tous les weekends, j’ai même été obligé d’ouvrir le dimanche pour faire face à toutes les demandes.» L’entrepreneur répond à chaque opportunité qui lui fait sens. Une cliente enseignante lui demande d’accueillir sa classe de CM1, il organise un grand jeu médiéval lors duquel les tapis de gym se transforment en château fort, les boudins de latex en béliers… de quoi faire travailler l’endurance sans y penser.
Depuis septembre 2015, le club accueille 150 personnes inscrites à l’année. «Je pense que nous serons à l’équilibre cette année», se réjouit Jérôme Fortunato. Pour l’instant, il ne s’est pas encore payé, mais il espère s’octroyer un Smic à partir de septembre, maintenant que la trésorerie est stable. Il a par ailleurs embauché une personne en CDI, mais qui est en arrêt de travail de longue durée. Il fait également appel à des auto-entrepreneurs qui prennent chacun des créneaux précis dans la semaine, en fonction de leur propre emploi du temps dans d’autres clubs de gym.
Alors que son activité se pérennise, le trentenaire envisage désormais un nouveau cap pour Family Move : la réplication, qu’il vise à l’été 2017, toujours en propre.
Et la vie personnelle ? «Au départ, j’ai eu envie de faire cette activité pour pouvoir faire du sport avec mes enfants. C’est super de pouvoir les accueillir à mon travail. Mais il est vrai que les journées sont longues, les weekends aussi. On est à fond dans l’entreprise, on parle Family, on vit Family. Ma femme, enseignante, est heureusement très solidaire de cette aventure. J’essaie aussi de profiter de tous les moments creux. J’emmène les enfants à l’école le matin dès que je peux. Je savais qu’il faudrait en passer par là au départ et j’espère que mon emploi du temps se normalisera à partir de 2017. Je n’ai pas besoin de 5000 euros par mois pour vivre. Si l’entreprise tourne bien et que j’ai deux jours de repos par semaine, je serai content.»
Article porteur de changements!!! Idée de base, processus de réalisation, vraiment nouveaux et tellement adaptés aux besoins habituels des familles mais aussi aux nouveaux désirs des générations Seniors et Juniors ! Ce club de gym est totalement in the mood, et j’espère qu’il fera des petits sur le territoire… De plus, une certaine catégorie d’individus va sans doute également trouver réponse à ses attentes dans cette nouvelle vision du club de gym : je suis une “senior ” de 61 ans, une future grand-mère qui d’ici quelques années aura ses petits-enfants près d’elle, le temps des vacances ; et je suis ,avant cela , une femme porteuse d’un handicap physique assez lourd, pieds et membres inférieurs multi-opérés, multi-traités (une main également, mais moins atteinte) . N’ayez crainte, on ne s’évanouit pas à ma vue, tant je n’ai plus rien d’humain! Je “trompe mon monde”, je marche, je conduis ma voiture, mais mon corps, régulièrement éprouvé , malgré ses limites fonctionnelles , ressent +++ le besoin de bouger, de faire de l’exercice, détendu, voire en s’amusant! Malgré le choix restreint des figures et mouvements de gym possibles pour moi, j’aimerais bien être conseillée et guidée par un professionnel, suffisamment formé, suffisamment humain, pour étudier mon “cas”, et me permettre de bouger sous toutes formes possibles , de me sentir vivante, en empathie avec mon squelette si particulier …Faire une activité physique adaptée, dans une ambiance accueillante, non médicalisée mais pas moins sérieuse, me paraît possible au Family Move ! Merci Jérôme pour cette initiative bienvenue pour toutes les générations, votre expérience ne peut être que très riche de la diversité des adhérents et de leurs besoins respectifs;
Quel bon vent porteur d’ouverture d’esprit, d’imagination, de tolérance, de positivité, et finalement, porteur de la satisfaction de tous, et de chacun! Hip Hip Hip! S’entretenir rime enfin avec plaisir !
Un concept très intéressant qui mériterait d’être décliné ailleurs… Enfin une opportunité de concilier ses activités sportives avec celles de ses enfants !
Super article pour un visionnaire
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.