Rien de tel qu’un concours d’architectes pour aider les habitants à se projeter dans un futur un peu flou et rêver en dehors des sentiers battus. Concernant le Grand Paris,
un premier concours lancé en 2008 par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, avait déjà donné lieu à des propositions de dix cabinets d’architectes et urbanistes pour faire exploser les frontières du périph. Certains, comme Bernardo Secchi pou Christian de Portzamparc, avaient imaginé de fusionner les gares du Nord et de l’Est et de les sortir de la capitale, à Stains ou Aubervilliers. Roland Castro misait sur des lieux emblématiques et symboliques, allant d’un Central Park à la Courneuve, un Panthéon à pied à Vitry-sur-Seine au niveau du Mac/Val (voir ci-dessous), une Agora du Grand Paris sur les quais d’Ivry, à la confluence de la Seine et de la Marne, une île remplie de tours végétalisées à Vitry, un château de vacance à la place du fort de Charenton, un lieu dédié à la gastronomie à Rungis… L’équipe d’Antoine Grumbach envisageait de voir le Grand Paris jusqu’au Havre. Voir le détail des projets sur le site de l’Atelier International du Grand Paris, groupement d’intérêt public né dans le prolongement de ce remue-méninge et destiné à poursuivre la réflexion stratégique et urbaine sur le Grand Paris.
Un appel à projets “clefs en main” dans la lignée de Réinventer Paris
Huit ans après, c’est au tour du Conseil de la Métropole du Grand Paris (MGP) de lancer un nouvel appel, Inventons la métropole, manière de donner consistance à cette nouvelle instance perçue comme une nébuleuse par les citoyens et même pas mal d’élus. A la différence du premier concours, qui avait permis de lancer des grandes réflexions urbaines tous azimuts, ce nouvel appel à projets, annoncé dès la deuxième séance du Conseil de la MGP le 18 février dernier, se veut plus concret, s’ancrant d’emblée sur des territoires bien précis en attente de développement ou re-développement urbain. Alors que l’appel à projets “Réinventer Paris” lancé par Anne Hidalgo en 2014 a permis de retenir 75 projets sur 23 sites, annoncés début février (avec dans son sillage une controverse du Conseil national de l’Ordre des architectes (Cnoa) sur les projets non retenus et non rémunérés), Inventons la métropole s’inscrit dans le même esprit, comme un prolongement extra-muros de cette initiative.
Dans cette optique, le président de la MGP, Patrick Ollier (LR), vient d’écrire aux 131 maires de la métropole (dont le périmètre s’arrête approximativement à Paris et les trois départements de petite couronne) pour leur demander s’ils disposent d’un terrain ou d’un projet de démolition-reconstruction pouvant être intégré dans l’appel à projet. Les équipes qui concourront, devront non seulement intégrer des architectes et urbanistes capables de développer des projets innovants mais aussi des aménageurs et des financiers afin de boucler leur financement et leur modèle économique. Objectif : “présenter aux maires concernés des projets clefs en main“, indique Patrick Ollier. Les projets pourront concerner aussi bien des logements que des activités, des équipements culturels, sportifs… et des opérations mixtes. “Un jury composé de personnalités, auquel seront associés la région et les trois départements de la petite couronne, sera constitué par la Métropole”, précise Patrick Ollier.
Dotation ?
Comment le concours sera-t-il doté. “C’est le Fonds d’investissement métropolitain qui sera sollicité dans le cadre de cet appel à projets”, explique Jacques J-P Martin, maire LR de Nogent-sur-Marne qui devrait être nommé à la présidence de la Commission des projets métropolitains ce vendredi 11 mars, lors du prochain Conseil métropolitain. Les montants en jeu et le détail des critères de sélection ne sont toutefois pas encore connus à ce stade. “L’un des objectifs de ce concours est de contribuer au rééquilibrage de la métropole“, motive néanmoins le maire de Nogent.
Séminaire de lancement à Nogent-sur-Marne
C’est au pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne que sera lancé officiellement l’appel à projets à la fin du mois de mai, à l’occasion d’un séminaire de travail avec les équipes opérationnelles qui viendront présenter le projet de concours devant le bureau de la MGP et les maires intéressés.
Après la métropole, le très très grand Paris de la Seine
En attendant, la ville de Paris, la métropole Rouen Normandie, la communauté d’agglomération havraise et les ports du Havre, de Rouen et Paris (Haropa) lanceront officiellement ce lundi 14 mars, à Rouen, le projet “Réinventer la Seine”. Un immense remue-méninge qui concernera 40 sites le long du fleuve. Un projet certes très orienté à l’Ouest, puisqu’il ira jusqu’à la Manche, mais qui partira des rives de Seine de l’Est parisien. Parmi les personnalités attendues lors de ce lancement, figure du reste Michel Leprêtre, président du territoire Grand Orly Val-de-Bièvre Seine-amont (T12).
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La pratique déviante de la Ville de Paris, qui consiste à faire travailler gratuitement sur des projets qui vont demander des milliers d’heures d’étude, fait des émules…
Dans quelles professions est-il imaginable de travailler autant sans être payé ?
Evidemment, seuls les gros acteurs (promoteurs, banques, investisseurs de tout poil) ont les moyens de jouer ce jeu-là. Et on sait bien que l’intérêt général n’est pas vraiment leur souci premier.
C’est désolant d’en arriver là…
… en 2008.
Pourquoi recommencer ce qui a déjà été fait il y a en 2008 ?
Pour dépenser encore plus d’argent.
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