Le ton était doux et la courtoisie infinie, mais les choses ont été dites. Ce mardi 19 janvier, le discours d’audience solennelle de rentrée de la procureure de la République Nathalie Bécache comme celui de Stéphane Noël, le nouveau président du TGI de Créteil arrivé mi-décembre, tout en s’encourageant mutuellement, se réjouissant de travailler ensemble avec beaucoup de nouvelles têtes et de servir une justice que chacun s’est employé à définir avec exigence, n’ont pas laissé de côté la crise des parquets et l’asphyxie des tribunaux. Une crise qui n’épargne pas le Palais de justice de Créteil.
Alors que les attentats de 2015 ont décuplé les besoins d’enquête pour prévenir le terrorisme, tandis que les affaires courantes continuent de croître, des trafics de drogue aux violences, liées notamment aux règlements de compte, les parquets ont fait connaître leur besoin urgent de moyens supplémentaires en décembre dernier, lors de leur Conférence nationale, prenant la décision de se recentrer sur leurs missions fondamentales. Une décision rappelée par Nathalie Bécache dès le début de son discours, avant d’illustrer son propos par les conclusions des rapports qui se sont succédé, de celui de Jean-Louis Nadal avec ses 67 propositions à celui de Pierre Delmas-Goyon, faisant état de la “saturation” et de “l’asphyxie” de la justice.
“Les procureurs ne veulent plus de mots mais des actes”
“Les procureurs ne veulent plus de mots mais des actes”, conclut la Procureure. “En attendant, le parquet recentre sa mission sur son coeur de métier”, évoquant en priorité la lutte contre la criminalité, les violences, les fraudes, la lutte contre le terrorisme… “Dans le Val-de-Marne, 70 jeunes ont fait l’objet d’un signalement et sont suivis par le parquet.” La procureure de la République a conclu en saluant le travail de la police dans ses différentes composantes, citant notamment les 385 affaires de trafic de stupéfiant gérées par le service des Douanes à Orly. Un mot aussi pour la Maison d’arrêt de Fresnes, dont le taux de sureffectif est de 192 %, et sur l’aide aux victimes. “Dans le Val-de-Marne, 60 personnes ont été prises en charge suite aux attentats du 13 novembre”, a-t-elle précisé.
De la place de la justice en France
Concernant les moyens, le président du Tribunal a rejoint sa consoeur du Parquet. “Il n’est pas possible de faire plus avec moins.” Tout en enjoignant à une réorganisation plus radicale, invitant à distinguer les affaires “juridiquement et humainement complexes” qui nécessitent les compétences d’un juge, et la justice de masse, faute de quoi de nouveaux moyens ne suffiront pas. Stéphane Noël a également plaidé pour la reconnaissance d’une place plus importante des avocats et à une collaboration plus en amont avec ces derniers. Sur les aspects matériels, le nouveau président a aussi rejoint le parquet quant à la nécessité de procéder à une vraie révolution informatique pour sortir du “bricolage“.
Chacun a bien sûr fini par une note positive. “Soyons ambitieux, soyons audacieux“, a ainsi conclu Stéphane Noël.
La situation de la justice en France, Etat de droit, est en effet scandaleuse. L’actuelle ministre de la justice brasse de l’air avec de beaux discours, mais ne fait rien, mais ni plus ni moins que ses prédécesseurs ! Cela est à l’origine d’erreurs de procédures de plus en plus fréquentes et graves, décourage les justiciables et renforce la capacité de nuisance de ceux qui disposent d’assez de moyens pour accumuler les recours … C’est vraiment une honte, tout comme la situation des prisons.
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