Il y a tout juste cent ans, le port de Bonneuil achevait sa construction, opérationnel dès le 15 octobre 1916. En pleine guerre 14-18, il s’agissait d’approvisionner les tranchées.
Parfaitement situé près de la ligne de chemin de fer, à l’intérieur de la ceinture des forts mais pas si loin du front de la Marne, ce site répondait aux critères indispensables et les travaux commencèrent dès l’été par la liaison jusqu’à la gare de Sucy-Bonneuil. Aux côtés des soldats du 5e regiment du génie, spécialisé dans les chemins de fer, s’activèrent des tirailleurs annamites du 10e bataillon indochinois, des ouvriers grecs, un groupe de travailleurs auxiliaires kabyles, puis, à partir d’octobre 2016, des prisonniers autrichiens.
Le port fête son centenaire ce samedi 17 septembre
Rendez-vous de 14h à 21h à la pointe du quai du Rancy
Au programme :
Trois croisières thématiques à bord du Francilien (40 personnes) avec l’association Au fil de l’eau
14h00 – 14h45 ( l’histoire du port), 15h00 – 15h45 (les oiseaux), 16h00 – 16h45 (l’environnement et la Marne)
Explications sur l’histoire du port avec les associations Bonneuil en Mémoires et l’Amarre
Village associatif avec expositions photos de l’association Bonneuil en mémoire, concours de pêche, découverte des oiseaux, village des entreprises, démonstrations de pompiers…
A partir de 18h, ambiance guinguette et spectacle de théâtre urbain avec la compagnie Les anthropoles, jeux de lumières sur les bâtiments industriels, projection du film du centenaire et illumination du port (21h).
Un rôle clef durant la première guerre mondiale
Rapidement, l’activité du port fut intense, explique Barty Mekri, président de l’association Bonneuil en mémoires. “Lorque l’armistice a été déclarée, le port fonctionnait 24 heures sur 24, éclairé la nuit.” En 1918, quelques 800 000 tonnes de matériel militaire et de charbon transitent ainsi par le port de Bonneuil. Les chargements arrivent des ports du Havre et de Rouen et poursuivent leur route à l’Est en train. L’armistice met fin à cette activité.
Entre deux guerres
Après la guerre, le port de Bonneuil met un peu de temps à retrouver sa dynamique. Le port ne présente plus d’intérêt stratégique pour l’armée et à l’été 1920, c’est un courrier un peu abrupt que reçoit le maire de l’époque. Le préfet de la Seine lui fait savoir que le ministère de la guerre n’est plus intéressé par ce port et que si la ville veut l’acquérir, elle a huit jours pour le faire savoir. Alors peuplée de quelques 800 habitants, Bonneuil n’a guère les moyens d’acquérir le port et ne donne pas suite. C’est donc l’ONN (Office national de la navigation, organisme remplacé en 1991 par VNF, Voies navigables de France) qui en prend la gestion, confiée également un temps à la Chambre de commerce de Paris, laquelle a un projet de canal qui ne verra finalement pas le jour.
Les travaux d’achèvement du port reprennent à la fin des années vingt. La famille Dufresne de la Chauvinière, qui a racheté le domaine du Rancy pour le lotir, participe financièrement en payant les entreprises françaises tandis que la firme munichoise Edwards u. Hummel, Alfred Kunz, spécialisée dans les tunnels, intervient au titre des réparations de guerre. La darse sud est achevée au début des années 1930. Le site accueille également un camping, alors que se développent les activités de plaisance autour de la rivière.
Durant la seconde guerre, le port de Bonneuil est occupé par l’armée allemande mais reprend du service auprès des alliés à la fin de la guerre, accueillant notamment un camp de prisonniers allemands. “Pendant la guerre, les terrains sont surtout occupés pour cultiver des légumes. Même les ministères avaient des jardins dans le port de Bonneuil“, relève Barty Mekri.
Vocation économique
Concernant l’activité économique, les premières entreprises se sont implantées dès les années 20. Dans les années 30, est notamment installée une usine Lancia, qui en raison des taxes qui frappent les importations de produits industriels, fabrique directement sur place ses Augusta, qu’elle renomme Belna, et ses Aprilia à destination du marché français. L’usine fermera toutefois avant la seconde guerre. “La plus vieille entreprise encore présente aujourd’hui est la Colas, arrivée dans les années 1930“, indique Barty Mekri. Bois, poteaux en ciment, enroibé, parpaing, les entreprises concernent principalement le BTP, même s’il y a eu aussi d’autres activités comme l’usine d’embouteillage Lesieur. Jusqu’en 1962, le port accueille également un entrepôt de l’armée américaine, servant de stockage avant répartition dans les différentes bases. En 1964, c’est la Fnac Marine qui s’installe, pour vendre des bateaux, et restera en place une vingtaine d’années.
“C’est son développement économique qui a permis le développement de la ville, insiste le maire PCF de Bonneuil, Patrick Douet, dans son invitation à fêter le centenaire du port. Mais sa vocation économique n’a pas toujours été une évidence, pointe l’élu, évoquant le combat d’Henri Arlès (maire de 1935 à 1971) “pour empêcher que le port ne devienne notamment une marina pour les Saint-Mauriens“.
Aujourd’hui, le port de Bonneuil, désormais propriété de Ports de Paris Haropa (établissement public qui dépend du ministère de l’Ecologie), est le deuxième port fluvial d’Ile-de-France avec ses 186 hectares et plus de 150 entreprises et il accueille un trafic de marchandises par voie d’eau de 1,2 millions de tonnes. Pour ce site à la fois relié à la route et au chemin de fer, la prochaine grande étape sera sa liaison avec la N406, une nouvelle desserte très attendue et qui doit être opérationnelle en 2020. Voir article.
Connaitre l’histoire des sites que l’on traverse souvent est très intéressant ; je n’avais pas fait de lien entre ce port et la première guerre mondiale.
La Deuxième Guerre de Trente Ans (1914-1945) est la conséquence logique de l’archaïsme fluvial des français qui ont préféré étendre des canaux (tendance inaugurée par Bonaparte et le canal de l’Ourcq et poursuivie par le plan Freycinet) que de développer les voies ferrées …
Rappelons le combat d’associations qui ont permis le réouverture du passage le long du Morbras en 2009, afin que vélo et piétons puissent joindre le Port au bas de Sucy.
Merci au directeur du Port de l’époque de l’avoir permis :
http://mdb94.org/MDB94-Archive-2016-05/mdb94.org/spipe786.html?article501
Merci aussi pour la signalétique anti angle morts au sol, pour une meilleure cohabitation vélos / camions.
Prochaine étape : que le pont ferroviaire SNCF / RER A soit ouvert aux piétons et vélos : les ponts de Bonneuil et Créteil n’étant pas actuellement cyclables, et la Mairie de St-Maur préfère très intelligemment un futur ascendeur en panne à un plan incliné sur le futur accès st-maurien à la Passerelle de la Pie.
Y’a pas que le prolongement de la N406 pour une mobilité efficace et respirable.
Objectivement ,je n’ai jamais vu de vélo sur la piste cyclable qui part du pont de Bonneuil et traverse cette ville ; mais sans doute n’étais-je pas là au bon moment … Une piste cyclable permet l’usage sécurisé du vélo, mais il y a encore beaucoup de travail pour promouvoir ce moyen de transport.
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