Après la Seine-et-Marne et la Seine-Saint-Denis, et aussi beaucoup d’autres départements, c’est au tour du Val-de-Marne de voir le nombre de ses centres d’information et d’orientation (CIO) revus à la baisse. Sur les 11 CIO du département, 7 pourraient fermer d’ici à la rentrée de septembre 2017.
Ce service public de l’Education nationale a pour mission d’accompagner les élèves de collège et lycée dans leurs choix d’orientation. Dans ces centres, on peut effectuer des tests, rencontrer des conseillers et consulter de la documentation sur les métiers et les formations, accompagné par les conseillers. Les Copsy (conseillers d’orientation et psychologues) interviennent également directement dans les établissements.
Rappel historique
L’importance de l’aide à l’orientation dans l’accompagnement des jeunes a été perçue et organisée en plusieurs étapes dès le début du vingtième siècle. Pour comprendre la situation actuelle, il convient de rappeler quelques unes de ces étapes. C’est après la guerre, en 1944, qu’un premier décret a créé et défini le poste de conseiller d’orientation. Au début des années 1950, ont été créés les premiers centres d’orientation. En 1955, un décret a précisé l’organisation de ces centres, indiquant que la rémunération des conseillers d’orientation serait à la charge de l’Etat mais que les frais de structure et de fonctionnement seraient à la charge des communes et des départements. C’est le 7 juillet 1971, qu’un nouveau décret institue les Centres d’information et d’orientation (CIO) d’aujourd’hui et les étatise, en les confiant intégralement à la charge de l’Etat, sous la tutelle de l’Education nationale, recommandant qu’il y ait “par principe”, au moins un CIO par district de l’Education nationale.
Officiellement donc, l’Education nationale est intégralement en charge des CIO à partir de 1971. Les habitudes étant prises, beaucoup de CIO resteront toutefois hébergés par les communes ou départements durant de longues années. Dans le Val-de-Marne, qui compte dix districts, il y a actuellement 11 CIO dont la majorité ont leurs frais de structure pris en charge par le Conseil départemental. Suite à la fermeture du CIO de Villeneuve-Saint-Georges (10e disctrict) en 2012, le seul district qui compte actuellement 2 CIO est le 1er, avec un à Nogent-sur-Marne (qui existait avant 1971 et a failli fermer en 2015) et un à Vincennes.
Les départements se désengagent les uns après les autres
Dans beaucoup de départements, nombre de CIO ont vu leurs frais de structures pris en charge par les départements, déjà en charge de ceux des collèges. Mais depuis quelques années, ces derniers se sont désengagées progressivement de cette charge, au fur et à mesure que l’Etat diminuait la dotation de fonctionnement aux collectivités locales. Une sorte de donnant-donnant, comme l’exprime clairement ce voeu de 2013 du Conseil général du Loir et Cher, qui acte de la suppression de financement de 2 CIO à Blois et Vendôme tout en félicitant le travail des CIO et en demandant à l’Académie de les maintenir. Dans l’Académie de Créteil, c’est la Seine-et-Marne qui s’est désengagée la première, dès 2015.
Outre la diminution des dotations globales de fonctionnement (DGF) aux départements, la récente loi Notre, qui a redéfini les compétences de chaque collectivité et supprimé la compétence générale des conseils départementaux (ce qui leur permettait d’intervenir dans tous les domaines) a également été dans le sens de ce désengagement, ne comprenant pas la question de l’orientation. C’est dans ce contexte que le Val-de-Marne a annoncé en début d’année au rectorat qu’il ne prendrait plus en charge les frais de structure de CIO à compter de la rentrée 2017, tout comme l’a fait la Seine-Saint-Denis.
Le rectorat propose des “cartes cibles”
En réponse, le rectorat de Créteil a décidé de se recentrer sur des “cartes cibles” pour assurer un service minimum. Dans le Val-de-Marne, cette carte cible porterait, selon nos informations, sur 7 CIO au lieu de 11, et ne couvre donc plus chacun des 10 districts du département. Concrètement, quatre CIO pourraient fermer à la rentrée 2017 : ceux de L’Haÿ-les-Roses (reporté sur Villejuif), Charenton-le-Pont, Nogent-sur-Marne (reporté sur Vincennes) et Saint-Maur-des-Fossés. Les personnels resteront en revanche en totalité, réaffectés sur d’autres CIO, et continueront d’intervenir dans les collèges et lycées où ils allaient.
Inquiétude des personnels
De quoi susciter l’inquiétude et la colère des personnels, qui défendent l’utilité des centres d’accueil de proximité pour les jeunes et leur famille. D’ores et déjà, le syndicat Snes a tenu une réunion à ce sujet, et écrit au rectorat et au Conseil départemental pour réclamer une audience, afin de réclamer le maintien de ces CIO.
“La loi Notre a supprimé la clause de compétence générale et nous ne sommes plus autorisés à financer les CIO qui sont une compétence de l’Etat. Nous en avons averti le rectorat depuis plusieurs mois en lui indiquant que nous assurerions cette charge durant toute cette année scolaire afin de lui laisser le temps de s’organiser. Il ne s’agit pas d’un désengagement de notre part mais d’une compétence qui n’est plus la nôtre. En ce qui concerne les CIO qui étaient hébergés dans des collèges, comme cela est le cas à L’Haÿ-les-Roses, où nous avons du reste effectué des travaux de rénovation, nous sommes d’accord pour continuer à héberger le CIO sans loyer à condition que l’Education nationale prenne en charge les frais de fonctionnement“, se défend Christian Favier, président PCF du Conseil départemental, indiquant “partager les préoccupations des personnels”.
Réduire le mille feuilles administratif n’est pas qu’une bonne chose : c’est indispensable pour deux raisons au moins : efficacité et économie. On pourrait le faire dans de très nombreux domaines.
Quant à la qualité des avis d’orientation, chacun jugera.
Mon expérience personnelle me conduit à penser que nombreux sont celles et ceux qui en monopolisent les prérogatives ont eux-mêmes suivi une mauvaise orientation.
L’idée de confier l’information et l’orientation des jeunes à des personnes qui n’ont jamais quitté l’école, passant directement du statut d’élève à celui d’enseignant conduit à exclure les moins bien adaptés à la scolarité, ce qui correspond parfois à une démonstration d’intelligence, et dans tous les cas n’implique aucunement à une capacité d’insertion dans la société. Combien de grands intellectuels ont bien vécu leur scolarité, et combien y étaient très mal jugés par leurs maîtres ?
La véritable question (pas la “vraie” question comme il est maintenant coutume de dire et écrire), ne serait-elle pas que l’orientation est un mal nécessaire à une société boiteuse ?
La supressionde la clause de compétence générale est une très bonne chose car elle va dans le sens de la simplification du mille-feuilles administratif qui parfois permet pour un même sujet à 2 voire 3 échelons administratifs de traiter du même sujet avec au final un coût de gestion important. A part les communistes pour lesquels la contrainte budgétaire n’existe jamais, tout le monde ne peut qu’en réjouir.
Bonjour à vous qui me lisez.
J’ai toujours pensé que l’avenir d’un pays dépendait de l’avenir de ses jeunes.
A la lecture de cet article, j’ ai tout de suite pensé que la suppression de CIO serait une mauvaise chose pour les jeunes. Mais ensuite, j’ ai affiné mon jugement en me posant 2 questions qu’adresse a l’ auteur de l’ article :
1- en quoi cette suppression d’ antennes communales est-il un probléme si les conseillers continuent à étre presents au sein des colléges et des lycées ?
2- comment étaient gérés et financés les CIO à leur création en 1950 et ne pourrait-on pas revenir à la forme d’organisation et de financement originels?
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