Société | | 13/04/2016
Réagir Par

Les Djiboutiennes violées ont stoppé leur grève de la faim

Les Djiboutiennes violées ont stoppé leur grève de la faim

Le 25 mars dernier, dix Djiboutiennes, réfugiées en France et en Belgique, avaient entamé une grève de la faim depuis le local du comité des femmes solidaires d’Arcueil, pour dénoncer les viols de guerre commis depuis 1993 par des soldats de l’armée régulière sur des femmes Afar. 

La date de cette initiative, soutenue par l’Association Femmes Solidaires et le Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité, n’était pas choisie au hasard. Se tenait en effet le vendredi 8 avril l’élection présidentielle à Djibouti. L’occasion de sensibiliser les élus et la population à leur cause, même si l’élection djiboutienne n’était pas au centre de l’actualité en France. Sans surprise, Ismaël Omar Guelleh, président depuis 1999, y a été réélu avec 86,68% des voix pour un quatrième mandat de cinq ans.  Une élection entachée d’un certain nombre d’irrégularités mais considérée  comme “libre et suffisamment transparente pour être considérée comme le reflet crédible de la volonté du peuple djiboutien“, selon la Mission d’observation de l’Union africaine.

Après 19 jours de grève de la faim, et l’évacuation de deux grévistes après quelques jours pour raisons médicales, les Djiboutiennes grévistes, dont plusieurs ont elles-mêmes subi des viols de soldats, souvent collectifs, ont décidé d’arrêter. Elles donnaient ce mardi 12 avril une conférence de presse depuis la mairie d’Arcueil, pour rendre compte de cette expérience et des quelques garanties qu’elles espèrent avoir obtenu.

Merci a tous, vraiment“, lâche Aïcha Dabale, présidente du Comité des Femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité, venue soutenir les grévistes et militante sans relâche pour les droits des femmes dans son pays,  également très active contre les mutilations sexuelles (excision, infibulation) dont sont encore victimes la majorité des filles djiboutiennes malgré l’interdiction officielle de ces pratiques.

Militants associatifs, habitants d’Arcueil, élus, les soutiens sont venus nombreux pour applaudir ces huit femmes. Dans le quartier du Chaperon vert où elles avaient été accueillies par le local du Femmes solidaires, l’entraide s’est vite organisée.  “Le matin, les étudiants apportaient du thé et du café, l’après-midi, les voisines plus anciennes ouvraient leurs portes pour leur offrir des douches“, témoigne Sabine Salmon, présidente de Femmes solidaires. “Des jeunes, qui ne savaient même pas que Djibouti existait, sont venus à notre rencontre pour savoir quel était le but de cette mobilisation. Et à Djibouti, tout le monde sait désormais où se situe Arcueil, et qui sont ces dix  femmes qui agitent la campagne présidentielle“, s’est réjouie une militante de l’antenne locale de Femmes Solidaires.

Quel bilan après ces 19 jours sans manger?

De nombreux parlementaires, élus, anciens ministres sont venus à leur chevet, mais aussi une délégation de l’Amicale Panafriacaine, l’ambassadrice des droits de l’Homme du ministère des Affaires étrangères,  Patrizianna Sparacino-Thiellay. L’association pour le respect des droits humains à Djibouti, le CNIDFF, l’Assemblée des Femmes, et les FEMEN, ont relayé leur parole. “Nous avons obtenu que la situation d’atteinte aux droits humains et les intolérables viols et violences massifs à Djibouti soit révélée dans le monde et dans les plus hautes instances européennes, l’assurance que la question des violences commises contre les femmes, notamment des viols et de l’accès à la justice des victimes est évoquée dans les échanges bilatéraux entre la France et Djibouti, que l’ambassadrice des droits de l’Homme continue à assurer un contact et un suivi régulier avec les ONG qui accompagnent les victimes de ces violences”, espèrent l’Association Femmes Solidaires et le Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité dans un communiqué.

Un comité de suivi des plaintes et une nouvelle grève de la faim en Belgique

Pour continuer leur combat, les grévistes de la faim et les deux associations qui portaient avec elles cette grève de la faim ont annoncé la création d’un Comité de suivi des plaintes et annoncé les noms des premiers soutiens de ce comité : Yvette Roudy, ancienne ministre, Marie-George Buffet, députée et ancienne ministre, Geneviève Couraud, présidente de l’Assemblée des Femmes, Marie-Christine Vergiat, députée européenne, Myriam Thiam, responsable de l’Amicale Panafricaine, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, Annie Guilberteau, directrice générale du CNIDFF, les FEMEN et Sabine Salmon, présidente nationale de Femmes solidaires.  “Le combat ne fait que commencer : le débat a été posée à Djibouti. Dès demain, d’autres Djiboutiennes, installées en Belgique, commenceront une grève de la faim pour prendre notre suite“, a encouragé Aïcha Dabale. Dans la salle, une Femen lance : “Vous êtes des lionnes !

 

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
Cet article est publié dans , avec comme tags , Grève de la faim, , Violences faites aux femmes
Aucun commentaire

    N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

    Ajouter une photo
    Ajouter une photo

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    Vous chargez l'article suivant