Justice | | 10/03/2016
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Les djihadistes de Champigny-sur-Marne à la barre

Les djihadistes de Champigny-sur-Marne à la barre

(voir aussi dernier article : Risquant 9 ans de prison, les ex-djihadistes plaident la réinsertion) Douze personnes, dont plusieurs habitants de Champigny-sur-Marne, sont jugées à la 16e chambre correctionnelle du Palais de justice de Paris depuis ce lundi 7 mars, accusées d’avoir participé à une filière de djihadisme avec un départ en Syrie à l’été 2013. Sur les 12, seules 5 sont présentes. L’enjeu du procès : déterminer si elles représentent un danger pour la société avant de travailler à  leur réhabilitation.

Tous ont la vingtaine, plusieurs sont pères de famille tout juste mariés. Il y a même une mère de trois enfants.

Je voulais aider les Syriens, les soigner” plaide Hedi Arbouche, converti à l’islam et originaire de Torcy. “Un pick-up d’enfants blessés avec du sang partout arrivait devant les hôpitaux, ces enfants auraient pu avoir l’âge de ma fille ! Le rapport à la mort en Syrie, c’est tous les jours“, justifie le jeune homme, parti en Syrie le 13 août 2013. Des clichés datés de janvier 2014, montrant l’armement lourd des djihadistes présumés laissent néanmoins présager des motivations plus combatives. “Daech a commencé à attaquer tous ceux qui ne voulaient pas les rejoindre, et nous ont chassés parce que nous n’avons pas prêté allégeance à l’Etat Islamique. Au départ, je les considérais tous comme des groupes rebelles avec un seul et même objectif : faire tomber Bachar, mais ça a changé…”explique-t-il. Rentré en France fin avril 2014, il est interpellé dès le début mai 2014.”Le jour de mon arrestation, je partais signer un contrat d’embauche, je comptais m’installer en France…“, regrette-t-il.

Abdelhakim Ahl Tahar, lui, indique avoir commencé à passer ses journées à la mosquée après que son CDD de plombier n’a pas été suivi d’un CDI. C’est le lendemain de la naissance de sa fille que le Campinois est parti pour la Syrie, début août 2013. Il indique avoir ensuite voulu fuir le camp d’entraînement. “J’étais bloqué là-bas, je ne pouvais pas revenir. On nous interdisait de partir.” Il rejoint finalement la Turquie, puis la France, avec l’aide de son frère. “En regardant après les informations en France, j’ai réalisé que j’avais fait une connerie!” commente-t-il. Les conversations échangées avec son épouse alors qu’il est en Syrie donnent un autre éclairage. “A 7 ans tu lui apprendras la prière, et si à 10 ans, elle refuse, tu la frapperas“, est-il ainsi cité. “Il semblait répéter des paroles qu’il avait entendues. Notre relation s’est dégradée parce qu’il ne parlait que de cela. Il était victime de bourrage de crâne, rien n’y faisait, même pas la naissance de notre fille!“, témoigne son épouse. “Le but, ce n’est pas de faire de l’humanitaire, mais de combattre les mécréants!“, dénonce le grand-frère, très en colère. Abdelhakim Ahl Tahar, c’est aussi un proche de Mickael Dos Santos, un jeune de Champigny dont la mère avait cru reconnaître la présence de sons fils sur une vidéo de Daech avant de se rétracter l’an dernier.

Dans le box des accusés, il y a aussi Fouad, un ancien professeur de collège de Seine-Saint-Denis, et Bily, d’abord boudhiste, soupçonnés, eux, d’avoir aidé à l’organisation de  l’acheminement des armes et à la communication entre les différents protagonistes, grâce notamment à des messages codés. L’ancien professeur se justifie en évoquant les photos d’enfants syriens victimes de la guerre, vus dans les vidéos. Et il y a aussi Sophia, qui a commandé des armes et de l’équipement pour les apporter à son ex-mari Iliès Chahiba. Elle, invoque l’amour pour expliquer ses actes.

Les autres accusés ne sont pas présents, restés en Syrie et dont on ne sait pas, pour certains, s’ils sont vivants ou morts.

C’est le cas de Mustafa Mraoui, la trentaine, considéré comme l’un des gourous. “Il présidait la prière durant le ramadan à la mosquée de Lognes en 2010“, se souvient Hedi Arbouche, qui reconnaît aussi l’avoir aussi croisé en Egypte, au Caire en 2011, par l’intermédiaire d’une connaissance. “A la mosquée de Villiers, il était suppléant de l’imam... Il a l’air de maîtriser ses sujets. Quand il parle, il débite, il saoule, il ne laisse pas partir“, poursuit le Torcéen. A-t-il organisé ces départs vers la Syrie à l’été 2013 ? Silence sur le banc des accusés. Egalement absent, Karim, considéré comme le deuxième gourou. Et aussi Iliès Chahiba, décrit lui aussi comme “un meneur charismatique” par les prévenus. Et encore Mickael  Batista, un Campinois franco-portugais ancien élève en troisième année de Staps à l’université de Créteil. “Il a quitté la maison sans prendre un sac de voyage. Je ne m’étais rendu compte de rien“, se désespère son père. Mickaël Dos Santos, qui serait toujours en Syrie, devrait faire l’objet d’un jugement distinct.

Ce jeudi à partir de 14 heures, débutera la plaidoirie des avocats des accusés. La demande de verdict pourrait être connue vendredi

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