En 2014, une nouvelle carte de l’Education prioritaire a été dessinée pour les collèges et les écoles élémentaires, l’occasion d’un nouveau sigle, les REP (Réseau d’éducation prioritaire). Mais rien n’a été prévu concernant les lycées de ces mêmes quartiers.
Un courrier d’ avril 2016 de la ministre de l’Education Najat-Vallaud Belkacem au député PS Sébastien Pietrasenta précise même que “la refondation de l’éducation prioritaire est axée sur la scolarité obligatoire c’est à dire l’école et le collège.” Les moyens des lycées des ex Zep sont néanmoins maintenus dans le cadre d’une clause de sauvegarde jusqu’à la fin de l’année scolaire 2018-2019. Pour les lycées concernés, le compte n’y est pas. Ils manifestaient hier devant le ministère, dans le cadre du collectif Touche pas à ma Zep, soutenus par la CGT, FO, FSU et SUD, pour réclamer un statut pérenne. Et le Val-de-Marne n’était pas en reste.
«L’égalité pour tous, c’est aider ceux qui en ont le plus besoin», explique un professeur de philosophie du lycée Langevin Wallon à Champigny-sur-Marne, anciennement considéré comme ZEP. «Les professeurs sont face à des classe surchargés (30 à 35 élèves par classe) et peinent à tenir leur élèves concentrés. Du coup,ils ne veulent pas rester. On manque de personnel encadrant, de professeurs comme de surveillants. On fait face à des violences régulièrement. 60% des professeurs de l’année dernière sont partis», insiste l’enseignant. Des changements d’équipe qui empêchent certains projets éducatifs d’aboutir. «Je reste, parce que je veux continuer à aider ces jeunes qui ont besoin de nous. On prend des initiatives intéressantes pour permettre l’ouverture culturelle. Plusieurs partenariats sont en place comme la participation à un concours littéraire, au festival de Cannes, à des projets avec le Théâtre la Colline. Mais pour continuer sur ce chemin on a besoin de moyens.»
«Aujourd’hui on est face à des élèves en difficulté scolaire, sociale et économique», plaide une professeure de Sciences économique et sociales du lycée Jean Macé à Vitry-sur-Seine. «Un élève en échec, c’est un élève susceptible d’être agressif avec ses camarades ou avec ses professeurs. On ne peut pas finir les programmes. On travaille avec des élèves qui auraient besoin d’aide individuelle, et à l’inverse on a des classes surchargées avec trop peu d’encadrement.» Même constat pour ce professeur de Lettres et histoire du lycée professionnel Jules Michelet à Fontenay-sous-Bois. «A 30 élèves dans une classe, on avance pas. C’est comme si on me demandait de tenir et occuper une classe et non leur apprendre des choses. La ministre répond qu’elle nous comprend, mais on voit bien qu’il ne font rien et attendent le prochain quinquennat.»
Les demandes : plafonner les effectifs de classe, multiplier les séances en demi-groupe, rendre plus attractives les primes pour stabiliser le personnels…. «On sort dans la rue pour avoir une réponse et enfin la carte des lycée d’éducation prioritaire qu’on nous a promis», insiste un enseignant, bien décidé à imposer le sujet dans le débat à la veille des élections où l’on ne parle guère du lycée.
Ce jeudi, 80 lycées étaient représentés. Une délégation a été reçue au ministère. “La seule proposition est une vague promesse de refonte de l’éducation prioritaire dans les lycées lors d’un «prochain mandat du gouvernement». Pour l’instant, les seules mesures concrètes restent donc des «clauses de sauvegardes», ce qui confirme la sortie des lycées“, dénonce la CGT Educ’Action.Une nouvelle mobilisation est prévue le 29 novembre.
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