Albert Dupontel, Valérie Lemercier, Roman Polanski, Thomas Langmann… le monde du cinéma a retrouvé les Studios de Bry et c’est une cité radieuse que le conseiller régional LR Pierre-Yves Bournazel, président de la Commission du film Ile-de-France et du Fonds de soutien au cinéma, est venu visiter ce mardi 20 septembre.
En 2014, les studios broyaient du noir. Le site, propriété d’Euro Média Group, avait été revendu avec une clause de non concurrence à un investisseur privé alors qu’Euro Media avait fortement misé sur de nouveaux studios dans la Zac Landy Pleyel de la Plaine Saint Denis, près de la Cité du cinéma de Luc Besson. Après des pétitions et des réunions de crise entre élus locaux, propriétaire du site, ancien exploitant et nouveaux exploitants potentiels, c’est le groupe Transpalux, ex-filiale d’Euro Média, qui avait repris l’exploitation des studios en mars 2015. Une première bouffée d’oxygène. Le grand bol d’air, lui, est venu du changement de contexte économique, avec l’instauration en France d’un crédit d’impôt équivalent aux tax shelters pratiqués dans d’autres pays comme la Belgique. De quoi arrêter l’hémorragie des tournages hors de France. «Nous avions perdu 40% des tournages de films français et avons déjà réussi à en récupérer 20% », estime Pascal Bécu, directeur d’exploitation des Studios de Bry.
Une compétition mondiale
Et pas question de s’arrêter à l’hexagone. «Nous sommes dans un marché mondial, insiste Pierre-Yves Bournazel, conseiller régional LR et président de la Commission du film Ile-de-France, destinée à promouvoir la région comme lieu de tournage et de production. Nous avons un patrimoine exceptionnel à valoriser et avons besoin de conforter des lieux comme les Studios de Bry. Le cinéma est pourvoyeur d’emplois, indispensable à la diversité culturelle et propice au rayonnement international», appuie l’élu, soulignant au passage les “20 millions d’euros” que consacre la région à ce secteur.
Pinewood à Londres, Babelsberg en Allemagne, Barrandov en République tchèque… voilà la concurrence contre laquelle les studios français entendent jouer groupés. «Nous sommes très proches des autres studios et notre objectif est de remplir partout, pose Didier Diaz, président de Transpalux. Avec le crédit d’impôt, notre secteur peut exploser car nous avons énormément d’atouts. Nous disposons de toutes les compétences sur place et nous nous sommes organisés avec les syndicats de techniciens pour rester compétitifs. Récemment, les Américains ont filmé le film Dunkerque dans le Nord, une série canadienne est en cours de réalisation à Nice et des Indiens sont venus tourner sept semaines à Paris», cite le patron de Transpalux, également président de la Ficam (Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia) depuis juillet 2016. Il a même été question d’accueillir Mission Impossible 6 à Paris «mais le projet est en standby…»
Dans cet échiquier mondial, Bry-sur-Marne joue la carte du savoir-faire, de la proximité parisienne et de la place, avec ses huit plateaux et dépendances. «Ici, on a 2000 m2 dédiés à la préparation des décors pour 1000 m2 de studios», indique Pascal Bécu. Certains films qui tournent dans d’autres studios font du reste réaliser leur décor à Bry. Conçu dans les années 1970, les Studios s’offrent aussi le luxe de cette époque, comme les couloirs chauffés entre les studios. «On ne ferait plus cela maintenant», confie Didier Diaz. Un confort plutôt apprécié, qui sera complété le premier novembre par un vrai restaurant interne pour les 100 à 400 personnes qui transitent chaque jour sur le site.
«Aujourd’hui, nous tournons autour de 80% de taux de remplissage», chiffre Pascal Bécu. Parmi les prochains hôtes des lieux, Roman Polanski, dont les décors du futur film, un huis-clos avec Emmanuelle Seigner et Eva Green, inspiré du roman D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan, démarrent leur préparation cette semaine pour accueillir le tournage à partir de la mi-novembre. Le réalisateur, qui a également filmé Carnages à Bry, figurait parmi les premiers artistes à pétitionner pour son maintien. Sur place, on s’active aussi sur les décors de l’opus 2 de Stars 80 de Thomas Langmann et de la nouvelle saison de la série québécoise Le Chalet, qui boucle actuellement ses extérieurs avant de rejoindre les studios bryards. Au printemps prochain, c’est la saison 3 de Versailles qui reviendra dès le mois d’avril. Principalement dédiés au cinéma, Les Studios de Bry accueillent entre 30% et 40% de séries et un peu moins de 10% de tournage de publicités, facile à caser entre deux longs-métrages, indiquent les exploitants. A venir aussi, un tournage d’un nouveau type, faisant intervenir de vrais acteurs recréés ensuite de manière virtuelle par la société XD Production.
Alors que les Studios n’occupent que 65% du site racheté par l’investisseur privé, Rudy Marzouk, reste à commercialiser l’autre partie. “Aujourd’hui, notre principale préoccupation a été de rénover les studios existants et de les mettre aux normes. Concernant les autres bâtiments, nous les mettons régulièrement à disposition des producteurs pour stocker et créer des décors lorsqu’il n’y a plus de places dans les studios et il y a même parfois des tournages“, indique l’intéressé. La ville veut également pousser le développement économique autour du site, en s’appuyant sur la thématique imagerie.
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Avoir viré Spilbauer du Conseil Régional semble très positif pour les studios de Bry, tant mieux, il y a là un outil disponible extraordinaire.
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