Réfugiés | | 09/11/2016
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Nouveau départ pour Mohamed, Jumaahazad et 150 autres réfugiés dans l’ancien tri postal de Créteil

Nouveau départ pour Mohamed, Jumaahazad et 150 autres réfugiés dans l’ancien tri postal de Créteil

Né à Djouma, Mohamed, 26 ans,  a traversé la mer Méditerranée sur une embarcation de fortune pour fuir le Soudan du sud, ce pays ravagé par la violence. Il fait partie des 152 réfugiés accueillis depuis vendredi 4 novembre au centre d’accueil d’urgence improvisé à l’ancien tri postal de Créteil. 

Il y a quelques jours, j’étais encore dans la rue… Ici, on est beaucoup mieux“, témoigne-t-il en Anglais. “Je suis parti il y a un peu plus d’un an et suis remonté par la Libye avant de traverser la Méditerranée pour arriver en Italie. Depuis quelques semaines, je suis en France. Et même si la vie dans la rue est difficile, les Français étaient très gentils. Beaucoup venaient nous apporter de la nourriture, des vêtements chauds“, se rappelle avec émotion le réfugié, qui va faire une demande d’asile politique. “Je veux avant tout apprendre à parler Français. Après, qui sait ? Peut-être que j’aurai la chance d’aller à l’université et de devenir enseignant, mon rêve depuis que je suis enfant“, ambitionne Mohamed. A ses côtés, Jumaahazad, lui aussi originaire de la capitale Djouma. Les deux hommes ne se connaissaient pas mais ont quitté leurs pays en même temps. “Dans nos malheurs, on a trouvé des amis. Et on s’en est déjà fait des nouveaux ici !“, sourit le jeune homme, qui rêve pour sa part de mécanique.

Comme eux, 150 autres hommes ont été accueillis dans l’ancien centre de tri de La Poste de Créteil, quelques heures après le démantèlement du campement du boulevard Stalingrad à Paris le vendredi 4 novembre. Dans l’immense entrepôt encore vide il y a quelques jours, la vie s’organise entre démarches administratives, rencontre avec les associations et visites officielles.

Croisés dans les allées, Mohamed et Jumaahazad rejoignent ensuite d’autres réfugiés dans la cuisine commune du centre. Les résidents peuvent y utiliser des petits fours, des plaques électriques et des éviers pour y préparer leurs repas. Confort rare, les réfugiés occupent des “espaces sommeil” individuels de 7 m², joints toutes les 4 unités par un espace commun comportant lavabo, micro-onde et table-basse. “C’est un compromis idéal entre la réponse à l’urgence de la situation et le respect de la dignité des personnes“, explique Djamel Cheridi, directeur national de l’hébergement et du logement accompagné au sein de l’association Coallia, en charge de la gestion du site. “La Poste nous a autorisé, par convention, à utiliser ce grand entrepôt vide, ce qui a permis l’installation de ces petites chambres. Cette disposition répond à notre volonté d’humaniser au maximum le centre d’accueil d’urgence. On peut arriver à décompresser cette urgence“, détaille Djamel Cheridi.

80% de demandeurs d’asile

En plus d’un endroit où dormir, se laver et manger, les réfugiés bénéficient également d’un accompagnement social, porté par une équipe de quatre assistants sociaux et un chef de service salariés de l’association Coallia. “80% des réfugiés accueillis ont exprimé leur volonté d’entamer une démarche d’asile politique“, précise Thierry Leleu, le préfet du Val-de-Marne, en visite sur le terrain. “Ici, les réfugiés disposent d’un espace clos, chauffé, entretenu et gardé. Très vite, on leur dispensera des cours de Français. Nous n’avons pas eu besoin de réquisitionner le bâtiment. La Poste nous le confie jusqu’en juin 2017, par convention“, joute le préfet. Les réfugiés auront aussi la visite d’une infirmière tous les mercredis pour faire un bilan de santé basique. “Dans le cadre d’un dispositif d’extrême urgence comme dans cette situation, on ne peut pas trouver mieux“, estime Djamel Cheridi.

En attendant le déblocage de leurs situations administratives, les réfugiés s’occupent comme ils peuvent. “L’idéal, c’est que leur séjour dure maximum un mois. En attendant, on va commencer les cours de Français dans quelques jours. On va également engager un animateur qui sera chargé de monter divers ateliers sur le centre : qu’il s’agisse de culture, de sport, de moments de convivialité comme de moments d’accompagnement social“, indique Alexandra Bilahorka, directeur d’unité territoriale pour le Val-de-Marne et l’Essonne au sein de l’association Coallia. “On a même reçu la visite d’Oumou Diasse, une conseillère municipale à la tête d’une association de solidarité internationale sur la ville. Elle va nous mettre en relation avec le tissu associatif local pour voir qui peut apporter quel genre de contribution“, se réjouit Alexandra Bilahorka. “C’est vraiment notre cœur de métier et c’est pour ça que ce centre fonctionne bien” , conclut Djamel Chéridi. Après l’évacuation du campement du boulevard Stalingrad, Coallia a du prendre en charge plus de 350 personnes dans différents endroits d’Île-de-France.

Dans le Val-de-Marne, entre 300 et 400 personnes ont été accueillies à l’occasion de l’évacuation du campement parisien, au gymnase Leclerc de Nogent-sur-Marne, au gymnase du parc interdépartemental de Choisy-le-Roi (basé à Créteil), à l’ancien centre de tri de La Poste de Créteil, et aussi dans des centres d’accueil  ou foyers déjà existants comme à Chevilly-Larue et Fontenay-sous-Bois.

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