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Environnement | Val-de-Marne | 08/12/2016
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Palmarès écologie La Vie, pourquoi le Val-de-Marne est classé dernier

Palmarès écologie La Vie, pourquoi le Val-de-Marne est classé dernier

Décidément, les villes du Val-de-Marne n’arrivent pas à monter les marches du palmarès de l’écologie réalisé depuis dix ans par le journal La Vie. Le département se retrouve pour la troisième année consécutive bon dernier avec une note 6,4 sur 20, encore plus basse qu’en 2015 (6,7). Question de thermomètre ou vrais points noirs? Un peu des deux…

Nous sommes engagés dans une démarche de Plan Climat Energie depuis 2009, pionnier national sur la géothermie profonde, avons été la seule collectivité à proposer deux espaces d’exposition regroupant 250 exposants durant la COP 21, avons lancé une plateforme de rénovation énergétique pour tous, augmenté le bio dans les cantines des collèges, adopté un schéma directeur énergie du patrimoine bâti, adopté une charte bois, ouvert un appel à projets exemplaires en faveur du climat pour l’année 2016/2017 qui a encouragé 16 lauréats, et avons même été labellisés par le ministère comme Territoire à énergie positive pour la croissance verte en juillet 2016… Alors sans demander à figurer parmi les premiers, je trouve ce classement un peu injuste“, réagit Christian Métairie, vice-président EELV du Conseil départemental délégué au développement durable.

Pour faire la part des choses entre les limites du baromètre, qui s’appuie sur un panel de données nationales qui datent parfois de plusieurs années ou ne recouvrent pas les actions de terrain rebelles aux labels, et les réalités qui plombent les villes du département, revue de détail des huit critères d’évaluation : les agendas 21, la transition énergétique, l’agriculture biologique, la protection de la biodiversité,  la consommation durable, la gestion des déchets, la qualité de l’eau et la qualité de l’air, en compagnie d’Aurélien Culart, co-auteur du palmarès.

(voir aussi article sur le Palmarès 2015)

Agenda 21, question de label

Premier critère : le nombre et la progression des collectivités (villes, communes, département) ayant mis en place un agenda 21 (ensemble de mesures et d’objectifs pour améliorer les pratiques). Pour prendre ses informations, La vie s’appuie sur les données du Comité 21. Sauf que celui-ci ne reflète pas finement la situation sur le territoire, ne recensant que les démarches labellisées. Ainsi reste-t-il bloqué à neuf communes du département qui ont pris le soin de s’enregistrer. Bry-sur-Marne, qui a lancé son Agenda 21 en 2015, n’est par exemple pas mentionné. Quant à Arcueil, qui a mis en oeuvre une panoplie d’actions de transition écologique, elle n’est pas non plus dans les radars du Comité 21. “C’est un dispositif un peu daté qui passe par une démarche très administrative. Ce qui compte pour nous est l’efficacité réelle des politiques mises en place. Nous venons d’isoler 400 logements, avons eu la meilleure note de l’Ademe pour notre dossier de rénovation du centre technique municipal, avons lancé la ville comestible, mis en place un réseau de géothermie… Toutes nos pratiques mises en place depuis des années valent largement un Agenda 21 parfois sommaire”, pointe le maire EELV d’Arcueil, Daniel Breuiller. Qu’à cela ne tienne, bloqué dans les indicateurs officiels aux 9 villes répertoriées par le site Comité 21,  le  Val-de-Marne passe cette année de la 24e à la 63e position, bon dernier en Ile-de-France. “Il n’est pas possible de savoir ce qui se passe dans toutes les villes, lorsqu’elles ne sont pas labellisées, reconnaît Aurélien Culart. Mais nous allons faire évoluer ce critère pour constituer une catégorie plus large, enrichie d’autres paramètres.

Transition énergétique, la géothermie n’est pas prise en compte

Le deuxième critère concerne l’engagement dans la transition énergétique, c’est à dire le recours aux énergies renouvelables, la mise en oeuvre de plans climat énergie territoriaux (Pcet), la présence de lauréats territoires à énergie positive, le tout minoré par les rejets de gaz à effet de serre issus de l’industrie, l’agriculture et le logement. Concrètement, sont quantifiées les démarches d’énergies renouvelables en solaire photovoltaïque, éolien, petite hydraulique, biogaz et biomasse. Source des données : un recensement du nombre et de la puissance des installations de production d’électricité renouvelable en France, par ville et par département, datant de décembre 2013.

Sur ce critère, les résultats varient bien-sûr en fonction des situations géographiques. Difficile dans le Val-de-Marne de multiplier les éoliennes, les petites centrales hydrauliques. “Le Val-de-Marne est en revanche sous-équipé en petites installations solaires de moins de 500 watts, contrairement à d’autres départements urbains“, indique Aurélien Culart. En consultant le tableau qui sert de référence, il apparaît en effet que le Val-de-Marne ne compte que 830 installations (contre 10 000 dans certains départements et même 3800 en Seine-et-Marne). La Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine ne sont pas mieux lotis, respectivement équipés de 786 et 511 installations.  Du reste, toute la métropole du Grand Paris est très mal notée sur la transition énergétique. Dans le Val-de-Marne, Limeil-Brévannes arrive en tête de la production solaire avec 54 installations et près d’un demi-mégawatt de puissance au total, suivie de Choisy-le-Roi. Nogent-sur-Marne et Le Kremlin-Bicêtre arrivent en queue de peloton avec moins de 5 installations, mais il convient de rappeler qu’il s’agit de données de 2013. A noter cette année le projet de centrale solaire citoyenne de l’association Cachan Soleil, à suivre.

Les données du ministère datant de 2013, elles ne tiennent pas compte des nouveaux logements chauffés en biomasse, à Limeil notamment. Surtout, le grand point fort du Val-de-Marne, permis grâce à sa situation géologique, est la géothermie, en raison de la présence du Dogger, un gisement d’eau chaude situé à 1,6 km de profondeur. En matière d’installations de géothermie, le département est ainsi pionnier et premier avec plusieurs grands réseaux à Villejuif, Chevilly-Larue, L’Haÿ-les-Roses, Arcueil, Gentilly… Mais il est tellement pionnier qu’il n’y a pas encore de données comparatives au niveau national, le critère n’est donc pas pris en compte dans le panier d’énergies renouvelables. “Il est vrai que nous avons un angle mort sur la géothermie“, reconnaît le coauteur du palmarès.

Bon point en revanche,  Val-de-Marne compte désormais trois territoires à énergie positive : Seine Amont (Choisy-le-Roi, Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine) et Créteil, labellisés l’année dernière, et Chevilly-Larue, qui vient de signer sa convention ce 6 décembre. Le 94 compte aussi 8 plans climats énergie territoriaux (Pcet), comme l’année dernière, selon les données de l‘Observatoire des Pcet de l’Ademe (Agence de l’environnement).

L’autre donnée qui noircit le tableau de la transition énergétique dans le département, c’est le rejet de dioxyde de carbone et l’étiquette carbone des logements. Celle-ci a été évaluée à partir de l’enquête Phebus de 2012. Depuis, un certain nombre de programmes de rénovation énergétique ont été mis en place, tant à l’initiative du département (plate-forme pour la rénovation énergétique, plan pour diviser par 7 la consommation de CO2 des bâtiments)  que des communes et des particuliers,  dont les résultats restent à quantifier et rendre compte dans une base de données nationale.

Agriculture biologique : on est les champions !

Troisième critère, la présence d’agriculture biologique -dans ce département qui est loin d’être rural- est paradoxalement celui qui plombe le moins, avec une note de 9/20. S’il n’y a que huit producteurs bio recensés dans le département, selon les données de l’Agence Bio – Agreste, qui servent ici de référence, ils représentent , avec leurs petits 58 hectares, 22% de  la surface agricole utile du département. “Un quasi record!”, indique Aurélien Culart. Un record en Ile-de-France en tout cas, qui s’explique en partie par la présence de plusieurs sites à vocation en partie pédagogique ou associative,  comme c’est le cas sur la Plaine des Bordes avec l’asinerie (élevage d’ânes avec production de lait d’ânesse), les jardins cultivés par l’association Relocalisons, le jardin d’insertion développé avec Val Bio… Ce qui est notable dans ces chiffres modestes est aussi qu’ils sont en progression. A noter par exemple, depuis septembre 2015, la nouvelle exploitation de poules bio lancée par une ancienne laborantine de Sanofi à Mandres-les-Roses.  A lire aussi : Oui il y a encore de l’agriculture en Val-de-Marne.

agriculture bio IDF

Source Agence Bio, Agreste

Protection de la biodiversité : moins d’espèces d’oiseaux et plus d’artificialisation des sols

Le quatrième critère, la protection de la biodiversité, fait replonger le Val-de-Marne. Elaboré avec le concours du Museum d’histoire naturel (MNHN) et aussi des données du ministère de l’Agriculture, ce critère note à la fois la superficie des espaces protégés et la progression des surfaces artificialisées (les sols en terre que l’on bétonne). D’autres critères sont aussi pointés comme la diversité des oiseaux et encore le taux de participation aux observatoires naturalistes et grand public mis en place par le Muséum national d’histoire naturelle. Sur ce terrain, le département est dans les tréfonds du classement pour plusieurs raisons. D’abord, seulement 0,01% de la superficie du département est classée en espace protégé, en raison de la densité urbaine du département. Ce ratio devrait progresser lorsque sera pris en compte le classement en forêt de protection de l’Arc boisé, ce gros poumon vert de plusieurs milliers d’hectares qui chemine sur plusieurs départements en passant par le plateau briard. Autre donnée qui fâche : une augmentation de près de 3% de l’artificialisation des sols entre 2006 et 2012 (source Eider, base de données du ministère de l’Environnement). Par rapport à d’autres départements, le journal a également recensé une moindre participation aux ateliers pédagogiques sur la nature référencés par le Muséum national d’histoire naturelle. Certes, on peut trouver un ou plusieurs ateliers nature chaque weekend dans le département, organisés soit par des associations locales, des communes ou encore les parcs départementaux, de la pratique du lombri-compostage à la découverte des oiseaux de nuit en forêt Notre-Dame, mais ils ne sont pas recensés par le MHMN. Enfin et surtout, il a été constaté une baisse de 14% du nombre d’espèces d’oiseaux en Ile-de-France entre 2003 et 2013 (source Eider).

A lire  aussi : 40 millions d’abeilles dans le Val-de-Marne; de la biodiversité des friches qui longent l’aéroport; la moitié des villes du Val-de-Marne carencées en parcs et jardins publics.

Consommation durable : le nombre d’Amap reste stable

Cinquième critère, la consommation durable a été évaluée en fonction du nombre d’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), de ventes directes de producteurs et de commerces engagés dans une démarche bio ou équitable, le tout rapporté au nombre d’habitants du département. Des données récoltées à partir de trois sources d’information : Mouvement Colibris, lemarchecitoyen.net et la Ruche qui dit oui. “Il y a pas mal d’Amap et de magasins bio mais cela reste peu au regard de la population“, constate Aurélien Culart. Par rapport à l’année précédente, le nombre d’Amap reste assez stable, autour de la trentaine. Sur le terrain toutefois, il est à noter que les Amap qui fonctionnent bien se diversifient, ne se contentant plus des légumes mais proposant aussi de la farine, des oeufs, de la viande, du miel, du vin… A Champigny-sur-Marne, l’Amap Les paniers des Bordes a même donné lieu à une épicerie coopérative, Coopali, et d’autres ont des projets similaires. Bon point pour le département, il peut revendiquer trois territoires labellisés commerce équitable (Alfortville, Chevilly-Larue et le Conseil départemental). Au final, le Val-de-Marne passe sur ce critère de la 46e à la 57e position d’une année sur l’autre.

Collecte et valorisation des déchets

Le sixième critère concerne la collecte et valorisation des déchets, comprenant l’évolution des ratios d’ordures ménagères et de déchets recyclables collectés par habitant, les sites pollués faisant l’objet d’une action publique et le nombre de sites produisant ou entreposant une quantité importante de déchets radioactifs. Sur ce point, le Val-de-Marne n’est pas en reste, qu’il s’agisse de site d’entreposage actuel ou anciens comme les anciens laboratoires de Marie Curie. Un passé industriel qui se rappelle régulièrement à la mémoire à l’occasion des nouveaux projets de construction comme ces dernières années le collège Ivry Confluences ou le futur collège de Vitry-sur-Seine. Cela n’empêche pas les initiatives pour récupérer et recycler, des sites Emmaüs existants aux nouvelles ressourceries, combinés aux actions en milieu scolaire. (voir article sur les collèges et lycées ayant obtenu un label écolo) Position attribuée au département : 69e sur 95.

Qualité de l’eau et qualité de l’air

Les deux derniers critères du palmarès concernent la qualité de l’eau et la qualité de l’air. Concernant l’air, il n’est pas la peine de faire un dessin de la situation, au vu de l’épisode d’intense pollution aux particules fines que traverse la métropole ces jours-ci. Rejet d’oxydes de soufre et d’oxydes d’azote, particules fines et encore pollution à l’ozone sont le lot quotidien de la capitale. Concernant la note du département, classée 77e, elle bénéficie de la présence de deux collectivités lauréates de l’appel à projets Villes respirables en cinq ans, à savoir la Communauté d’agglomération de la Vallée de la Marne (désormais dissolue dans le territoire T11, Grand Paris Sud Est Avenir) et la ville de Saint-Maur-des-Fossés. Cet appel à projets de 2015 permet aux  lauréats de bénéficier d’un soutien financier et technique de l’Etat et de l’Ademe (Agence de l’environnement).

Concernant l’eau, irien à redire sur l’eau potable, contrairement à certaines régions agricoles. L’eau des rivières et du fleuve continue en revanche à concentrer des phosphates et des pesticides et le peuplement piscicole s’en ressent. “La biodiversité des poissons de rivière est très pauvre“, relève Aurélien Culart. Un mauvais point également : aucun lieu de baignade naturelle recensé dans le département. Voilà qui pourrait changer radicalement si les eaux de la Marne et de la Seine devenaient baignables… Au final, le Val-de-Marne se retrouve 89e sur ce plan, moins pire que Paris (95e) mais moins bien que les voisins de Seine-Saint-Denis (26e) et Hauts-de-Seine (22e).

Voir le palmarès de toute la France sur le site de La Vie.

A lire aussi, article sur le Palmarès 2015 :

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