Service public | Val-de-Marne | 03/11/2016
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Pourquoi les bureaux de Poste ferment en Val-de-Marne

Pourquoi les bureaux de Poste ferment en Val-de-Marne

Des recommandations de la Cour des comptes au contrat de présence postale 2017-2019 – actuellement en négociation avec l’Association des maires de France, petit éclairage sur la réorganisation en cours des bureaux de Poste en Val-de-Marne.

Fermeture programmée de la seule Poste de Noiseau, craintes de fermeture à Cachan La Plaine et dans la rue de Paris à Boissy-Saint-Léger, fermeture du bureau du quartier Stalingrad à Champigny-sur-Marne, modification des horaires… L’accumulation des projets de fermeture ou de réduction d’activité dans les bureaux de Poste du Val-de-Marne commencent à mobiliser habitants et élus, alors que le département compte à ce jour une centaine de bureaux. Ces dernières semaines plusieurs manifestations se sont tenues, à Boissy-Saint-Léger et Champigny, des pétitions ont été lancées (à Noiseau, Boissy, et maintenant au niveau départemental, à l’initiative du groupe PS du Conseil départemental), des voeux déposés en Conseil municipal (Cachan et bientôt Boissy)… La mobilisation s’organise. le 24 octobre, la sénatrice PCF Laurence Cohen, a écrit au directeur territorial de la Poste Val-de-Marne, Lionel Folch, pour solliciter un entretien. Le 27 octobre également, le sénateur LR Christian Cambon a même déposé une question au ministre de l’économie sur la menace de fermeture de bureaux de poste dans le Val-de-Marne, rappelant qu’à Boissy, “la commune a déjà connu la suppression d’une antenne de sécurité sociale, d’une permanence de la caisse d’allocations familiales, d’un bureau SNCF, du tribunal d’instance, de Pôle emploi, ainsi que la réduction des services assurés par la RATP sur la station RER“, et lui demandant “quelles mesures il souhaite prendre pour lutter contre la désertification des services publics de proximité.

Un nouveau contrat triennal en préparation

En parallèle de cette fronde départementale, une autre partie se joue actuellement au niveau national, entre l’Association des maires de France (AMF) et le groupe La Poste, à propos du Contrat de présence postale territoriale 2017-2019. Une première mouture, présentée au bureau de l’AMF le 13 octobre, s’est faîte retoquer. L’association réclamait notamment la revalorisation de l’enveloppe annuelle du fonds de péréquation “dont le montant prévisionnel de 170 millions est inchangé depuis 2011”, indique l’association de élus. Un autre point de blocage concerne les modalités de transformation d’un bureau de poste en simples partenariats, sans passer par le vote du Conseil municipal. Une nouvelle mouture doit être à nouveau discutée en novembre. Une fois actée, c’est cette feuille de route qui conduira à la poursuite de la réorganisation du réseau postal.

La Cour des comptes pointe une baisse d’activité et réclame un ajustement du réseau

Ce contrat triennal a été concocté en tenant compte des recommandations de la Cour des comptes. En février 2016, celle-ci a publié un référé à l’attention des ministres des Finances et de l’Economie de l’époque, Michel Sapin et Emmanuel Macron, invitant à accélérer la réorganisation du réseau, notamment en zone urbaine. “Entre 2009 et 2014, une baisse globale de 25 % du temps d’activité des guichets a été constatée, liée en particulier à la diminution du volume du courrier. Cette baisse a été de 16 % pour les opérations réalisées pour le compte du colis, de 21 % pour celles liées au courrier et de 40 % pour les activités diverses du réseau. Les opérations bancaires réalisées au guichet ont baissé de 31 %. Seule l’activité au profit de La Poste mobile, filiale créée en 2011, est en croissance, mais son poids reste marginal“, soulignait la Cour des comptes, indiquant que cette tendance devrait s’amplifier dans les années qui viennent.
“En effet, la plupart des activités autrefois concentrées dans les bureaux de poste peuvent dès aujourd’hui emprunter d’autres canaux de distribution : de nombreux services – opérations bancaires, achat et impression de timbres, ou encore envoi de lettres recommandées – sont accessibles sur l’internet ; l’expédition d’un colis peut désormais être préparée en ligne et effectuée depuis sa boîte aux lettres ; sa distribution peut passer par un point-relais ou par une consigne automatique ; le terminal qui équipe les facteurs leur permet enfin d’effectuer certaines des opérations des guichets. Même si les clients utilisent encore peu ces possibilités, cette évolution paraît irréversible”, insistait la CC.

La Cour des comptes poursuivait en chiffrant le coût en ressources humaines du réseau. “Les agents employés dans le réseau représentent, après les facteurs, le deuxième groupe professionnel au sein de La Poste, avec 57 383 agents en 2014, soit un quart des effectifs du groupe, dont plus de 85 % opèrent dans les bureaux de poste. Les charges de personnel sont, de loin, le premier poste de dépenses du réseau , avec 73 % du total en 2014. Elles ont baissé de 6 % entre 2009 et 2014, principalement sous l’effet d’une réduction des effectifs, d’une évolution de la répartition entre les fonctionnaires et les salariés et de mesures d’âge ayant fait sortir des agents du service actif. Il reste que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) a contribué pour environ un tiers à cette réduction des charges. Le ralentissement, en 2013 et 2014, de la baisse des effectifs constitue un facteur de risque, d’autant que plusieurs mesures propres à accroître les dépenses de personnel pourraient menacer à terme les efforts accomplis”, indiquait ainsi la CC, concluant à une organisation territoriale inadaptée, considérant la restructuration du réseau trop lente, “surtout en zone urbaine“.

La proche couronne parisienne particulièrement ciblée

Et la CC de pointer que “dans les 14 plus grandes agglomérations métropolitaines (hors Île-de-France), la majorité de la population réside à moins de 1,5 kilomètre d’un point de contact. La densité est encore supérieure à Paris et sa « Petite couronne », où l’on constate une distance moyenne inférieure à un kilomètreLa forte densité du réseau en zone urbaine se traduit par des écarts significatifs de volume d’activité entre bureaux de poste. Comme les bureaux annexes situés à proximité du bureau principal n’offrent pas la même gamme de produits et services ni la même amplitude horaire d’ouverture, cette organisation engendre des surcoûts sans toujours garantir la qualité du service. En 2014, on dénombrait ainsi dans les zones urbaines 965 bureaux de poste ayant une faible activité (inférieure à trois heures quotidiennes), dont 173 n’avaient d’activité que pendant moins d’une heure. Du fait de la baisse continue de l’activité des guichets, le nombre des bureaux concernés s’accroît de 11,3 % en moyenne chaque année depuis 2010. Le phénomène s’est accéléré en 2014 avec une augmentation de plus de 26 % par rapport à 2013. (…) En 2014, 10,4 % seulement des points de contacts du réseau urbain (soit 712) s’appuient sur des partenariats. 21 nouveaux partenariats ont été conclus en 2014 et 40 en 2015 (à la fin de septembre), ce qui reste modeste. Il est impératif d’accélérer le processus d’externalisation des bureaux de poste pour les transformer en points de contact en partenariat, afin d’éviter à La Poste de supporter des coûts opérationnels devenus inutiles en raison de la baisse durable et continue de l’activité des guichets.”

Télécharger le référé de la Cour des comptes

Les ministres s’engagent à accélérer la réorganisation

A ce référé de la Cour des comptes, les deux ministres ont répondu par le contrat de présence postale territoriale 2017-2019, qui doit être signé par l’Etat, l’AMF et la Poste. “Il sera l’occasion de préciser et de faire évoluer, d’une part, les règles de concertation entre La Poste et les maires en vue de l’évolution de la présence postale, y compris en zone urbaine et d’autre part, les règles d’évolution des horaires d’ouverture des bureaux de poste”, indiquaient les ministres, faisant ensuite valoir le travail déjà accompli. “En zone urbaine, La Poste a d’ores et déjà engagé un programme de réduction des coûts et de développement de solutions alternatives aux bureaux de poste traditionnels pour adapter son organisation aux nouveaux modes de vie et de consommation. Ainsi en est-il du projet de spécialisation progressive de certains bureaux de poste urbains dans les activités des branches à dominante « Banque Postale » ou « Services Courrier-Colis » ou encore l’allégement des services de « back office », afin de réduire les coûts de ces bureaux tout en restant au plus près des besoins de la population. La Poste prévoit en outre de développer de manière accélérée les solutions innovantes pour répondre aux modes de vie des citadins comme les relais-poste urbains, qui apportent notamment une plus large couverture horaire, et les consignes Pickup pour les retraits de colis“, poursuivaient les ministres. Et de chiffrer les objectifs. “La Poste a créé 56 relais-poste urbains en 2015 et 250 supplémentaires devraient être créés en 2016. Ces évolutions sont conduites au niveau de chaque agglomération, en concertation avec les municipalités concernées. Par ailleurs, le développement de consignes automatiques de récupération des colis dans des lieux de passage (bornes « Pickup Station ») a commencé, avec un objectif d’ouverture de 1 000 consignes d’ici à la fin de cette année, dont 250 sont prévues en bureaux de poste.

Télécharger la réponse des ministres

Une réponse qui n’est pas du goût des syndicats. Sud PTT dénonce un Post-Xit tandis que la CGT appelle à dénoncer le contrat triennal.

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