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Société | | 28/04/2016
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Premier tour de chauffe à la cité des Larris pour la Nuit debout de Fontenay-sous-Bois

Premier tour de chauffe à la cité des Larris pour la Nuit debout de Fontenay-sous-Bois

A trois jours du premier mai, le froid restait tenace ce mercredi  soir, pour la deuxième Nuit debout de Fontenay-sous-Bois. Comme à Créteil la semaine dernière, c’est au coeur d’une cité que les organisateurs avaient décidé de s’installer. Dès 18h30, le groupe de travail cuisine avait investi la place des Larris pour faire chauffer une soupe collective.

A 19h30, une cinquantaine de personnes étaient au rendez-vous : essentiellement des élus municipaux, militants politiques, associatifs ou citoyens engagés dans une cause. Relayé localement par le Front de gauche fontenaysien, le mouvement, inspiré de la Nuit debout parisienne, cherche à s’inscrire dans la durée et à agréger en dehors de son cercle habituel de sympathisants. “Nous avons posé les bases au départ, pour que cela existe, aux participants ensuite de poursuivre et développer le mouvement“, indique Daniel Terra-Jorge, militant fontenaysien.

Le premier objectif, fédérateur, de ce rassemblement, est la lutte contre le projet de loi travail. Parmi les trois groupes thématiques mis sur pied il y a deux semaines, l’un est du reste consacré à la construction d’une réécriture alternative de cette loi et du code du travail en général. Une démarche également opérée au niveau national par divers collectifs et associations. “C’est important que les gens réfléchissent par eux-même à cette question,  à leur rapport au travail, leur rapport aux patrons, s’approprient le débat,  comme cela s’est passé en 2005 lors du référendum sur la constitution européenne“, insiste Sylviane Gauthier, en charge de ce groupe de travail. Le troisième groupe thématique, dédié à la communication, a confectionné une large banderole au slogan définitif : “Non à la loi travail”.

banderole Nuit debout Fontenay loi travail

Venue de Champigny-sur-Marne, Caroline, qui a créé un groupe local du MFRB (Mouvement français pour le revenu de base), voudrait aussi réfléchir au-delà de la loi travail, “sur comment nous articulons notre vie par rapport au travail”, indique-t-elle. “Mais il faut commencer par parler, c’est à ce cela que servent les Nuits debout. Je suis venue à Fontenay car j’ai pu venir ce soir, ce n’est pas forcément facile tous les jours“, explique la Campinoise. Dans la série des Debout, elle a aussi lancé une page Facebook “Voisins debout” à quelques semaines de la fête des Voisins, prévue le vendredi 27 mai.

Parmi les revendications glissées au micro, la question des fermetures de classes, grosse préoccupation du moment dans les écoles du département, n’est pas oubliée. Catherine, grand mère d’enfants scolarisés à Romain Rolland, est venue relayer la cause, rappelant le goûter de protestation organisé un peu plus tôt dans l’après-midi au parc des Epivans et la reprise de l’occupation des écoles Romain Rolland et Jean Zay dès la rentrée, avec envoi d’une délégation à l’Inspection académique le mardi 3 mai à 17h45.

Bien qu’installés au coeur des Larris, les Nuit debout ont du mal à faire descendre les gens sur la petite placette près de la galerie marchande. Des habitants de la cité, il y en a dans le rassemblement, mais ce-sont déjà des personnes engagées, à l’instar d’Abdelwahid par exemple, qui organise des activités avec les jeunes. En dehors des associatifs ou sympathisants d’engagements divers, beaucoup d’habitants ne sont pas au courant de ce happening. En attente de camrades dans un passage,  à quelques dizaines de mètres du groupe, un jeune garçon d’environ dix-huit ans a bien vu que quelque chose se passait, mais cela ne l’intéresse pas vraiment. “J’ai vu que c’était des adultes“, confie-t-il, pour expliquer qu’il n’a pas eu envie d’aller voir de plus près. “La Nuit quoi ? Non je ne sais pas ce qu’est c’est.” Alors que deux autres jeunes arrivent vers lui d’un pas pressé, l’un d’eux semble plus au courant. “Ah oui, la Nuit debout, j’ai vu des vidéos sur Paris“, commente-t-il avant de replonger dans son téléphone. “Ils vont dormir ici ?” reprend le premier, soudain intéressé.

Nuit Debout Fontenay Larris

Un peu plus loin, un trentenaire s’apprête lui à rejoindre le rassemblement. Habitant de la cité, il a reçu un mail pour venir et comme c’est en bas de chez-lui et qu’il a fini sa journée, il vient faire un tour. “Je trouve que c’est une super idée d’organiser ces rassemblements pour que chacun puisse s’exprimer. On ne donne jamais assez la parole aux gens. C’est bien de vouloir changer les choses, mais à condition de le faire pacifiquement, intelligemment. C’est cela que je vais leur dire. La loi travail ? Non, ça ne me va pas, mais ce n’est pas le seul problème. Le premier point, c’est déjà d’avoir un travail, et que celui-ci paye suffisamment pour vivre”, explique-t-il. “Moi par exemple, je suis plombier auto-entrepreneur. Entre le plafond autorisé et les frais de matériel, c’est difficile de faire un salaire. Evidemment qu’il y a pas mal de boulot au noir dans ce métier!”  Fontenaysiennes, Nabila et Cécilia sont venues avant tout pour s’opposer à cette loi, et aussi “pour que les gens s’intéressent à ce qui se passe”.

Didier Levy Nuit Debout Fontenay

Du côté des élus, on espère que le mouvement va prendre. Tout le monde a “Podemos” dans la tête. “Il s’agit d’éveiller de nouvelles formes d’actions politiques, d’irriguer les classes populaires, dans la continuité de ce que nous essayons de faire en ville”, insiste Jean-Philippe Gautrais, adjoint FG à l’urbanisme et futur maire de la ville. “Il s’agit aussi de réinvestir l’espace public, malgré l’Etat d’urgence!“, ajoute l’élu. Pour Loïc Damiani-Aboulkheir, adjoint PCF au numérique et au patrimoine historique, ce type de manifestation “permet de bousculer le parti et de se poser les bonnes questions, en prise avec la réalité, au lieu de passer du temps à s’interroger sur la participation ou non aux primaires.”  Pour Régis Pio, conseiller municipal EELV délégué à l’agenda 21, la Nuit debout “permet de la libérer la parole” et pourrait conduire à des mouvements comme Podemos ou Syriza. Même voeu pour pour Didier Lévy (photo au-dessus), conseiller municipal Gauche anticapitaliste délégué aux services municipaux,  qui espère un”frémissement“, ou pour Liliane Pierre, ancienne élue départementale PCF, qui voit là une manière de “se réapproprier la politique”. Devant sa marmite de soupe aux poireaux, Alain Régner est content de ce collectif, ici et maintenant.”Cela me rappelle mai 68!

Alain Soupe Nuit Debout Fontenay

 

 

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