Voilà ce qui s’appelle un changement professionnel radical. Technicienne de laboratoire chez Sanofi Vitry-sur-Seine durant plus de vingt ans, Sophie Besnard, aujourd’hui la cinquantaine, a décidé un jour de se mettre au vert, toujours dans le Val-de-Marne. Depuis septembre 2015, elle élève des poules dans une ferme de Mandres-les-Roses, sur des terres qu’elle loue à l’Agence régionale des espaces verts.
Qu’est-ce qui a donc motivé Sophie à enfiler une paire de bottes pour devenir avicultrice ? “C’est un choix de vie. A 50 ans, on n’attend plus forcément les mêmes choses de notre carrière. Je voulais me mettre au vert et partager des connaissances et des compétences avec tous les gens liés de près ou de loin à l’agriculture” , expose-t-elle. Pendant quatre ans, parallèlement à sa carrière chez Sanofi, Sophie sacrifie weekends et vacances pour suivre des formations dispensées par la Chambre d’agriculture, rencontrer des agriculteurs franciliens, fréquenter les cercles des AMAP. “Il y a vraiment de quoi faire en Île-de-France, et beaucoup de bonnes volontés. Le gros problème, c’est le foncier” , pointe-t-elle. Sur ce point, l’avicultrice a été épaulée par l’Agence des espaces verts (AEV), qui dépend du Conseil régional d’Île-de-France. “L’AEV s’est portée acquéreuse du terrain et le jury a accepté mon dossier, faisant de moi le locataire des lieux” , se réjouit Sophie Besnard qui bénéficie d’un bail rural de 9 ans renouvelable tacitement.
Première région agricole du pays avec 47% de sa surface consacrée à cette activité, l’Île-de-France perd aussi chaque année quelques 1 500 hectares de terres agricoles en raison de l’étalement urbain et de la pression foncière. “En 15 ans, la surface agricole francilienne a diminué de 14 000 hectares, ce qui correspond à la disparition de 1500 fermes et une baisse de 26% du nombre d’agriculteurs” , pointe l’Agence des espaces verts de la région (AEV) qui tente de ralentir le mouvement depuis 25 ans en allant jusqu’à racheter des terrains pour les louer. Aujourd’hui, 120 exploitations d’agriculture biologique ou raisonnée ont un bail rural avec l’agence, dont la ferme de Sophie Besnard.
“A la base, les 5 hectares de parcelle étaient totalement en friche” , se souvient l’avicultrice. Environ six mois seront nécessaires, avec l’aide d’amis et de proches, pour aménager la moitié de ces 5 hectares qui appartenaient jadis à la ville de Saint-Maur-des-Fossés. La commune y faisait pousser les arbres et buissons qu’elle replantait chez elle. Très rapidement trois poulaillers sortent de terre. De la coupe du bois à l’assemblage, en passant par le creusement des sillons pour faire arriver l’eau de ville et l’électricité dans les poulaillers, Sophie et ses amis s’occupent de tout. Résultat final : une cabane en bois de 35m² , pesant plus de 2 tonnes et pouvant accueillir 450 poules. Toutes les 19 semaines, les poulaillers seront vidés de leurs habitants, soulevés, nettoyés à l’eau à haute pression, avant d’être déplacés de quelques mètres après séchage.
Diviser son salaire par 3 pour vivre sa passion
Petit à petit, Sophie Besnard investit donc sa parcelle. “J’ai calculé qu’il me fallait dix poulaillers pour que je puisse dégager un SMIC” , précise-t-elle, prête à “tout donner pendant quinze ans” pour vivre sa passion. “C’est énormément de travail, mais c’est d’une richesse incroyable” , insiste-t-elle. Les amis heureusement, viennent régulièrement donner un coup de main. Ce petit matin frais de février, Marc et Claire, sont venus l’aider à construire le quatrième poulailler. “Sophie a une énergie incroyable et c’est communicatif. Et puis, qu’est-ce qu’on est bien ici !” lance Marc, venu spécialement d’Argenteuil avec sa perceuse. Un abri de plus pour les 450 poussins qui rejoignent toutes les trois semaines chaque poulailler de la Ferme Bio, où se promènent également moutons et lapins. Au loin, on aperçoit les grues du chantier du bois d’Auteuil, nouveau quartier de Villecresnes. Poulaillers au premier plan, grues au second, voilà qui symbolise bien cette frontière péri-urbaine du Grand Paris.
Amap, comités d’entreprises, et bientôt un espace de vente directe
Pour écouler ses poulets, certifiés 100% Bio, Sophie travaille déjà avec quelques Amap à Mandres-les-Roses, Périgny-sur-Yerres, Ivry-sur-Seine, Gentilly ou encore Montrouge, et espère décrocher un partenariat avec le Comité d’entreprise (CE) de Sanofi, histoire de faire le lien avec son ancienne activité ! Un espace de vente directe à la ferme devrait également sortir de terre d’ici à la fin de l’année 2016.
Ensuite, l’avicultrice a déjà de nouveaux projets, comme celui de transformer l’atelier qui sert actuellement de menuiserie en abattoir “pour être le plus indépendante possible.” La moitié de la parcelle, encore en friche, pourrait accueillir, à terme, des plantations d’arbres fruitiers, des ruches, des nichoirs…
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il faut esperer que Sophie besnard qui veut installer un abattoir pour ses poulets saura respecter leurs fins de vie sans soufrance c est tout ce que je souhaites pour ces poulets
Bonsoir Paul,
Vous êtes végétarien?
tout plaquer pour vivre du massacre de gallinacés!
on a connu mieux en matière de conversion éthique …
Bonsoir Paul,
Sans doute êtes-vous végétarien voir végétalien ou même vegan et si tel est le cas je respecte totalement votre choix. Tolérance et respect s’il vous plait pour ceux qui ne partagent pas votre mode de vie. Merci.
Janick
bonsoir Janick,
Je ne vois pas en quoi parler de massacre ferait de moi un intolérant ou un irrespectueux. Il s’agit ici de la mise à mort planifiée d’êtres sensibles pour notre simple plaisir gustatif. Qu’il soit bio, paysan ou non l’élevage vit de ce massacre. Et il me semble tout à fait justifié d’en questionner le vernis éthique …
Visiblement, l’évolution n’a pas retenu votre point de vue “éthique” en faisant des humains des herbivores.
Peut-être conviendrait-il pour vous d’inviter vos amis poulets à s’organiser afin de remplacer l’homme au sommet de la chaîne alimentaire. Ils pourraient ainsi nous élever en batterie à leur place pour leur plaisir gustatif.
Je suis bien entendu contre les souffrances exagérées ou inutiles des animaux lorsqu’elles ne sont pas nécessitées par le but purement alimentaire de leur existence (ces poulets n’existeraient même pas si personne ne les mangeait).
Un avis partagé par les requins de la Réunion. La preuve que les poules n’ont besoin d’aucune protection de notre part puisqu’elles peuvent nous remplacer dès qu’elles le souhaitent.
Je ne m’attarde pas, l’anchois à un steak à faire cuire.
http://www.liberation.fr/sciences/2013/12/04/chaine-alimentaire-l-homme-un-anchois-comme-les-autres_964185
J’ai 54 ans ingénieur, et j’aimerais ben faire de même, me lancer dans le même genre de passion, car c’est une passion, et je comprends que pour en vivre il faut être aider pour avoir du foncier, les branchements en fluides et eau , les évacuations, je suis partant sur un projet avec des personnes passionnés comme moi par les animaux, la nature, la culture, je suis petit fils de paysans, et sans doute envie de retourner aux sources de mon enfance sans grand chose, mais si heureux de vivre ,
Alors si vous avez des adresses pour moi pour mon projet et bien je suis preneur!
merci!!!!
Pascal
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